Annexe
Annexe 087
Les fêtes notées par Jean

La prophétie de Saint Malachie

Pour plus d’informations

Vous pouvez consulter le paragraphe 5 : Le prophète Daniel

Vous pouvez consulter l’annexe ANN006 : La date exacte du décret

Vous pouvez consulter l’annexe ANN067Les théories d’Anderson et de Denney

Vous pouvez consulter l’annexe ANN070La tentation du Messie Jésus

Vous pouvez consulter l’annexe ANN004La date de la naissance du Messie Jésus

Vous pouvez consulter l’annexe ANN014Le calendrier juif

Introduction

Les Évangiles synoptiques ne fournissent pas de détails chronologiques précis. Ils relatent des événements historiques sans se préoccuper de les organiser selon une séquence logique attendue. À la lecture des Évangiles synoptiques, le lecteur pourrait concevoir que tous les événements se sont déroulés en l’espace d’une seule année. Cette interprétation est d’ailleurs soutenue par certains chercheurs, qui regroupent l’ensemble des manifestations décrites dans les Évangiles synoptiques en une année de grâce, comme mentionné dans Luc 4.18-19 et Esaïe 61.2.

Toutefois, l’apôtre Jean, surement conscient de cette problématique, prend soin de documenter divers points chronologiques en se basant sur les fêtes juives ainsi que sur les déplacements de Jésus à Jérusalem pour ces pèlerinages.

Nous allons donc dans cette étude reprendre tous les passages où Jean signale une fête juive et ainsi analyser la période totale qu’a duré le ministère du Messie Jésus.

La prophétie de Daniel 9.27

Avant de débuter, il convient de rappeler que dans son ouvrage, Daniel mentionne une semaine d’années divisée en deux périodes égales. La seconde période est consacrée au ministère du Messie Jésus.

Daniel 9.27 (S21)

27 Il imposera une alliance d’une semaine à beaucoup, et au milieu de la semaine il fera cesser le sacrifice et l’offrande. Le dévastateur commettra les pires monstruosités jusqu’à ce que l’anéantissement et ce qui a été décidé se déversent sur lui. »

(Traduction Louis Segond S21)

Nous avons déjà étudié ce passage ainsi que son contexte dans différentes études que nous rappelons maintenant :

Le chapitre 5 : Le prophète Daniel

L’annexe ANN003 : La naissance et le ministère de Jean le baptiste

L’annexe ANN004 : La date de la naissance de Jésus

L’annexe ANN006 : La date exacte du décret

L’annexe ANN067 : Les théories d’Anderson et de Denney (Explication des 70 semaines de Daniel)

Nous ne reprendrons pas ici les différentes démonstrations mais rappellerons uniquement notre conclusion. Les sept années précédant la mort de Jésus le 1er avril 33 se divisent en deux parties égales. La première partie va du début du ministère de Jean le baptiste en avril 26 au baptême de Jésus en octobre 29, et la seconde partie s’étend de ce baptême à la crucifixion le 1er avril 33 (Apocalypse 12.6 et Apocalypse 12.14).

Les diverses mentions de fêtes observées par Jean

L’Évangile de Jean mentionne plusieurs fêtes juives qui rythment le ministère de Jésus. Voici la liste exhaustive de ces fêtes :

_ La Pâque (Pessah) (Jean 2.13, Jean 6.4, Jean 11.55) – Jean évoque trois fêtes de Pâque, ce qui est un élément clé pour estimer la durée du ministère de Jésus.

_ La fête des Tabernacles (Souccot) (Jean 7.2, Jean 7.37) – Jésus enseigne au Temple pendant cette fête et prononce des paroles sur l’eau vive.

_ La fête de la Dédicace (Hanoukka) (Jean 10.22) – Jésus se trouve à Jérusalem lors de cette fête qui commémore la purification du Temple.

_ Une autre fête juive (Jean 5.1) – Jean mentionne une fête sans la nommer précisément, ce qui a suscité des débats parmi les chercheurs. Nos conclusions nous amènent à penser que cette fête est la quatrième Pâque qui manquait.

Ces fêtes ne sont pas seulement des repères chronologiques, elles ont aussi une signification théologique dans l’Évangile de Jean. Chaque fête est l’occasion pour Jésus de révéler un aspect de son identité et de sa mission.

Nous allons montrer qu’il existe un lien entre la signification de la fête et le discours prononcé par le Messie Jésus à cette occasion.

Les trois fêtes de Pâque

Jean évoque trois fêtes de Pâque (Pessah), ce qui constitue un élément clé pour estimer la durée du ministère de Jésus.

  • 1ère fête de Pâque : vendredi 7 avril 30 (Jean 2.13)
  • 2ème fête de Pâque : lundi 12 avril 32 (Jean 6.4)
  • 3ème fête de pâque vendredi 1er avril 33 (Jean 11.55)

_ La première fête de Pâque citée par Jean

Jean 2.13–14 (S21)

13 La Pâque juive était proche et Jésus monta à Jérusalem.

14 Il trouva les vendeurs de bœufs, de brebis et de pigeons ainsi que les changeurs de monnaie installés dans le temple.

(Traduction Louis Segond S21)

Grace aux convertisseurs de dates, que nous trouvons sur Internet (nous utilisons https://www.calj.net/convert et http://pgj.astro.free.fr/Calendrier_conversion.htm ) il est facile avec quelques précautions de retrouver les dates des grandes fêtes juives. Dans le cas qui nous intéresse nous sommes dans une transposition (voir la note qui suit) du calendrier Grégorien, le vendredi 7 avril 30.

Note : Le calendrier grégorien a été adopté en France en 1582, sous le règne d’Henri III. La réforme, initiée par le pape Grégoire XIII, visait à corriger le décalage du calendrier julien par rapport aux saisons. En France, le passage au nouveau calendrier s’est traduit par une suppression de 10 jours : ainsi, le lendemain du 9 décembre 1582 est devenu le 20 décembre 1582

Cette date, comme le 1er avril 33, tombe un vendredi et elle est considérée par certains chercheurs comme celle de la mort du Messie Jésus. Les annexes susmentionnées détaillent les raisons pour lesquelles cette hypothèse a été rejetée au profit du 1er avril 33, conformément aux prophéties de Daniel 9.24-27.

Nous avons ici une première fête de Pâques avec le déplacement du Messie Jésus à Jérusalem.

 

_ La seconde fête de Pâque citée par Jean

Jean 6.4 (S21)

4 Or la Pâque, la fête juive, était proche.

(Traduction Louis Segond S21)

Voici la seconde fête de Pâque mentionnée par Jean. Il a été indiqué dans les études sur les péricopes PER168 et suivantes que Jésus et ses disciples n’ont pas effectué ce pèlerinage à Jérusalem en raison du travail qu’ils réalisaient en Galilée. Cette fête est datée du lundi 12 avril 32.

 

_ La troisième fête de Pâque citée par Jean

Jean 11.55 (S21)

55 La Pâque des Juifs était proche et beaucoup de gens montèrent de la campagne à Jérusalem avant la Pâque pour se purifier.

(Traduction Louis Segond S21)

La célébration du 1er avril de l’année 33 est mentionnée dans les quatre évangiles car c’est lors de cette période que Jésus a été crucifié.

Nous évoquons souvent cette fête de Pâque dans les dernières péricopes lorsque que nous étudions les derniers événements qui ont marqués la vie du Messie Jésus. Nous ne reprendrons donc pas ici ces informations. Nous rappellerons simplement que cette mort s’inscrit dans le plan de salut offert par Dieu à l’humanité.

Romains 5.6–7 (S21)

6 En effet, alors que nous étions encore sans force, Christ est mort pour des pécheurs au moment fixé.

7 A peine mourrait-on pour un juste ; peut-être accepterait-on de mourir pour quelqu’un de bien.

(Traduction Louis Segond S21)

Le lien entre la fête de Pâques et l’œuvre de Jésus le Messie, considéré comme l’agneau de Dieu, est évident. En mourant sur la croix, Jésus offre, par son sang versé, une voie de salut, similaire au sang de l’agneau appliqué sur les montants et linteaux des portes des maisons des familles croyantes.

Nous notons que Jean rapporte trois fêtes de Pâque dûment documentées. Toutefois, afin de valider les informations présentes dans Daniel 9.27 ainsi que celles fournies par Jean dans Apocalypse 11.2-3, Apocalypse 12.6, Apocalypse 12.14 et Apocalypse 13.5, une quatrième fête de Pâque est nécessaire. C’est pourquoi nous allons procéder à une analyse détaillée de la célébration mentionnée dans Jean 5.1.

La fête notée en Jean 5.1, Paque ?

Voici le texte en question :

Jean 5.1 (S21)

1 Après cela, il y eut une fête juive et Jésus monta à Jérusalem.

(Traduction Louis Segond S21)

Cette fête à laquelle le Messie Jésus a participé n’est pas explicitement identifiée comme les trois autres. Nous voulons expliquer pourquoi nous avons conclu qu’il s’agissait d’une fête de Pâques.

Nous recherchons des preuves d’une quatrième célébration de la Pâque afin de valider une durée de ministère de Jésus Christ de 3,5 années, conformément aux informations contenues dans Daniel 9:27 ainsi que dans les passages de l’Apocalypse 11.2-3, Apocalypse 12.6, Apocalypse 12.14 et Apocalypse 13.5).

  • Nous pouvons effectuer une première remarque avec la précision de Jean 5.3, le grand nombre de malades, présents à l’extérieur montre que la température était clémente. Paque marque le début du printemps avec des températures douces. Nous ne sommes pas en hiver !
  • Nous remarquons que les discours du Messie Jésus lors de ces fêtes s’inscrivent dans le sens initial de ces célébrations. Si nous sommes à la fête de Pessa’h le discours devrait y faire allusion. Nous allons analyser ce discours dans le paragraphe suivant.
  • Et puis il y a cet événement, le Messie Jésus guérit un homme malade depuis 38 ans (Jean 5.5), près de la piscine de Bethesda. Ce détail peut faire écho à l’histoire des Israélites qui ont erré 40 ans dans le désert avant d’entrer en Terre promise, Deutéronome 2.14 précise que 38 ans s’étaient écoulés entre deux moments clés de leur parcours. Durant cette période, ils attendaient la libération complète et l’accomplissement de la promesse divine.

Ce lien est important pour la fête de Pâque, car Pâque marque précisément le début de cette libération : c’est à Pâque que les Israélites ont été délivrés de l’esclavage en Égypte pour commencer leur voyage vers la Terre promise. Dans Jean 5.5, la guérison de l’homme paralysé symbolise aussi une nouvelle liberté donnée par le Messie Jésus : il le relève, lui redonne la possibilité de marcher, et l’invite à vivre pleinement. L’idée est que, tout comme les Israélites ont attendu la délivrance, cet homme a attendu 38 ans avant d’être libéré de sa maladie par Jésus. Ce parallèle renforce, selon nous, l’idée que la fête mentionnée dans Jean 5.1 est Pâque, car le thème de la délivrance et de la transformation y est central.

  • La loi imposait à tous les Juifs le pèlerinage de Pessa’h (Exode 23.14-17, Exode 34.18-23 et Deutéronome 16.16), la fête la plus importante mentionnée dans l’Exode et le Deutéronome. Jésus respectait ces pèlerinages selon la loi de Moïse, et les pharisiens ne l’ont jamais critiqué à ce sujet.
  • Le manque de précision de Jean peu montrer que pour lui cette fête avait une telle importance que même sans la nommer explicitement, implicitement tous feraient le lien avec Pessa’h.

Nous pensons que la référence de Jean 5.1 correspond à une fête de Pâque, spécifiquement celle du lundi 24 mars 31. Bien que cette conclusion soit contestée par certains chercheurs, nous estimons que les détails fournis sont suffisamment probants pour justifier cette interprétation.

Le message du Messie Jésus lors de cette fête

Nous étudions la corrélation entre la prédication de Jésus dans Jean 5.17-47 et l’événement historique de l’exode hébreu sous la direction de Moïse, qui constitue l’origine de la fête de Pâque.

Ci-dessous un résumé du message :

Jésus affirme qu’il agit en harmonie avec Dieu, son Père, et que son travail ne s’arrête pas, même le jour du sabbat. Cette déclaration provoque l’opposition des Juifs, qui l’accusent non seulement de violer la loi du sabbat, mais aussi de se faire l’égal de Dieu.

Il explique ensuite que tout ce qu’il fait, vient du Père : il donne la vie et il a reçu le pouvoir de juger. Ceux qui croient en lui ont la vie éternelle et échappent au jugement, tandis que ceux qui le rejettent seront jugés. Jésus souligne que son autorité ne vient pas de lui-même, mais du Père, et que les Écritures témoignent de lui, notamment par Moïse. Il reproche à ses opposants de rechercher la gloire humaine plutôt que celle qui vient de Dieu, les accusant de ne pas vraiment croire à Moïse, puisqu’ils ne reconnaissent pas le Messie annoncé.

Nous regardons maintenant le texte de Jean 5.17-47 et son ancrage dans l’événement historique de Pâque sous Moïse.

Le passage de Jean 5.17-47 met en lumière l’autorité divine de Jésus-Christ, son pouvoir de donner la vie et son rôle dans le jugement, des notions qui s’inscrivent directement dans la symbolique de Pâque (Pessa’h), fête centrale de la tradition juive. En établissant une correspondance entre la libération opérée par Moïse et celle inaugurée par Jésus, ce texte met en exergue la continuité théologique entre l’Ancienne et la Nouvelle Alliance.

Pâque sous Moïse : Libération et Passage de la Mort à la Vie

Dans la Bible, Pâque commémore la libération du peuple d’Israël de l’esclavage en Égypte. À cette occasion, le sang de l’agneau pascal appliqué sur les linteaux des maisons israélites protège le peuple du jugement divin et marque leur passage vers la liberté (Exode 12.13).

Dans Jean 5.24, Jésus affirme : « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole et qui croit à celui qui m’a envoyé a la vie éternelle ; il ne vient pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie. ». Cette déclaration établit un parallèle avec l’événement de Pâque sous Moïse, où les Israélites furent épargnés par l’intervention divine et guidés vers la Terre promise. Jésus, à travers son sacrifice et sa résurrection, inaugure une nouvelle forme de libération : non plus seulement physique, mais spirituelle et éternelle.

Le Rôle de Moïse et Son Accomplissement par Jésus

Moïse fut le libérateur du peuple d’Israël, transmettant la Loi et annonçant la venue d’un prophète semblable à lui (Deutéronome 18.15).

Dans Jean 5.46, Jésus déclare : « En effet, si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, puisqu’il a écrit à mon sujet. ». Cette affirmation souligne que Moïse annonçait la venue du Messie, et que ceux qui rejettent Jésus refusent en réalité le message de la Torah. Jésus accomplit ainsi la mission de Moïse en réalisant une délivrance définitive, non plus politique mais universelle, et en instaurant une nouvelle alliance fondée sur le salut par la foi.

Le Jugement et la Nouvelle Alliance

Dans Jean 5.22, Jésus déclare : « Le Père ne juge personne, mais il a remis tout jugement au Fils ». Ce verset fait écho à la première Pâque, où Dieu exerça un jugement sur l’Égypte en frappant les premiers-nés (Exode 12.29-30), tandis que les Israélites, protégés par le sang de l’agneau, échappèrent à cette condamnation. Jésus annonce ici qu’il détient désormais l’autorité du jugement, et que son rôle est non seulement de juger, mais aussi d’offrir la rédemption aux croyants. À travers son sacrifice, son propre sang devient le nouveau moyen de protection, permettant aux fidèles d’accéder à la vie éternelle.

La Guérison à Bethesda et l’Errance d’Israël

Dans Jean 5.5, Jésus guérit un homme malade depuis 38 ans à la piscine de Bethesda. Ce chiffre rappelle celui de l’errance des Israélites dans le désert avant d’entrer en Terre promise (Deutéronome 2.14).

La guérison de cet homme symbolise une délivrance similaire à celle opérée par Moïse : tout comme les Israélites attendaient leur entrée en Terre promise, cet homme attendait depuis longtemps une intervention divine. L’acte de Jésus marque un nouveau passage vers la liberté, illustrant ainsi la signification spirituelle de Pâque, où la délivrance est à la fois physique et spirituelle.

Conclusion

Jean 5.17-47 s’inscrit dans une perspective théologique qui prolonge et accomplit l’événement de Pâque sous Moïse. Tandis que Moïse était le libérateur historique, Jésus devient le libérateur spirituel, inaugurant une nouvelle alliance fondée sur le passage de la mort à la vie. Son sacrifice revêt ainsi un rôle eschatologique, établissant une délivrance définitive et universelle, accessible à tous ceux qui croient en lui.

Liste des quatre fêtes de Pâque

1ère fête de Pâque : vendredi 7 avril 30 (Jean 2.13)

2ème fête de Pâque ? : Lundi 24 mars 31 (Jean 5.1)

3ème fête de Pâque : lundi 12 avril 32 (Jean 6.4)

4ème fête de pâque vendredi 1er avril 33 (Jean 11.55)

Notre analyse nous conduit donc à référencer quatre fêtes de Pâque dans l’Evangile de Jean. Ce point important vient confirmer les paroles prophétiques de Daniel 9.27 mais aussi de l’apôtre Jean dans son ouvrage l’Apocalypse : Apocalypse 11.2-3, Apocalypse 12.6, Apocalypse 12.14 et Apocalypse 13.5.

Les autres fêtes mentionnées par Jean

Outre ces trois fêtes de Pâque notées par Jean et cette quatrième que nous qualifions aussi de Pâque, nous trouvons deux autres célébrations. Nous remarquons le souci de Jean de bien établir chronologiquement le ministère du Messie Jésus.

La Fête des Tabernacles (Souccot) est mentionnée dans Jean 7.2 et Jean 7.37, se tenant le 15 tischri, correspondant au jeudi 7 octobre 32. Cette fête dure sept jours et se termine donc le mercredi 13 octobre, journée connue sous le nom de Hoshanna Rabba. Le jour suivant, Chemini Atseret (ou Shemini Atzeret), qui signifie littéralement « la clôture du huitième [jour] », marque la fin de la fête de Souccot. Toutefois, elle est considérée comme une fête distincte dans la tradition juive. Ce jour est également dédié au sacrifice, tel que précisé dans Nombres 29.35.

Lors de cette fête commémorant le séjour des Israélites dans le désert après l’Exode, le Messie Jésus dispense des enseignements au Temple. Il y annonce la venue du Saint-Esprit, en corrélation avec le rituel de l’eau pratiqué à cette occasion.

La Fête de la Dédicace (Hanoukka) – Jean 10.22, le 25 kisleu soit le mercredi 15 décembre 32

Cette fête célèbre la purification et la ré inauguration du Temple après la révolte des Maccabées. Jésus y parle de son identité messianique et de son unité avec le Père.

Les relations entre les discours du Messie Jésus et la signification de la fête

Nous venons de voir en détail le lien entre la fête de Jean 5.1 et le discours du Messie Jésus orienté sur le vrai sens de Pâque.

Le Messie Jésus et ses disciples n’iront pas à la fête de Pâque notée en Jean 6.4.

1 – Examinons à présent le texte de Jean 2.13, la première fête de Pâque où le Messie Jésus et ses disciples étaient présents.

Dans ce passage, Jésus monte à Jérusalem à l’occasion de la fête de Pâque et chasse les marchands du Temple, dénonçant la transformation de la maison de Dieu en un lieu de commerce. Il annonce ensuite : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. » (Jean 2.19) Cette déclaration fait référence à sa mort et sa résurrection, qui auront lieu lors d’une future Pâque.

Le lien avec la Pâque sous Moïse repose sur plusieurs éléments :

  • La purification et la délivrance : Tout comme Pâque marquait la libération des Israélites de l’esclavage en Égypte, Jésus annonce (Jean 2.14, Exode 12.17) une nouvelle délivrance, cette fois spirituelle, par son sacrifice.
  • Le rôle du Temple : Dans l’Exode, Pâque est le début du chemin vers l’Alliance et la construction du Tabernacle. Jésus, en purifiant le Temple, souligne que la véritable adoration ne repose pas sur un bâtiment, mais sur sa propre personne.
  • L’agneau pascal et le sacrifice : Lors de la première Pâque, le sang de l’agneau protégeait les Israélites du jugement divin (Exode 12.13). Jésus, en annonçant la destruction et la reconstruction du Temple, préfigure son propre sacrifice (Jean 2.19 et Jean 2.21), où son sang remplacera celui de l’agneau pascal pour offrir la rédemption.
  • Seule l’obéissance et la foi sauvent de la condamnation (Exode 12.29-30). Le Messie Jésus perçoit la foi authentique et celle qui est motivée par l’intérêt (Jean 2.24-25).

Ainsi, Jean 2.13-23 montre que Jésus réinterprète et accomplit la signification de Pâque, passant d’une délivrance historique à une rédemption universelle.

 

2 – Examinons à présent le texte de Jean 7.2 et Jean 7.37, la fête de Souccot ou des tentes ou des Tabernacles.

Jean 7.2 (S21)

2 Or, la fête juive des tentes était proche.

Jean 7.37–38 (S21)

37 Le dernier jour, le grand jour de la fête, Jésus, debout, s’écria : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive.

38 Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de lui, comme l’a dit l’Ecriture. »

(Traduction Louis Segond S21)

Lors de la fête des Tente ou des Tabernacles (Souccot), les prêtres accomplissaient un rituel important lié à l’eau, qui symbolisait la bénédiction divine et la dépendance d’Israël envers Dieu pour la pluie et la fertilité des terres.

Le rituel de l’eau pendant Souccot

Chaque matin de la fête, un prêtre principal descendait à la piscine de Siloé, située à Jérusalem, pour y puiser de l’eau dans une cruche dorée. Cette eau était ensuite rapportée au Temple dans une procession solennelle accompagnée de chants et de musique.

Arrivé au Temple, le prêtre versait l’eau sur l’autel des sacrifices, en même temps qu’une libation de vin. Ce geste symbolisait la prière pour la pluie et la bénédiction de Dieu sur les récoltes. Pendant ce rituel, les fidèles chantaient les Psaumes 113-118, connus sous le nom de Hallel, en agitant des branches de palmier, de myrte et de saule (le Loulav).

Le lien avec les paroles de Jésus

Lors du dernier jour de la fête, appelé Hoshanna Rabba, Jésus s’écria : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et boive. Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein. » (Jean 7.37-38)

En prononçant ces paroles au moment où l’eau était versée sur l’autel, Jésus se présente comme la véritable source d’eau vive, annonçant le don du Saint-Esprit après sa glorification.

Ce rituel était donc un moment clé de la fête, et Jésus l’utilise pour révéler son rôle messianique. Nous observons que le Messie Jésus avait déjà évoqué ce thème particulier lors de son entretien avec la Samaritaine noté en Jean 4.1-26.

Il existe un lien entre la rencontre de Jésus avec la Samaritaine en Jean 4.1-30 et son discours lors de la fête des Tabernacles en Jean 7.17-47.

L’eau vive comme symbole du salut

Dans Jean 4.10, Jésus dit à la Samaritaine : « Si tu savais quel est le don de Dieu et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, tu lui aurais toi-même demandé à boire, et il t’aurait donné de l’eau vive. »

Lors de la fête des Tabernacles, Jésus reprend cette image en déclarant : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et boive. » (Jean 7.37)

Dans les deux cas, l’eau vive représente le Saint-Esprit et la vie éternelle offerte par Jésus. La Samaritaine, qui cherche une eau matérielle, découvre que Jésus lui propose une source spirituelle qui ne tarit jamais.

L’adoration en esprit et en vérité

Dans Jean 4.23, Jésus annonce à la Samaritaine : « L’heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père… mais en esprit et en vérité. »

Lors de Souccot, les Juifs célébraient Dieu dans le Temple, mais Jésus enseigne que la véritable adoration dépasse les lieux physiques et se fait par l’Esprit.

L’ouverture du salut aux non-Juifs

La Samaritaine représente un peuple marginalisé par les Juifs, mais Jésus lui offre le salut. De même, lors de Souccot, il annonce que l’eau vive est pour tous ceux qui croient, juifs et non-juifs.

Ainsi, la rencontre avec la Samaritaine et le discours de Jésus à Souccot sont liés par le thème de l’eau vive, du Saint-Esprit et de l’adoration véritable.

3 – Examinons à présent le texte de Jean 10.22, le fête de Hanouka ou de la dédicace.

Jean 10.22–23 (S21)

22 On célébrait alors à Jérusalem la fête de la dédicace. C’était l’hiver.

23 Jésus marchait dans le temple, sous le portique de Salomon.

(Traduction Louis Segond S21)

La fête de la Dédicace, également connue sous le nom d’Hanoukka (Jean 10:22), célébrée le 15 décembre 32, est une commémoration de la purification du Temple. À cette occasion, Jésus se trouvait à Jérusalem.

Il existe un lien profond entre la fête de la Dédicace (Hanoukka) et le discours de Jésus cité en Jean 10.25-39.

Le contexte de la fête

La fête de la Dédicace commémore la purification et la ré inauguration du Temple après sa profanation par Antiochus Épiphane en 164 av. J.-C. Elle célèbre la victoire des Maccabées et la restauration du culte juif.

Dans Jean 10.22, il est précisé que Jésus se trouvait dans le Temple, sous le portique de Salomon, pendant cette fête. Ce cadre est significatif, car Hanoukka est une célébration de la fidélité à Dieu et de la restauration du sanctuaire, ce qui entre directement en résonance avec le message de Jésus.

L’identité messianique de Jésus

Lors de cette fête, les Juifs interrogent Jésus : « Si tu es le Christ, dis-le-nous franchement. » (Jean 10.24)

Jésus leur répond en affirmant que ses œuvres témoignent de son identité (Jean 10.25), mais que ceux qui ne croient pas ne font pas partie de ses brebis (Jean 10.26). Cette déclaration est cruciale, car Hanoukka célèbre la fidélité à Dieu face à l’oppression. Jésus se présente ici comme le véritable Messie, celui qui accomplit la promesse divine et qui offre la vie éternelle à ses brebis (Jean 10.28).

La déclaration de son unité avec le Père

Jésus va encore plus loin en affirmant : « Moi et le Père, nous sommes un. » (Jean 10.30)

Cette déclaration provoque une réaction violente : les Juifs prennent des pierres pour le lapider, l’accusant de blasphème (Jean 10.31-33). Ce moment est particulièrement significatif dans le cadre d’Hanoukka, une fête qui célèbre la consécration du Temple. Jésus, en affirmant son unité avec Dieu, réinterprète la notion de sanctuaire, indiquant que la véritable présence divine ne réside pas seulement dans un bâtiment, mais en lui-même.

La consécration et l’envoi du Messie

Jésus répond à l’accusation en citant Psaume 82.6 : « N’est-il pas écrit dans votre Loi : J’ai dit : Vous êtes des dieux ? » (Jean 10.34)

Jean 10.34 est un verset fascinant où Jésus répond à l’accusation de blasphème en disant : « N’est-il pas écrit dans votre loi : “J’ai dit : vous êtes des dieux” ? »

Il fait ici référence au Psaume 82.6, où Dieu s’adresse à des juges humains, appelés « dieux » en raison de leur rôle de représentants de la justice divine. Jésus utilise ce passage pour montrer que l’Écriture elle-même emploie le terme “dieux” pour des hommes, alors pourquoi serait-il blasphématoire qu’il se dise Fils de Dieu ?

C’est un argument de type « du moindre au plus grand » : si des humains peuvent être appelés « dieux » dans un sens fonctionnel, combien plus légitime est-il pour Jésus, sanctifié et envoyé par le Père, de se dire Fils de Dieu ?

Il explique que celui que le Père a consacré et envoyé dans le monde ne peut être accusé de blasphème (Jean 10.36). Cette notion de consécration est directement liée à Hanoukka, qui célèbre la sanctification du Temple. Le Messie Jésus se présente ici comme le véritable consacré, celui qui apporte la lumière et la vérité.

Conclusion

Le discours du Messie Jésus rapporté dans Jean 10.25-39 apparait étroitement lié à la fête de la Dédicace, traitant des thèmes de fidélité envers Dieu, de consécration, et de présence divine authentique. Il affirme que le Temple restauré ne se limite plus à une structure physique mais se réfère désormais à lui-même en sa qualité de Messie envoyé par le Père, en tant que Fils de Dieu.

Nous venons de démontrer que le Messie Jésus s’appuyait sur la signification initiale des fêtes auxquelles il assistait pour structurer ses discours. Cela soutient l’hypothèse selon laquelle Jean 5.1 fait effectivement référence à une fête de Pâque.

Conclusion

L’apôtre Jean, certainement conscient de l’importance d’inscrire le ministère du Messie Jésus dans une chronologie cohérente, s’attache à rappeler les différentes fêtes ayant marqué cette période.

Nous pouvons ainsi établir une chronologie plus précise, confirmant que la durée du ministère définie dans Daniel 9.27 est correctement validée. Le sujet a été traité dans l’annexe ANN043 : La vie du Messie Jésus et des fêtes juives, afin d’explorer l’importance des célébrations juives dans le ministère de Jésus. L’annexe montre la corrélation entre le sens de ces fêtes et les événements de la vie du Messie Jésus. Par ses actions, il a redéfini l’histoire de ces célébrations en leur conférant une signification renouvelée tout en préservant leur lien avec les traditions anciennes.

Grâce aux informations de Jean, il est possible de classer chronologiquement la plupart des récits des Évangiles. Certains événements sont toutefois difficiles à situer dans le temps. Dans la synopse présentée, certains faits, heureusement fort peu nombreux, ont été placés arbitrairement en raison du manque de certitude absolue.

Nous tenons à souligner que nos analyses des faits sont basées sur une étude rigoureuse des divers textes bibliques, dans lesquels nous n’avons relevé aucune erreur ni incohérence.