Annexe
Annexe 78
Les Paraboles

Les Paraboles

Pour plus d’informations

Vous pouvez consulter le chapitre : Les Evangiles

Introduction

JĂ©sus, le Messie, employait souvent des paraboles pour s’adresser Ă  ses auditeurs, un style de communication qui nous semble assez inhabituel aujourd’hui.

Avec ce type de langage, cherchait-il clairement Ă  se faire comprendre par son auditoire ? L’emploi d’une expression imagĂ©e pourrait-il affecter la comprĂ©hension ?

Nous pourrions mĂȘme avoir l’impression que la parabole constitue une forme de langage codĂ©, dont la comprĂ©hension est rĂ©servĂ©e exclusivement aux initiĂ©s.

Dans cette Ă©tude, nous chercherons Ă  comprendre pourquoi le Messie JĂ©sus a choisi de communiquer par des paraboles mais aussi Ă  quel moment il a commencĂ© Ă  utiliser cette forme d’expression.

La question des disciples

Dans l’Evangile de Matthieu la premiĂšre parabole citĂ©e est celle du semeur (Matthieu 13.1-23). Le chapitre 12 nous montre un changement dans l’attitude des opposants constituĂ© essentiellement des pharisiens et des docteurs de la loi mais aussi une partie de la foule manipulĂ©e par ces religieux.

C’est Ă  ce moment-lĂ  que le Messie JĂ©sus commence Ă  utiliser la parabole pour exposer son message. Les disciples demandent au MaĂźtre les raisons qui le pousse Ă  utiliser ce type de langage (Matthieu 13.10).

Mais c’est la rĂ©ponse du Messie JĂ©sus qui va nous intĂ©resser particuliĂšrement (Matthieu 13.10-16). Nous reviendrons un peu plus loin sur cette rĂ©ponse Ă©tonnante.

A quel moment le Messie Jésus a-t-il employé la parabole ?

Selon nos dĂ©ductions, nous observons les premiĂšres paraboles avec Matthieu aprĂšs plus d’une annĂ©e de ministĂšre du Messie JĂ©sus.

Le MaĂźtre a commencĂ© par s’exprimer directement. Nous ne trouvons pas de trace dans nos Evangiles de paraboles au dĂ©but de son ministĂšre. Il y a donc eu un changement lorsqu’il se trouve Ă  CapernaĂŒm en GalilĂ©e.

Des gens affluent de toutes les rĂ©gions d’IsraĂ«l. Avec ce succĂšs arrive aussi une opposition. C’est la classe gouvernante qui organise cette rĂ©action.

Les dirigeants religieux sont dans une contestation flagrante et leur seul but est de mettre en défaut le Messie Jésus devant le peuple afin de briser sa notoriété grandissante.

Nous dĂ©couvrons dĂšs lors, un lien entre ce conflit ouvert avec ces responsables politiques et le changement de la forme d’expression du Messie JĂ©sus.

Le chapitre 12 de Matthieu marque donc un grand changement dans le comportement du Messie Jésus.

L’accomplissement d’une prophĂ©tie

Le livre des Psaumes mentionne les paraboles, ce qui dĂ©montre que cette forme d’expression existait et Ă©tait dĂ©jĂ  reconnue.

Psaumes 78.1–2 (S21)

1 Cantique d’Asaph. Mon peuple, Ă©coute mes instructions ! PrĂȘte l’oreille aux paroles de ma bouche !

2 J’ouvre la bouche pour parler en paraboles, j’annonce la sagesse du passĂ©.

(Traduction Louis Segond S21)

Matthieu cite cette prophétie.

Matthieu 13.34–35 (S21)

34 Jésus dit toutes ces choses en paraboles à la foule, et il ne lui parlait pas sans parabole

35 afin que s’accomplisse ce que le prophĂšte avait annoncĂ© : J’ouvrirai ma bouche pour parler en paraboles, je proclamerai des choses cachĂ©es depuis la crĂ©ation [du monde].

(Traduction Louis Segond S21)

Matthieu, en s’adressant Ă  ses compatriotes juifs, fait souvent rĂ©fĂ©rence aux prophĂ©ties concernant les actions de JĂ©sus. Il mentionne ici Asaph, un LĂ©vite fils de BĂ©rĂ©kia, qui Ă©tait l’un des chefs des chantres dĂ©signĂ©s par David pour diriger la musique dans le Temple de JĂ©rusalem. Asaph est reconnu pour ĂȘtre l’auteur de plusieurs Psaumes, notamment les Psaumes 50 ainsi que les Psaumes 73 Ă  83.

Il apparaĂźt donc que cette forme d’expression existait dĂ©jĂ  Ă  l’Ă©poque du roi David, qui a vĂ©cu environ 1000 ans avant JĂ©sus-Christ. Par consĂ©quent, le Messie JĂ©sus n’a pas instaurĂ© un nouveau langage, mais a plutĂŽt approfondi ce principe prĂ©existant.

La parabole, une forme littéraire

La parabole constitue une mĂ©thode d’expression frĂ©quemment utilisĂ©e dans les Évangiles, avec environ quarante occurrences recensĂ©es dans les Saintes Écritures.

Elle se dĂ©finit par une narration concise d’Ă©vĂ©nements quotidiens ayant pour objectif d’illustrer un enseignement, gĂ©nĂ©ralement Ă  caractĂšre spirituel dans ce contexte. Contrairement Ă  la fable, qui s’oriente souvent vers l’imaginaire et le surnaturel, la parabole demeure fermement ancrĂ©e dans la rĂ©alitĂ©.

Elle offre une prĂ©sentation plus attrayante qu’une dĂ©monstration acadĂ©mique et permet de dĂ©livrer des jugements parfois difficiles Ă  entendre.

Le Messie JĂ©sus, s’efforçait d’exercer une influence notable sur ses auditeurs. De nos jours, on se rappelle encore la cĂ©lĂšbre citation de NapolĂ©on Bonaparte : « Un bon croquis vaut mieux qu’un long discours. »

Cela signifie qu’une image ou un graphique peut parfois transmettre un concept plus clairement qu’une longue description orale. On utilise cette expression pour mettre en avant la valeur de la visualisation dans la transmission d’idĂ©es complexes, affirmant ainsi l’impact fort de l’imagerie visuelle et son importance dans la communication.

À cette Ă©poque, une parabole pouvait ĂȘtre assimilĂ©e Ă  un schĂ©ma simple. Les individus Ă©taient en mesure de visualiser facilement les situations dĂ©crites dans les paraboles, ce qui renforçait l’impact du message et facilitait sa mĂ©morisation.
Le Messie Jésus est reconnu pour ses compétences exceptionnelles en communication (Jean 7.46).

Il convient de mentionner que ce mode d’expression prĂ©dominait Ă  cette pĂ©riode, avec prĂšs de 4000 paraboles recensĂ©es dans la littĂ©rature rabbinique. Les rabbins, pour mieux instruire leur auditoire souvent analphabĂšte, concluaient frĂ©quemment leurs enseignements par une ou deux paraboles afin d’assurer une meilleure comprĂ©hension.

La pĂ©dagogie du Messie JĂ©sus reprend ainsi un concept prĂ©existant. Il perfectionnera cette approche avec l’objectif de rendre ses enseignements accessibles au peuple et d’imprimer durablement son message dans l’esprit de chaque auditeur.

Bien que le Messie JĂ©sus ne soit pas l’initiateur de l’utilisation des paraboles, il les a largement utilisĂ©es et perfectionnĂ©es au cours de la seconde moitiĂ© de son ministĂšre. Aujourd’hui, le terme parabole est gĂ©nĂ©ralement liĂ© aux Évangiles.

Il est crucial d’Ă©viter de chercher Ă  relier chaque dĂ©tail d’une parabole Ă  des Ă©vĂ©nements spĂ©cifiques qui n’ont pas de lien historique, car cela reviendrait Ă  projeter nos propres interprĂ©tations sur le texte.

Les observateurs d’une Ɠuvre d’art peuvent souvent discerner des Ă©lĂ©ments auxquels l’artiste n’a peut-ĂȘtre jamais pensĂ©. Si cela est moins important pour une Ɠuvre d’art, c’est essentiel lorsque nous analysons ces paraboles.

Il est primordial de se focaliser sur la pensĂ©e centrale. S’en Ă©carter peut entraĂźner des conclusions erronĂ©es et dĂ©tourner l’attention de l’enseignement principal.

La parabole fréquemment utilisée par le Messie Jésus

Les Évangiles prĂ©sentent environ quarante paraboles distinctes, dont nous fournissons la liste complĂšte. Il convient de noter que le texte de l’Évangile selon Jean ne contient aucune parabole. Certaines courtes mĂ©taphores ne sont pas incluses dans cette classification en tant que paraboles.

1. La maison bĂątie sur le roc (PER107), Matthieu 7.24-27, Luc 6.47-49

2. Le drap neuf et les outres neuves (PER075), Matthieu 9.16-17, Marc 2.21-22, Luc 5.36-39.

3. Le semeur (PER138), Matthieu 13.1-23, Marc 4.1-20, Luc 8.4-15.

4. Le bon grain et l’ivraie (PER141), Matthieu 13.24-30.

5. Le grain de sénevé (PER143), Matthieu 13.31-32, Marc 4.30-32, Luc 13.18-19.

6. Le levain (PER145), Matthieu 13.33-35, Luc 13.20-21.

7. Le trésor caché (PER147), Matthieu 13.44.

8. La perle de grand prix (PER148) Matthieu 13.45-46.

9. Le filet (PER149), Matthieu 13.47-50.

10. Le serviteur impitoyable (PER204), Matthieu 18.23-35.

11. Les ouvriers loués à différentes heures (PER252), Matthieu 20.1-16.

12. Les deux fils (PER272), Matthieu 21.28-32.

13. Les méchants vignerons (PER273), Matthieu 21.33-46, Marc 12.1-12 ; Luc 20.9-19.

14. Les noces du fils du roi (PER274), Matthieu 22.1-14, Luc 14.15-24.

15. Le figuier bourgeonnant (PER284), Matthieu 24.32-35, Marc 13.28-31, Luc 21.29-33.

16. Le serviteur fidĂšle (PER286), Matthieu 24.45-51, Luc 12.42-48.

17. Les dix jeunes filles (PER287), Matthieu 25.1-13.

18. Les serviteurs et des récompenses, les Talents et les Mines (PER288), Matthieu 25.14-30, Luc 19.12-27.

19. La semence qui croĂźt en secret (PER142), Marc 4.26-29.

20. Le maĂźtre absent PER285, [/b]Marc 13.32-37[/b], [/b]Luc 12.35-40[/b].

21. Les enfants sur la place publique (PER114), (b)Luc 7.31-35(/b], Matthieu 11.11-19.

22. Les deux débiteurs (PER118), Luc 7.41-43.

23. Le bon Samaritain (PER214), Luc 10.25-37.

24. L’ami importun (PER216), Luc 11.5-8.

25. Le riche insensé (PER131), Luc 12.13-21.

26. Le figuier stérile (PER218), Luc 13.6-9.

27. Les places Ă  table (PER224), Luc 14.7-14.

28. Le grand souper (PER274), Luc 14.15-24, [Matthieu 22.1-14.

29. La tour inachevée (PER226), Luc 14.28-30.

30. La guerre imprudente du roi (PER227), Luc 14.31-33.

Quel message Jésus a-t-il voulu transmettre au travers des paraboles ?

Le principe de la parabole permet d’Ă©viter une confrontation directe et violente avec les opposants, permettant ainsi au Messie JĂ©sus, de diffuser son message sans entraves.

Quel était le contenu du message en question et pourquoi suscitait-il une telle opposition de la part des pharisiens ?

Nous allons à présent examiner le thÚme des 40 paraboles mentionnées dans le paragraphe précédent afin de comprendre les raisons suscitant une telle opposition.

Les ThÚmes des Paraboles de Jésus

1. Le Royaume de Dieu

10 paraboles parlent de la nature, de la valeur et de la croissance du royaume de Dieu.

Exemples :

 La Parabole de la Graine de Moutarde (Matthieu 13.31-32, Marc 4.30-32, Luc 13.18-19)
 La Parabole du Levain (Matthieu 13.33, Luc 13.20-21)
 La Parabole du TrĂ©sor CachĂ© (Matthieu 13.44)
 La Parabole de la Perle de Grand Prix (Matthieu 13.45-46)
 La Parabole du Filet (Matthieu 13.47-50)
 La Parabole du Semeur (Matthieu 13.3-9, Marc 4.3-9, Luc 8.5-8)
 La Parabole de l’Ivraie (Matthieu 13.24-30)
 La Parabole des Ouvriers de la Vigne (Matthieu 20.1-16)
 La Parabole du Grand Banquet (Matthieu 22.1-14, Luc 14.15-24)
 La Parabole des Dix Vierges (Matthieu 25.1-13)

2. Le Jugement et la Fin des Temps

7 paraboles traitent du jugement final, de la séparation des justes et des méchants, et des événements de la fin des temps.

Exemples :

 La Parabole du Filet (Matthieu 13.47-50)
 La Parabole de l’Ivraie (Matthieu 13.24-30)
 La Parabole des Dix Vierges (Matthieu 25.1-13)
 La Parabole des Talents (Matthieu 25.14-30)
 La Parabole du Festin de Noces (Matthieu 22.1-14)
 La Parabole des Brebis et des Boucs (Matthieu 25.31-46)
 La maison bĂątie sur le roc (Matthieu 7.24-27 ; Luc 6.47-4

3. La Miséricorde et le Pardon

5 paraboles mettent l’accent sur la misĂ©ricorde de Dieu, le pardon des pĂ©chĂ©s et l’importance de pardonner aux autres.

Exemples :

 La Parabole du Fils Prodigue (Luc 15.11-32)
 La Parabole du Serviteur Impitoyable (Matthieu 18.23-35)
 La Parabole du Bon Samaritain (Luc 10.25-37)
 La Parabole de la Brebis Perdue (Luc 15.3-7)
 La Parabole de la PiĂšce Perdue (Luc 15.8-10)

4. La PriĂšre et la Foi

4 paraboles enseignent sur la persévérance dans la priÚre, la foi en Dieu et la confiance en sa providence.

Exemples :

 La Parabole de la Veuve Importune (Luc 18.1-8)
 La Parabole du Pharisien et du Publicain (Luc 18.9-14)
 La Parabole de l’Ami Importun (Luc 11.5-8)
 La Parabole du Semeur (Matthieu 13.3-9, Marc 4.3-9, Luc 8.5-8)

5. L’ObĂ©issance et la FidĂ©litĂ©

6 paraboles soulignent l’importance d’obĂ©ir aux commandements de Dieu et de rester fidĂšle dans notre vie spirituelle.

Exemples :

 La Parabole des Deux Fils (Matthieu 21.28-32)
 La Parabole des Talents (Matthieu 25.14-30)
 La Parabole du Serviteur FidĂšle et du Serviteur InfidĂšle (Matthieu 24.45-51)
 La Parabole des Dix Vierges (Matthieu 25.1-13)
 La Parabole du GĂ©rant InfidĂšle (Luc 16.1-13)
 La Parabole de la Vigne (Marc 12.1-12)

6. L’Amour et la CharitĂ©

4 paraboles mettent en avant l’amour du prochain, la compassion et la charitĂ© envers les autres.

Exemples :

 La Parabole du Bon Samaritain (Luc 10.25-37)
 La Parabole du Grand Banquet (Luc 14.15-24)
 La Parabole du Riche et de Lazare (Luc 16.19-31)
 La Parabole des Ouvriers de la Vigne (Matthieu 20.1-16)

7. La Vigilance et la Préparation

6 paraboles exhortent les croyants Ă  ĂȘtre vigilants et prĂȘts pour le retour de JĂ©sus-Christ.

Exemples :

 La Parabole des Dix Vierges (Matthieu 25.1-13)
 La Parabole du MaĂźtre et du Serviteur (Luc 12.35-40)
 La Parabole du Figuier (Marc 13.28-29)
 La Parabole des Talents (Matthieu 25.14-30)
 La Parabole du Serviteur FidĂšle et du Serviteur InfidĂšle (Matthieu 24.45-51)
 La maison bĂątie sur le roc (Matthieu 7.24-27 ; Luc 6.47-4

8. La Richesse et la Responsabilité

4 paraboles traitent de l’utilisation des richesses, de la responsabilitĂ© des biens matĂ©riels, et des dangers de l’aviditĂ©.

Exemples :

 La Parabole du Riche InsensĂ© (Luc 12.16-21)
 La Parabole du GĂ©rant InfidĂšle (Luc 16.1-13)
 La Parabole des Talents (Matthieu 25.14-30)
 La Parabole du Riche et de Lazare (Luc 16.19-31)

(Certaines paraboles se retrouvent dans plusieurs thĂšmes).

Conclusion

Ces paraboles couvrent une large gamme de thĂšmes spirituels et moraux, offrant des enseignements profonds sur la maniĂšre de vivre selon les principes du royaume de Dieu. Chacune d’elles apporte une comprĂ©hension unique des attentes de Dieu envers ses disciples et de la nature de sa grĂące et de sa justice.

En réaffirmant les principes de vie exigés par Dieu pour les disciples, le Messie Jésus, entrait systématiquement en conflit avec les Pharisiens et les autorités religieuses qui ne suivaient pas ces préceptes.

La population prenait de plus en plus conscience des écarts entre le comportement de leurs dirigeants et les enseignements du Maßtre, ce qui suscitait une méfiance croissante. Par conséquent, elle commençait à se distancer de ces figures religieuses.

L’utilitĂ© de la parabole

Nous devons pour comprendre l’intĂ©rĂȘt de cette forme d’expression nous replacer dans le contexte historique.

Les relations avec les autorités religieuses juives se sont fortement dégradées. Ces gens ne reconnaissent pas Jésus comme le Messie et le considÚrent comme un imposteur. Leurs relations sont caractérisées par des conflits fréquents.

Dans Matthieu 12.14, il est mentionnĂ© que les pharisiens commencent Ă  comploter sĂ©rieusement pour Ă©liminer JĂ©sus aprĂšs qu’il a guĂ©ri un homme ayant une main paralysĂ©e lors du sabbat. Cet acte suscite leur indignation car ils considĂšrent que JĂ©sus enfreint la loi sabbatique.

Dans ce contexte, l’utilisation de la parabole sert Ă  Ă©viter une confrontation directe et permet au MaĂźtre de transmettre son enseignement de maniĂšre efficiente. Les auditeurs analysent le rĂ©cit et tirent eux-mĂȘmes les conclusions nĂ©cessaires.
Il arrivait que les pharisiens se rendent compte qu’ils Ă©taient la cible des critiques (Matthieu 21.45, Marc 12.12 et Luc 20.19).

Les rĂ©actions surviennent lorsque le MaĂźtre a terminĂ© de s’exprimer. Lorsque Nathan s’adresse Ă  David (2 Samuel 12.1-15), il utilise une parabole, et le roi Ă©coute attentivement et prend position en faveur du pauvre qui a Ă©tĂ© volĂ©. Il est possible que David n’aurait pas rĂ©agi de la mĂȘme maniĂšre s’il avait entendu directement la conclusion.

Il existe Ă©galement d’autres avantages : le public est plus rĂ©ceptif Ă  ce type d’enseignement, facilitant ainsi la mĂ©morisation. De plus, l’association entre les principes de la vie quotidienne et le message spirituel Ă©veille davantage l’intĂ©rĂȘt des auditeurs.

Le public ne demeure pas passif, mais est incitĂ© Ă  la rĂ©flexion. Ces histoires suscitent l’intĂ©rĂȘt de tous, y compris des enfants, un engagement rarement obtenu par les mĂ©thodes d’enseignement traditionnelles.

Cette mĂ©thode de communication offre divers avantages, toutefois, le risque d’incomprĂ©hension persiste. En effet, il a Ă©tĂ© observĂ© que mĂȘme les disciples ont frĂ©quemment sollicitĂ© des clarifications supplĂ©mentaires.

Comment comprendre les versets de Matthieu 13.10-17, Marc 4.11-12
et Luc 8.9-10 ?

Matthieu 13.10–17 (S21)

10 Les disciples s’approchĂšrent et lui dirent : « Pourquoi leur parles-tu en paraboles?»

11 JĂ©sus [leur] rĂ©pondit : « Parce qu’il vous a Ă©tĂ© donnĂ©, Ă  vous, de connaĂźtre les mystĂšres du royaume des cieux, mais qu’à eux cela n’a pas Ă©tĂ© donnĂ©.

12 En effet, on donnera Ă  celui qui a et il sera dans l’abondance, mais Ă  celui qui n’a pas on enlĂšvera mĂȘme ce qu’il a.

13 C’est pourquoi je leur parle en paraboles, parce qu’en voyant ils ne voient pas et qu’en entendant ils n’entendent pas et ne comprennent pas.

14 Pour eux s’accomplit cette prophĂ©tie d’EsaĂŻe : Vous aurez beau entendre, vous ne comprendrez pas, vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas.

15 En effet, le cƓur de ce peuple est devenu insensible ; ils se sont bouchĂ© les oreilles et ils ont fermĂ© les yeux de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n’entendent, que leur cƓur ne comprenne, qu’ils ne se convertissent et que je ne les guĂ©risse.

16 Mais heureux sont vos yeux parce qu’ils voient, et vos oreilles parce qu’elles entendent !

17 Je vous le dis en vĂ©ritĂ©, beaucoup de prophĂštes et de justes ont dĂ©sirĂ© voir ce que vous voyez et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez et ne l’ont pas entendu.

(Traduction Louis Segond S21)

Marc 4.11–12 (S21)

11 Il leur dit : « C’est Ă  vous qu’il a Ă©tĂ© donnĂ© de connaĂźtre le mystĂšre du royaume de Dieu, mais pour ceux qui sont Ă  l’extĂ©rieur tout est prĂ©sentĂ© en paraboles,

12 afin qu’en regardant ils regardent et ne voient pas, et qu’en entendant ils entendent et ne comprennent pas, de peur qu’ils ne se convertissent et que leurs pĂ©chĂ©s ne soient pardonnĂ©s. »

(Traduction Louis Segond S21)

Luc 8.9–10 (S21)

9 Ses disciples lui demandĂšrent ce que signifiait cette parabole.

10 Il rĂ©pondit : « Il vous a Ă©tĂ© donnĂ©, Ă  vous, de connaĂźtre les mystĂšres du royaume de Dieu ; mais pour les autres, cela est dit en paraboles, afin qu’en voyant ils ne voient pas et qu’en entendant ils ne comprennent pas.

(Traduction Louis Segond S21)

Les disciples remarquent cette nouvelle forme d’expression et ne la comprennent pas. Ils demandent donc Ă  JĂ©sus : « Pourquoi leur parles-tu en paraboles ? ».

Ce principe leur paraßt compliqué, préférant le langage simple et direct que Jésus utilisait auparavant. La réponse de Jésus est notable car il cite le prophÚte Esaïe.

Ésaïe 6.9–10 (S21)

9 Il a alors ordonnĂ© : « Va dire Ă  ce peuple : ‘Vous aurez beau Ă©couter, vous ne comprendrez pas, vous aurez beau regarder, vous ne saurez pas.’

10 Rends insensible le cƓur de ce peuple, endurcis ses oreilles et ferme-lui les yeux pour qu’il ne voie pas de ses yeux, n’entende pas de ses oreilles, ne comprenne pas de son cƓur, ne se convertisse pas et ne soit pas guĂ©ri. »

(Traduction Louis Segond S21)

Ce passage d’EsaĂŻe illustre le jugement divin envers un peuple ayant dĂ©libĂ©rĂ©ment rejetĂ© la parole de Dieu et refusĂ© de s’y conformer. Ce concept est Ă©galement prĂ©sent dans le rĂ©cit des dix plaies d’Égypte, oĂč Pharaon a sciemment endurci son cƓur, conduisant ultimement Dieu Ă  renforcer cette obstination (Exode 10.1).

Esaïe affirme que le peuple hébreu a dépassé une limite, entraßnant le jugement de Dieu qui les maintient dans leur position.

Il existe un point de basculement lorsque l’individu refuse sciemment les principes divins. Bien qu’il soit toujours possible pour ces personnes de se repentir et de revenir Ă  Dieu, cela dĂ©pend de leur choix personnel. Un autre point mentionnĂ© par Matthieu et Marc est le blasphĂšme contre le Saint-Esprit (Mat. 12.31-37 et Marc 3.28-30), considĂ©rĂ© comme une limite irrĂ©versible.

Il y a maintenant deux groupes : les sauvĂ©s et les perdus. Les enseignements du Messie renforcent la foi des premiers, mais n’affectent plus les seconds.

JĂ©sus, le Messie, a expliquĂ© des paraboles Ă  ses disciples Ă  au moins deux reprises (Mat. 13.36-43), bien qu’ils eussent dĂ©jĂ  la foi. Ils ont eu besoin de l’explication du MaĂźtre pour comprendre pleinement ces enseignements. Cet aspect souligne le rĂŽle du Saint-Esprit dans l’aide Ă  la comprĂ©hension de la Parole de Dieu.

Observons ce qu’a notĂ© Jean :

Jean 12.37–43 (S21)

37 MalgrĂ© tous les signes miraculeux qu’il avait faits devant eux, ils ne croyaient pas en lui.

38 Ainsi s’accomplit la parole annoncĂ©e par le prophĂšte EsaĂŻe : Seigneur, qui a cru Ă  notre prĂ©dication ? Et Ă  qui le bras du Seigneur a-t-il Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ© ?

39 EsaĂŻe a dit encore pourquoi ils ne pouvaient pas croire :

40 Il a aveuglĂ© leurs yeux et il a endurci leur cƓur pour qu’ils ne voient pas de leurs yeux, qu’ils ne comprennent pas dans leur cƓur, qu’ils ne se convertissent pas et que je ne les guĂ©risse pas.

41 Esaïe dit cela lorsqu’il vit sa gloire et qu’il parla de lui.

42 Cependant, mĂȘme parmi les chefs, beaucoup crurent en lui ; mais, Ă  cause des pharisiens, ils ne le dĂ©claraient pas, de crainte d’ĂȘtre exclus de la synagogue.

43 En effet, ils aimĂšrent la gloire des hommes plus que la gloire de Dieu.

(Traduction Louis Segond S21)

Jean reprend les propos de Matthieu et fournit des explications supplĂ©mentaires qui nĂ©cessitent une clarification pour ĂȘtre bien comprises.

En effet lorsque Jean Ă©crit : « Il a aveuglĂ© leurs yeux et il a endurci leur cƓur » il n’est pas question ici, de la cause mais de la consĂ©quence des actes de ces hommes. Ils ont premiĂšrement rejetĂ© la prĂ©dication du MaĂźtre, ce qui ensuite a entrainĂ© le jugement de Dieu.

La prophĂ©tie d’EsaĂŻe 53.1-12 s’est accomplie en raison de leur refus de croire, malgrĂ© les signes probants qui leur ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©s.

Comment comprendre le verset d’Esaïe 6.10 ?

Ésaïe 6.10 (S21)

10 Rends insensible le cƓur de ce peuple, endurcis ses oreilles et ferme-lui les yeux pour qu’il ne voie pas de ses yeux, n’entende pas de ses oreilles, ne comprenne pas de son cƓur, ne se convertisse pas et ne soit pas guĂ©ri. »

(Traduction Louis Segond S21)

Nous pourrions croire que Dieu a opĂ©rĂ© un choix, Il rejette un groupe tandis qu’il accepte un autre. Matthieu nous donne l’explication dans sa citation :

Matthieu 13.15 (S21)

15 En effet, le cƓur de ce peuple est devenu insensible ; ils se sont bouchĂ© les oreilles et ils ont fermĂ© les yeux de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n’entendent, que leur cƓur ne comprenne, qu’ils ne se convertissent et que je ne les guĂ©risse.

(Traduction Louis Segond S21)

Il y a une action dĂ©libĂ©rĂ©e et un refus caractĂ©risĂ© de la part de ces gens. Il n’est pas question pour Dieu de les obliger, ils gardent leur libertĂ©.

Dieu constate et respecte le choix de ces gens ! Ils portent ainsi personnellement la responsabilité de leur décision.

Conclusion

La transition vers cette expression parabolique indique un changement dans la stratĂ©gie du Messie JĂ©sus. Cette Ă©volution rĂ©sulte de la dĂ©tĂ©rioration des relations entre JĂ©sus le Messie et les autoritĂ©s religieuses. Il est crucial de comprendre que la vie du Messie JĂ©sus, comme celle de tout membre du peuple juif, Ă©tait extrĂȘmement prĂ©caire. Une dĂ©cision du SanhĂ©drin aurait pu entraĂźner la disparition du MaĂźtre.

Une confrontation directe avec ces pharisiens Ă©tait futile, et l’utilisation des paraboles permettait de l’Ă©viter. En effet, chacun pouvait interprĂ©ter ces paraboles Ă  sa maniĂšre. C’est pourquoi les disciples, aidĂ©s par le Saint-Esprit, Ă©taient plus enclins Ă  comprendre, tandis que les autres restaient dans l’incertitude.

Nous distinguons deux catégories de personnes : celles qui ont cru et à qui sont destinées ces paraboles, et celles qui ont délibérément rejeté le Messie Jésus et refusent de croire. Pour ces derniÚres, les paraboles ne sont alors que des énigmes.

Dieu n’exclut personne mais ne contraint pas non plus les individus Ă  le suivre et Ă  lui obĂ©ir. La libertĂ© de chacun est respectĂ©e.

Il n’existe pas de messages codĂ©s destinĂ©s exclusivement aux initiĂ©s, rendant leur comprĂ©hension inaccessible Ă  d’autres. Il s’agit simplement du message du royaume de Dieu, acceptĂ© par certains qui le comprennent, et rejetĂ© par d’autres, pour qui celui-ci demeure Ă©nigmatique.