Annexe
Annexe 69
Joseph, le père adoptif de Jésus

Joseph, le père adoptif de Jésus

Pour plus d’informations

Vous pouvez consulter l’annexe ANN040 : Marie la mère de Jésus

Vous pouvez consulter l’annexe ANN018 : Les frères et sœurs de Jésus

Vous pouvez consulter l’annexe ANN004 : La date de la naissance de Jésus

Introduction

Les récits des Évangiles fournissent des informations limitées sur plusieurs de leurs protagonistes, et Joseph, le « père » terrestre de Jésus, ne fait pas exception. Face à ce manque de détails, certains fidèles chrétiens, animés par un désir de mieux connaître ces figures importantes, ont élaboré des récits biographiques non officiels. Cette tendance à enrichir le contexte historique des personnages bibliques s’inscrit dans une tradition ancienne qui cherche à donner vie et substance à des figures autrement mentionnées de manière succincte dans les textes sacrés.

Joseph apparaît 19 fois dans les Évangiles, mais ces occurrences ne nous fournissent que peu d’éléments sur sa vie et son rôle. Ainsi, nous nous trouvons confrontés au défi de distinguer les éléments historiquement avérés de ceux issus de l’imaginaire collectif ou individuel.

Cette démarche nécessite une analyse critique pour séparer les faits historiques des interprétations et des ajouts ultérieurs qui ne figurent pas dans les textes canoniques.

Le Joseph des Evangiles

Joseph, présenté dans les Évangiles, est reconnu principalement comme le père adoptif de Jésus. Dans Matthieu 1.16, il est décrit comme l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus, que l’on appelle le Christ. Bien que l’Évangile de Matthieu 1.13-25, détaille sa relation avec Marie, c’est Luc qui nous éclaire sur la conception miraculeuse de Jésus Luc 1.26-35.

Matthieu 1.16 (S21)

16 Jacob eut pour fils Joseph, l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus, qu’on appelle le Christ.

(Traduction Louis Segond S21)

Luc 1.26–35 (S21)

26 Le sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth,

27 chez une vierge fiancée à un homme de la famille de David, appelé Joseph. Le nom de la vierge était Marie.

28 L’ange entra chez elle et dit: «Je te salue, toi à qui une grâce a été faite, le Seigneur est avec toi. [Tu es bénie parmi les femmes.]»

29 Troublée par cette parole, Marie se demandait ce que pouvait signifier une telle salutation.

30 L’ange lui dit: «N’aie pas peur, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu.

31 Voici que tu seras enceinte. Tu mettras au monde un fils et tu lui donneras le nom de Jésus.

32 Il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son ancêtre.

33 Il régnera sur la famille de Jacob éternellement, son règne n’aura pas de fin.»

34 Marie dit à l’ange: «Comment cela se fera-t-il, puisque je n’ai pas de relations avec un homme?»

35 L’ange lui répondit: «Le Saint-Esprit viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint enfant qui naîtra sera appelé Fils de Dieu.

(Traduction Louis Segond S21)

Des figures telles que Philippe, futur apôtre, et d’autres Juifs contemporains, percevaient Joseph comme le père biologique de Jésus, comme l’attestent Jean 1.45 et Jean 6.41–42.

Jean 1.45 (S21)

45 Philippe rencontra Nathanaël et lui dit : « Nous avons trouvé celui que Moïse a décrit dans la loi et dont les prophètes ont parlé : Jésus de Nazareth, fils de Joseph.

(Traduction Louis Segond S21)

Jean 6.41–42 (S21)

41 Les Juifs murmuraient à son sujet parce qu’il avait dit: «Je suis le pain descendu du ciel»,

42 et ils disaient: «N’est-ce pas Jésus, le fils de Joseph, celui dont nous connaissons le père et la mère? Comment donc peut-il dire: ‘Je suis descendu du ciel’?»

(Traduction Louis Segond S21)

Cette perception est également reflétée dans l’incident rapporté par Luc, où Jésus, à l’âge de 12 ans, est retrouvé dans le temple, étonnant ses parents, Joseph et Marie, par sa compréhension et ses questions aux maîtres juifs (Luc 2.46-51).

Luc 2.46–51 (S21)

46 Au bout de trois jours, ils le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des maîtres ; il les écoutait et les interrogeait.

47 Tous ceux qui l’entendaient étaient stupéfaits de son intelligence et de ses réponses.

48 Quand ses parents le virent, ils furent frappés d’étonnement, et sa mère lui dit : « Mon enfant, pourquoi as-tu agi ainsi avec nous ? Ton père et moi, nous te cherchions avec angoisse. »

49 Il leur dit : « Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu’il faut que je m’occupe des affaires de mon Père ?»

50 Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait.

51 Puis il descendit avec eux pour aller à Nazareth et il leur était soumis. Sa mère gardait précieusement toutes ces choses dans son cœur.

(Traduction Louis Segond S21)

Ces textes indiquent que, dans la vie quotidienne, Joseph était perçu comme le père de Jésus, la connaissance de la conception virginale de Marie n’était pas explicitement mentionnée.

Matthieu 13.54–5 et Marc 6.2–3 révèlent que Joseph exerçait la profession de ‘tekton’, généralement traduit par charpentier, bien que ce terme puisse également désigner un bâtisseur ou un tailleur de pierres.

Cette profession, loin d’être lucrative, indique que Joseph devait travailler ardemment pour subvenir aux besoins de sa famille, dans un contexte où même les esclaves pouvaient se retrouver dans de meilleures conditions matérielles.

Matthieu 13.54–57 (S21)

54 Il se rendit dans sa patrie, et il enseignait dans la synagogue, de sorte que ceux qui l’entendirent étaient étonnés et disaient : « D’où lui viennent cette sagesse et ces miracles ?

55 N’est-il pas le fils du charpentier ? N’est-ce pas Marie qui est sa mère ? Jacques, Joseph, Simon et Jude ne sont-ils pas ses frères ?

56 Et ses sœurs ne sont-elles pas toutes parmi nous ? D’où lui vient donc tout cela ?

57 Et il représentait un obstacle pour eux. Mais Jésus leur dit : « Un prophète n’est méprisé que dans sa patrie et dans sa famille. »

(Traduction Louis Segond S21)

Marc 6.2–3 (S21)

2 Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. Beaucoup de gens l’entendirent ; ils étaient étonnés et disaient : « D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée ? Et comment de tels miracles se font-ils par son intermédiaire ?

3 N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, le frère de Jacques, de Joses, de Jude et de Simon ? Et ses sœurs ne sont-elles pas ici parmi nous ?» Et il représentait un obstacle pour eux.

(Traduction Louis Segond S21)

En somme, les Évangiles brossent un portrait de Joseph comme un homme humble, dévoué à sa famille, et jouant un rôle clé dans l’éducation et la vie de Jésus.

Sa profession et sa situation financière reflètent la vie ordinaire et laborieuse d’un habitant de Nazareth à cette époque.

La disparition de Joseph

Joseph, mentionné dans les Évangiles, disparaît de la narration biblique assez rapidement, particulièrement lorsqu’il s’agit des moments importants de la vie publique et de la crucifixion de Jésus. Cette absence notable suggère qu’il pourrait être décédé avant le début du ministère public de Jésus. Bien que les détails de sa mort ne soient pas explicités dans les textes bibliques, une mort prématurée est plausible, peut-être due à un accident de travail, commun à l’époque.

L’idée répandue que Joseph était considérablement plus âgé que Marie et serait mort de vieillesse repose sur des écrits apocryphes, dont la véracité historique est incertaine. La notion qu’il aurait pu épouser Marie alors qu’il était déjà âgé et elle une jeune fille de 12 ou 13 ans semble peu probable d’un point de vue historique et culturel. De plus, l’hypothèse selon laquelle les frères et sœurs de Jésus seraient issus d’une précédente union de Joseph manque de fondements historiques concrets.

Il est plus probable que Joseph était seulement légèrement plus âgé que Marie. Son décès précoce aurait plongé sa famille dans une situation financière difficile, obligeant Jésus, probablement adolescent à l’époque, à reprendre le rôle de soutien de famille en tant que ‘tekton’. Cette période de la vie de Jésus, non décrite dans les Évangiles, aurait été marquée par le travail acharné et la pauvreté.

Quant à Marie, devenue veuve jeune, un remariage aurait été une pratique courante et socialement acceptable dans la société juive du premier siècle. La loi du lévirat, qui stipulait le remariage avec un frère du défunt dans certaines circonstances, aurait pu s’appliquer. Cependant, les Évangiles ne fournissent aucune information sur un éventuel second mariage de Marie, laissant cette question ouverte à l’interprétation et à la spéculation.

Marie s’est-elle remariée ?

Aborder la question du remariage de Marie après la disparition de Joseph peut sembler délicat, mais il est essentiel de tenir compte des réalités sociales et économiques de l’époque. Pour une veuve jeune avec des enfants, la perte de son époux signifiait souvent une plongée dans la pauvreté et la précarité. Le remariage, dans de telles circonstances, apparaissait non seulement comme une solution viable, mais parfois comme la seule option pour assurer la survie de la famille.

Il est important de replonger dans le contexte historique du premier siècle pour comprendre pleinement l’ampleur de cette problématique. Les écrits du Nouveau Testament, notamment dans les Actes des Apôtres, montrent la nécessité de s’occuper des veuves au sein de la communauté chrétienne primitive, soulignant l’importance de la solidarité familiale et communautaire face à de telles situations.

Cependant, aucun des Évangiles ne mentionne ni n’implique un remariage de Marie. En l’absence de telles informations, il est raisonnable de supposer que la solidarité familiale et le soutien des proches auraient joué un rôle crucial. De plus, le travail des enfants devenait une contribution nécessaire à l’économie familiale.

Selon cette analyse, Jésus, alors âgé d’environ 13 ans, aurait dû assumer des responsabilités adultes et prendre la relève de Joseph pour subvenir aux besoins de sa famille. Cette phase de sa vie, omise dans les récits évangéliques, aurait été caractérisée par des conditions de vie modestes et un travail acharné, reflétant la réalité de nombreuses familles de l’époque.

Joseph et la tradition

Les traditions et certains écrits, non reconnus comme historiquement fiables, ont tenté de combler les lacunes des Évangiles en fournissant des détails sur la vie de Joseph.

Le terme « tekton », utilisé dans Matthieu 13.55 et Marc 6.3 et souvent traduit par « charpentier », pourrait également désigner un tailleur de pierre ou un maçon. D’autres sources, telles que le Didache 88.8, suggèrent que Joseph aurait construit des charrues, le présentant comme un entrepreneur ou un chef d’entreprise, une image qui émerge également dans des écrits apocryphes tels que l’Évangile apocryphe de Jacques. Cependant, la fiabilité de ces détails reste sujette à caution.

Par ailleurs, la tradition, notamment le Proto-évangile de Jacques, suggère que Joseph était nettement plus âgé que Marie. Cette idée semble émerger de la difficulté qu’avaient certains chrétiens des premiers siècles à accepter que Marie ait pu avoir d’autres enfants avec Joseph après la naissance de Jésus.

Pour résoudre ce dilemme, une théorie s’est développée selon laquelle Joseph était veuf et avait déjà des enfants d’un précédent mariage. Des figures telles qu’Origène, Clément d’Alexandrie ou Justin ont fait référence à cette tradition.

Dans le même ordre d’idées, les frères et sœurs mentionnés dans les Évangiles sont parfois requalifiés en cousins et cousines, dans une tentative de préserver l’image de Marie en tant que mère exclusivement de Jésus.

Il est important de noter que ces spéculations ne reposent pas sur des fondements historiques solides, mais reflètent plutôt les croyances et les attentes de quelques communautés chrétiennes de l’époque.

Quant au veuvage de Marie, il est souvent admis sur la base des informations des Évangiles, bien que les circonstances et la cause de la mort de Joseph restent inconnues. Certaines traditions évoquent une mort de vieillesse, mais cette hypothèse, comme d’autres, manque de preuves concrètes pour être affirmée avec certitude.

Conclusion

La disparition du nom de Joseph dans les Évangiles suggère, selon notre interprétation, une mort prématurée, probablement due à un accident de travail, ce qui était courant à cette époque.

Aucun des textes de Matthieu, Marc, Luc ou Jean ne corrobore l’idée que Marie aurait épousé un homme âgé ayant déjà des enfants. Au contraire, les indices laissent plutôt penser qu’elle a épousé un jeune homme de son village avec qui elle a fondé une famille, suivant la norme de l’époque.

Le manque d’informations sur la vie de cette famille dans les Évangiles semble s’expliquer par le fait que leur quotidien ne sortait pas de l’ordinaire de l’époque. La mort prématurée de Joseph n’est pas mentionnée explicitement par les évangélistes, car elle n’était probablement pas considérée comme significative pour leurs récits. Cette absence peut également expliquer pourquoi Jésus a débuté son ministère vers l’âge de 30 ans, comme le note Luc.

Joseph et Marie sont mentionnés dans les Évangiles principalement en tant que parents de Jésus, et non pour leurs propres actions. Il est déduit que la vie de cette famille, probablement similaire à celle de nombreuses autres familles juives de l’époque, a été marquée par la difficulté et la pauvreté, ce qui correspond à notre analyse et à nos conclusions.

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