Annexe
Annexe 13
L’étoile de Bethléem

L’étoile de Bethléem

Pour plus d’informations

Vous pouvez consulter l’annexe ANN012 : Les Mages d’Orient à Bethléem 

Vous pouvez consulter l’annexe ANN016 : Le voyage en Égypte

Vous pouvez consulter l’annexe ANN036 : Le discours de l’Apôtre Pierre

Vous pouvez consulter l’annexe ANN035 : Les trois jours et trois nuits

Introduction

Matthieu est le seul évangéliste à relater l’apparition d’une étoile particulière coïncidant avec la naissance de Jésus. Cette association entre des événements célestes et des moments historiques significatifs, tels que la naissance ou la mort de personnalités marquantes, est fréquente dans l’antiquité.

Des historiens de cette époque, comme Flavius Joseph, mentionnent parfois des éclipses ou d’autres phénomènes astronomiques pour souligner l’importance d’un événement. Bien que certaines de ces coïncidences puissent être réelles, il est souvent admis que dans de nombreux cas, elles relèvent de la légende ou de la création artistique.

Concernant la crucifixion de Jésus, les Évangiles décrivent effectivement des événements météorologiques exceptionnels qui sont considérés par certains comme historiquement crédibles.

Quant à l’étoile mentionnée par Matthieu lors de la naissance de Jésus, celle-ci semble avoir brillé de façon inhabituelle, attirant l’attention de mages ou d’astronomes venus de l’Orient. Il est légitime de se demander si cet élément relève de la légende ou s’il a une base historique concrète. Beaucoup d’exégètes penchent vers l’idée d’une narration mêlant réalité et légende, sans frontière claire entre les deux.

Toutefois, notre perspective est que les textes évangéliques ne relèvent pas de la fabulation, même si certains éléments peuvent défier notre compréhension rationnelle.

Le récit de Matthieu

Matthieu 2.1–2 (S21)

1 Jésus naquit à Bethléhem en Judée, à l’époque du roi Hérode. Or, des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem

2 et dirent: «Où est le roi des Juifs qui vient de naître? En effet, nous avons vu son étoile en Orient et nous sommes venus pour l’adorer.

(Traduction Louis Segond S21)

Matthieu 2.9–11 (S21)

9 Après avoir entendu le roi, ils partirent. L’étoile qu’ils avaient vue en Orient allait devant eux jusqu’à ce qu’elle s’arrête au-dessus du lieu où se trouvait le petit enfant.

10 À la vue de l’étoile, ils furent saisis d’une très grande joie.

11 Entrant dans la maison, ils virent le petit enfant avec Marie, sa mère, se prosternèrent devant lui et l’adorèrent. Puis, ouvrant leurs trésors, ils lui offrirent des cadeaux : de l’or, de l’encens et de la myrrhe.

(Traduction Louis Segond S21)

Matthieu présente une série d’événements liés à la naissance de Jésus, et il est probable qu’il ait recueilli ces informations auprès de Marie, la mère de Jésus, qui était l’une des rares témoins directes encore vivantes à l’époque de la rédaction de son Évangile.

Concernant l’étoile mentionnée par Matthieu, il est plausible que cette information provienne des Mages eux-mêmes, qui ont utilisé un vocabulaire précis et professionnel pour décrire cet événement céleste. Marie a donc sûrement repris les mêmes termes pour raconter ce fait à Matthieu.

L’usage du terme « étoile » par Matthieu suggère la présence d’un phénomène astronomique nouveau et remarquable, conforme aux observations et à l’expertise des Mages en tant qu’astronomes. Il semble peu probable qu’ils aient interprété ce phénomène comme une manifestation surnaturelle ou angélique, car cela aurait probablement été clairement indiqué dans leur récit.

Ainsi, le récit de Matthieu sur l’étoile semble se concentrer sur un événement astronomique exceptionnel, observé et interprété par des experts dans ce domaine. Cette approche souligne l’importance d’analyser les textes bibliques en tenant compte du contexte historique et culturel, ainsi que de la perspective des différents témoins et narrateurs impliqués.

Matthieu 2.9-11 (F.B.)

9 Et eux après avoir écouté le roi, ils partent.
Oh voyez ! l’étoile qu’ils avaient aperçue à l’Orient les précède dans sa course, jusqu’à s’immobiliser au-dessus du lieu où était le petit enfant.

10 A la vue de l’étoile, leur joie est alors une très, très grande joie.

11 Et en arrivant dans la maison, ils voient le petit enfant avec Marie, sa mère, et s’abaissent pour lui rendre hommage, tout en ouvrant leurs trésors.
Et lui offrent leurs dons : or et encens et myrrhe.

(Traduction Frédéric Boyer)

Analyse des faits décrits par Matthieu

Matthieu est effectivement le seul évangéliste à mentionner l’étoile dans son récit. Il débute par une référence claire à un astre singulier, dont l’apparition coïncide, selon les Mages, avec la naissance d’un roi.

Ces Mages, experts en astronomie et éventuellement en astrologie, passent leur temps à observer le ciel, cherchant à interpréter les mouvements et les positions des astres pour en déduire des informations ou des présages, souvent à la demande des rois qui les emploient. Leur étude du ciel s’apparente davantage à une recherche scientifique qu’à une démarche divinatoire.

La seconde mention de l’étoile par Matthieu est particulièrement intrigante, car il indique que l’étoile se déplaçait, ce qui est normal pour les corps célestes, mais qu’elle s’est ensuite arrêtée.

Selon le récit de Matthieu, les Mages ont suivi cette étoile pendant plusieurs mois jusqu’à arriver à Jérusalem, ce qui correspond à la distance et au temps de voyage entre la région de Bagdad et Israël, similaire à celui d’Esdras 7.8 dans la Bible.

Une fois à Jérusalem, à environ 12 km de Bethléem, leur destination finale, les Mages constatent que l’étoile semble s’arrêter au-dessus de Bethléem. Ils trouvent finalement la maison où se trouve l’enfant Jésus, identifié comme le roi des Juifs. Matthieu précise que l’étoile se déplaçait devant les Mages pendant leur voyage et s’est arrêtée au-dessus du lieu où se trouvait Jésus.

Luc, de son côté, mentionne une grande lumière dans le ciel lors de la naissance de Jésus, mais il ne spécifie pas qu’il s’agisse d’une étoile. Il fait plutôt référence à des anges annonçant la naissance aux bergers, un événement qui se déroule plus d’un mois avant l’arrivée des Mages selon Matthieu. Ces deux faits semblent donc distincts et non liés directement.

En résumé, Matthieu décrit un groupe d’astrologues ou d’astronomes qui, partant d’Orient, se dirigent vers l’ouest en suivant un astre particulièrement brillant. Ils suivent la route du croissant fertile, en accord avec le mouvement habituel des astres d’est en ouest.

Arrivés à Jérusalem, leur enquête les conduit à Bethléem, sur indication d’Hérode le Grand. Il est important de noter que Matthieu ne mentionne pas que l’étoile a guidé directement les Mages jusqu’à la maison de naissance de Jésus. Leur arrivée à Bethléem résulte plutôt d’une combinaison de leur observation astronomique et des informations obtenues à Jérusalem.

Les informations de Matthieu

Dans son récit, Matthieu mentionne que l’étoile s’est arrêtée au-dessus du lieu où se trouvait Jésus, ce qui suscite des interrogations sur le plan astronomique.

Deux observations principales méritent d’être soulignées :

L’impossibilité de localiser précisément un lieu par rapport à la position d’une étoile

D’un point de vue astronomique, il est en effet impossible de déterminer un emplacement spécifique sur Terre en se basant uniquement sur la position d’une étoile dans le ciel. La distance entre les étoiles et la Terre est telle que leur position ne peut pas indiquer un point géographique précis.

Matthieu indique que ce n’est pas l’étoile qui a guidé les Mages vers la maison exacte de Jésus, mais plutôt les informations fournies par Hérode et leur enquête subséquente à Bethléem.

Arrêt de l’étoile selon Matthieu

Matthieu décrit l’étoile comme s’arrêtant dans sa course, ce qui est contre-intuitif d’un point de vue astronomique, car les étoiles et autres corps célestes ne s’arrêtent pas dans leur mouvement relatif par rapport à la Terre.

Le terme grec (N° Strong 792), utilisé pour « étoile » dans le récit de Matthieu à quatre reprises, fait référence à un corps céleste naturel. Comment expliquer l’arrêt de cette étoile dans le ciel ?

Proposition d’explications

L’étoile de Bethléem, décrite par l’apôtre Matthieu dans son récit de la naissance de Jésus, continue de captiver les esprits. Ce phénomène céleste, guidant les Mages venus d’Orient, reste un sujet de fascination et de débat. Dans cet article, nous explorons les différentes hypothèses pour comprendre ce mystérieux événement.

1. L’Imagination de Matthieu :

Certains érudits suggèrent que l’histoire de l’étoile pourrait être une création littéraire de Matthieu, destinée à enrichir le récit de la naissance du Christ. Cette perspective pourrait s’aligner sur les conventions littéraires de l’époque, où des phénomènes naturels exceptionnels étaient souvent associés à des événements importants. Cependant, cette hypothèse est souvent rejetée en raison de la précision et de la cohérence interne du récit de Matthieu avec d’autres parties du Nouveau Testament.

2. Miracle de Dieu :

Une interprétation traditionnelle considère l’étoile comme un miracle divin. Cette approche souligne la toute-puissance de Dieu, capable de manipuler la nature pour signaler la naissance de son Fils. Cette explication exige une foi en la possibilité de miracles et s’inscrit dans le contexte des nombreux prodiges associés à la vie de Jésus.

3. Phénomène Astronomique :

Des astronomes modernes ont proposé que l’étoile de Bethléem pourrait être un phénomène naturel, comme un alignement rare de planètes, une comète brillante ou une supernova. Ces événements astronomiques, bien que rares, sont naturellement possibles et pourraient coïncider avec la chronologie du récit biblique.

4. Découverte d’une Nouvelle Étoile :

Cette hypothèse suggère que les Mages, en tant qu’astronomes qualifiés de leur époque, auraient pu identifier un nouvel astre ou une configuration astrale inhabituelle. Cette découverte, unique à leur expertise, pourrait ne pas avoir été évidente pour les observateurs ordinaires.

Nous venons donc de résumer les différentes options pour expliquer le phénomène astrologique décrit par Matthieu. Nous vous proposons maintenant notre théorie sur ce sujet.

Notre théorie

Nous ne sommes pas capables d’affirmer avec une certitude absolue que l’étoile mentionnée par Matthieu soit la conjonction de deux planètes, une comète, ou la découverte d’un nouvel astre.

Cependant, un point est certain : avant la naissance de l’Enfant Jésus, il y a bien eu un phénomène astronomique assez exceptionnel pour attirer l’attention d’observateurs entraînés et avertis.

Cette manifestation astrale est restée relativement confidentielle ; elle aurait poursuivi son existence dans l’anonymat sans l’observation minutieuse et systématique de ces hommes, les Mages d’Orient. Ils ont probablement découvert une nouvelle étoile grâce à leurs instruments d’observation tels que le gnomon.

Nous savons que les observations de cette époque étaient réalisées uniquement à l’œil nu, car il faudra attendre l’Italien Galilée, en 1610, pour qu’un astronome utilise une lunette afin d’observer les astres.

C’est donc grâce à leur étude systématique du ciel, et à leurs yeux experts, qu’ils ont pu découvrir cette nouvelle étoile. Ils se dirigent alors vers l’ouest, ce qui est naturel pour le déplacement d’une étoile.

Tous les soirs, pendant leur voyage d’environ trois mois, ils observent le ciel et retrouvent leur étoile. Ils arrivent enfin à Jérusalem, le phénomène a donc duré au minimum quatre mois, entre la découverte, l’analyse, l’étude, et le voyage.

Pourquoi aller à Jérusalem et pas directement Bethléem ?

Selon nous, cela s’explique par l’observation, la déduction et l’enquête. Ils ont pu suivre l’étoile jusqu’en Israël, ce qui n’est pas très compliqué, car ce pays se trouve à l’extrémité du croissant fertile.

Ils ont suivi la trajectoire naturelle de cette nouvelle étoile d’est en ouest. Le pays d’Israël se trouve à l’ouest de leur localité. À la recherche d’un fils de roi, ils sont conscients qu’ils doivent trouver un palais. Ainsi, ils se rendent à Jérusalem, la ville principale où siègent les autorités et le roi.

Arrivés sur place, ils mènent une enquête parmi la population, sans grande discrétion d’ailleurs, car le roi Hérode est rapidement informé. Ils sont convoqués par le monarque, vieux et malade, qui leur apprend la destination finale de leur voyage : Bethléem.

Le nom du village où doit naître le Messie, ou le Roi des Juifs, est révélé par les religieux juifs qui l’ont déduit de leurs textes sacrés.

Ils repartent donc et, le soir, repèrent de nouveau leur étoile dans le ciel. Elle se situe désormais au-dessus de leurs têtes, ce qui est pour eux le signe qu’ils sont proches de leur but. On peut imaginer qu’ils avaient emporté avec eux leurs documents et leurs gnomons, qui leur permettaient de retrouver facilement un astre déjà observé. Les Juifs n’ayant pas remarqué cette étoile, ont sans doute conclu qu’ils avaient affaire à des illuminés.

Arrivés à Bethléem, après un trajet de 12 kilomètres, ils commencent, comme à Jérusalem, à effectuer des recherches, peut-être même via leurs serviteurs. Ne connaissant pas la date précise de naissance de l’enfant, il n’est pas très compliqué de trouver une famille avec un nourrisson dans un petit village comme Bethléem.

Ils découvrent donc le lieu exact de la maison de Joseph et Marie et sont étonnés, car aucun roi ne vit dans une telle maison, mais ils comprennent que cet enfant est celui qu’ils cherchaient.

Lire l’annexe ANN012 : Les Mages d’Orient.

La question qui reste maintenant

Lorsque les Mages arrivent à Jérusalem, ville royale, ils interrogent les habitants à la recherche d’informations sur la naissance d’un roi, pensant naturellement que cet événement majeur n’aurait pas échappé à l’attention publique. Le roi Hérode, alerté de leur quête par ses espions, consulte alors les autorités religieuses juives. La prédiction d’un roi n’est pas une surprise pour ces dernières, qui révèlent même le lieu de naissance attendu de ce roi, Bethléem.

Bien que Jérusalem soit déjà en émoi à la suite des recherches des Mages, Hérode choisit de les convoquer secrètement. Ce choix ne s’explique par sa volonté de ne pas légitimer davantage la rumeur ni de risquer un soulèvement populaire.

Pour Hérode, seul souverain légitime d’Israël, il importe de minimiser l’impact de cette nouvelle et d’éviter que la population n’établisse un lien entre cet enfant et le Messie attendu par les Juifs. Un soulèvement populaire, alimenté par l’espoir messianique, représente un danger pour sa position.

Ainsi, Hérode fournit aux Mages les informations nécessaires pour localiser Bethléem, mais le fait discrètement pour ne pas encourager l’idée d’un rival potentiel au trône. Bethléem, moins peuplé et plus abordable que Jérusalem en période de fête, semble être un lieu logique pour que la famille de Jésus trouve refuge, d’autant plus qu’ils y ont des origines. À ce moment, tous les pèlerins sont repartis et la vie a repris son rythme normal.

Cependant, la réaction des autorités religieuses juives paraît étonnamment modérée face à une nouvelle aussi capitale. Leur absence d’enthousiasme ou d’intérêt pour cet événement soulève des questions.

Les Mages, observant que l’étoile continue de briller au-dessus d’eux, comprennent qu’ils sont proches de leur destination. Ils établissent probablement leur campement à la sortie de Jérusalem ou peut-être vers Hérodion où se situe le somptueux palais du roi Hérode le Grand.

Le lendemain, forts des renseignements obtenus auprès d’Hérode, ils se rendent à Bethléem et entament une recherche similaire à celle qu’ils avaient menée à Jérusalem. Dans ce petit village, il n’est pas difficile de découvrir une famille avec un nourrisson, ce qui les mène finalement à Jésus.

Conclusion

Depuis Kepler, de nombreux astronomes ont étudié le ciel à la recherche d’une étoile ou d’une source lumineuse correspondant à la description faite par Matthieu.

Les travaux de l’avocat Rick Larson, notamment dans son ouvrage « The Star of Bethlehem« , sont particulièrement intéressants. Il existe en effet une explication cohérente aux propos de Matthieu.

Notre théorie, simple et naturelle, correspond bien aux détails révélés dans le premier Évangile. L’hypothèse selon laquelle ces astronomes auraient découvert une nouvelle étoile, jamais observée auparavant, et interprétée comme le signe de la naissance d’un roi, qui leur a ensuite servi de guide jusqu’à Bethléem, reste une solution plausible et réaliste.

Tous les soirs, pendant plus de trois mois, dès la tombée de la nuit, ils scrutent le ciel et cette fameuse étoile. C’est leur métier. Reste à comprendre comment ils ont fait le lien entre cette découverte et la naissance du Roi des Juifs.

Pourquoi ont-ils pris la décision d’entreprendre ce long voyage ? Peut-on envisager une révélation divine, similaire à celle leur ordonnant de ne pas retourner voir le roi Hérode ?

Ont-ils eu des contacts avec des religieux juifs en exil ? Pour des réponses, consultez l’annexe ANN012 : Les Mages d’Orient.

Chacun peut avoir sa propre idée ou interprétation, mais le point essentiel, comme nous l’avons démontré, est que tout ce que Matthieu a écrit est cohérent et relève donc du domaine historique. Il reste néanmoins surprenant que ce ne soient pas des Juifs, qui attendaient un Messie, qui ont remarqué cette étoile, mais des étrangers résidant dans un pays lointain.

Lorsque nous étudions ces textes, il est important de ne pas y ajouter du merveilleux, au risque de masquer une réalité historique et de la transformer en légende.

Le véritable miracle ici est que ces Mages aient découvert cette étoile au moment précis de la naissance de Jésus, et qu’ils aient été capables d’interpréter cette découverte comme le signe de la naissance d’un roi, le Messie.

Nous imaginons que ces Mages, une fois rentrés chez eux, ont continué à observer cette étoile, car rien n’indique qu’elle a cessé de briller. Nous pensons même qu’elle luit encore dans notre ciel actuel.