Annexe
Annexe 9
Les recensements de Quirinus

Les recensements de Quirinus

Pour plus d’informations

Vous pouvez consulter le chapitre : Le prophÚte Daniel

Vous pouvez consulter l’annexe ANN006 : La date exacte du dĂ©cret

Vous pouvez consulter l’annexe ANN070 : La tentation du Messie JĂ©sus

Vous pouvez consulter l’annexe ANN004 : La date de la naissance du Messie JĂ©sus

Vous pouvez consulter l’annexe ANN014 : Le calendrier juif

Introduction

L’auteur du troisiĂšme Évangile en nous donnant des repĂšres historiques ne pouvait pas se douter des difficultĂ©s que cela entrainerait. Des Ă©vĂ©nements connus Ă  l’époque sont aujourd’hui remis en cause faute de preuve.

Les lecteurs, contemporains de Luc, comprenaient facilement l’ensemble des informations historiques citĂ©es dans son livre. La moindre approximation aurait discrĂ©ditĂ© tout son travail et l’Église aurait naturellement rejetĂ© son rĂ©cit.

Pourtant son livre figure dans le canon Ă©vangĂ©lique que nous possĂ©dons aujourd’hui dans nos Bibles !

Pouvons-nous dans ces conditions douter de l’historicitĂ© des propos de Luc ?

Comment pouvons-nous comprendre le recensement de Quirinus qui a entrainé le voyage de Joseph et Marie ?

Nous allons analyser en dĂ©tail les textes de Luc, afin de voir s’ils confirment les informations du prophĂšte Daniel qui nous ont permis de fixer la date de la crucifixion le 1er avril 33 et donc de sa naissance 33,5 ans plus tĂŽt en octobre -2 av J.-C.

Les textes de Luc

Actes 5.37 (S21)

37 AprĂšs lui est apparu Judas le GalilĂ©en, Ă  l’époque du recensement, et il a attirĂ© du monde Ă  sa suite. Lui aussi est mort et tous ses partisans ont Ă©tĂ© dispersĂ©s.

(Traduction Louis Segond S21)

Luc 2.1–3 (S21)

1 A cette Ă©poque-lĂ  parut un Ă©dit de l’empereur Auguste qui ordonnait le recensement de tout l’Empire.

2 Ce premier recensement eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie.

3 Tous allaient se faire inscrire, chacun dans sa ville d’origine.

(Traduction Louis Segond S21)

Luc fait rĂ©fĂ©rence Ă  deux recensements de Quirinus, il prĂ©cise mĂȘme, dans son Évangile, le premier recensement, ce qui signifie que celui notĂ© dans le livre des Actes des ApĂŽtres constitue le second !

Comment imaginer un instant que le cens de Quirinus en l’an -2 av J.-C. puisse intĂ©resser des lecteurs du 21Ăšme siĂšcle ?

L’histoire ne retient que les Ă©vĂ©nements importants. Parfois de simples fonctionnaires sortent de l’anonymat parce que leur nom se trouve citĂ© dans un livre cĂ©lĂšbre.

Si les historiens de l’époque, avaient pu soupçonner, Ă  ce moment-lĂ , l’importance du Messie JĂ©sus, ils auraient notĂ© toutes les informations qui nous manquent aujourd’hui !

Nous sommes en consĂ©quence obligĂ© d’admettre que nous ne pouvons pas prouver les dires de Luc. Nous ne pouvons pas pour autant les mettre en doute !
Selon l’adage : « Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de traces historiques d’un Ă©vĂ©nement qu’il n’a pas eu lieu » nous sommes en droit d’accepter les affirmations de Luc comme vraies.

L’histoire du monde a retenue prĂ©cisĂ©ment tous les noms des gouverneurs de Syrie Ă  cette Ă©poque sauf pendant la pĂ©riode -4 av J.-C. Ă  -1 av J.-C.

Les recensements de Quirinus

Les renseignements historiques proposées par Luc, ont provoqué des débats inimaginables.

– En effet comment concilier le recensement de Quirinus, citĂ© dans le texte des Actes des ApĂŽtres, et datĂ© par les historiens en l’an 6, avec la naissance de JĂ©sus que nous fixons en l’an -2 ?

Cette difficultĂ© n’a pas Ă©chappĂ© Ă  de nombreux lecteurs, qui ont vu lĂ , une contradiction historique inacceptable. Notons que le problĂšme reste le mĂȘme, si nous plaçons la naissance de JĂ©sus avant l’an -4 av J.-C.

Luc dans son Évangile, fait allusion Ă  un premier recensement lors de la naissance de JĂ©sus, et donc celui citĂ© par Gamaliel constitue un second.

Il existe des preuves du recensement de Quirinus en l’an 6, mais pas de celui de l’an -2 av J.-C. Comme nous l’avons dĂ©jĂ  Ă©voquĂ©, Luc ne pouvait pas inventer ce premier recensement, alors que des tĂ©moins, et en particulier ThĂ©ophile, Ă  qui le livre est adressĂ©, auraient pu le contredire et le discrĂ©diter.

D’autre part quel intĂ©rĂȘt aurait-il trouver en imaginant ce recensement ?

Noter des informations douteuses aurait sapĂ© tout le message de ses deux livres. C’est le contraire qui s’est produit, la vĂ©racitĂ© des faits rapportĂ©s, et la crĂ©dibilitĂ© du tĂ©moignage, ont Ă©tĂ© validĂ©es par les contemporains de Luc, ainsi que par les PĂšres de l’Église.

Nous pouvons donc conclure que pour ces tĂ©moins les deux recensements, notĂ©s par Luc, Ă©taient une Ă©vidence. Le second recensement a entrainĂ© une rĂ©volte importante si bien qu’il Ă©tait impossible Ă  Luc de mĂ©langer ces deux Ă©vĂšnements.

Cela explique aussi pourquoi le second, a marquĂ© l’Histoire alors que le premier est passĂ© inaperçu, sauf, surement pour les contribuables de l’époque.

Le premier recensement de Quirinus

Le premier recensement de Quirinus situe prĂ©cisĂ©ment la naissance de l’Enfant JĂ©sus. En effet, Joseph et Marie quittent Nazareth pour se rendre Ă  BethlĂ©em, leur ville d’origine, afin de s’enregistrer, et c’est Ă  ce moment-lĂ  que Marie accouche.

La thĂ©orie selon laquelle toute cette histoire aurait Ă©tĂ© inventĂ©e dans le but de lĂ©gitimer la messianitĂ© de JĂ©sus, et donc d’impliquer une naissance Ă  BethlĂ©em, n’est pas fondĂ©e.

Nous situons la rĂ©daction de l’Évangile de Luc vers l’an 60, de sorte qu’à ce moment, seules les personnes ĂągĂ©es d’environ 75 ans se rappelleraient de cet Ă©vĂ©nement ! L’apĂŽtre Jean Ă©tait encore en vie ! Nous reconnaissons la difficultĂ© de se souvenir d’une annĂ©e aussi prĂ©cise, mais personne n’a contredit Luc Ă  l’époque. Il apparaĂźt donc que cet Ă©pisode n’a choquĂ© personne lors de la publication du livre de Luc.

Une telle erreur dans le livre de Luc aurait automatiquement été découverte et cela aurait entraßné le rejet de son livre du canon biblique, mais ce ne fut pas le cas !

Par ailleurs, la qualitĂ© de ses investigations, menĂ©es sur une pĂ©riode de plus de 10 ans, ne laisse aucun doute quant Ă  la vĂ©racitĂ© des faits. Nous devrions uniquement envisager une Ă©ventuelle tromperie volontaire de l’auteur dans le but de corroborer les paroles du prophĂšte MichĂ©e !

Nous tombons alors dans la fiction, et soupçonner Luc de mensonges relĂšve d’une mĂ©connaissance totale de son caractĂšre. La seule explication rationnelle aujourd’hui consiste Ă  constater qu’aucune preuve n’a encore Ă©tĂ© dĂ©couverte Ă  ce jour pour confirmer un recensement effectuĂ© par Quirinus en l’an -2 av. J.-C.

Les premiers lecteurs de ce texte ne sont pas des naĂŻfs, et ce genre de dĂ©sinformation aurait Ă©tĂ© rapidement dĂ©celĂ© et condamnĂ©, surtout par les nombreux opposants Ă  cette nouvelle doctrine. N’oublions pas que beaucoup de personnes Ă  cette Ă©poque ont adhĂ©rĂ© au christianisme au pĂ©ril de leur vie !

On ne meurt pas pour des mensonges !

Quoi qu’il en soit, Joseph se soumet Ă  cette directive et, avec Marie, ils partent pour BethlĂ©em oĂč ils arrivent aprĂšs un voyage de cinq jours.

Une autre interprétation de ce recensement

DiffĂ©rentes hypothĂšses, sont Ă©chafaudĂ©es par les historiens, ils envisagent gĂ©nĂ©ralement une erreur de Luc. PlutĂŽt que de spĂ©culer sur ces diffĂ©rentes thĂ©ories, nous nous bornerons Ă  prendre Ă  la lettre ce que nous dit l’EvangĂ©liste Luc.

Il y a bien eu deux mandats de Quirinus le premier en -2 et le second en 6
Les recensements Ă©taient mis en place tous les 5 ans environ Ă  l’époque. Cela concernait les citoyens de l’empire romains. Il Ă©tait capital d’avoir une vue assez prĂ©cise du nombre de personne, et des biens, afin de lever des impĂŽts, et de recruter des soldats.

Les diffĂ©rentes rĂ©voltes dans l’empire pouvaient entraver cette rĂšgle quinquennale. Les deux recensements notĂ©s par Luc correspondent bien Ă  la rĂ©glementation de l’époque.

Jésus est-il né à Bethléem ?

Avant de continuer avec le cens de Quirinus nous souhaitons analyser les informations que nous possédons sur le lieu de naissance de Jésus.

Matthieu 2.1 et Luc 2.4 s’accordent pour situer la naissance du bĂ©bĂ© Ă  BethlĂ©em dans ces conditions pourquoi remettre en cause une telle affirmation ?
Luc dĂ©clare simplement que le couple a quittĂ© Nazareth pour le recensement Ă  BethlĂ©em mais il ne prĂ©cise pas l’endroit oĂč il rĂ©sidait auparavant.

La rĂ©alitĂ© est que certains commentateurs ont trouvĂ© Ă©tonnant que l’enfant soit nĂ© dans la ville prestigieuse de BethlĂ©em parce qu’elle est « la ville de David » et non Ă  Nazareth, petite bourgade insignifiante.

Le manque de preuve historique de ce recensement de Quirinus, le fait que seul Matthieu et Luc Ă©voquent cette naissance Ă  BethlĂ©em et que JĂ©sus soit nommĂ© souvent le « NazarĂ©en » sont autant d’élĂ©ments qui ont conduit des chercheurs Ă  envisager un montage historique afin de prouver la messianitĂ© de l’enfant.

La divergence apparente entre les récits de Matthieu et de Luc, au sujet du voyage en Egypte, vient à leurs yeux appuyer cette thÚse.

Nous rĂ©pondons Ă  cette objection dans l’annexe ANN016 : Le voyage en Egypte.
Nous concluons que ni Matthieu, ni Luc n’ont inventĂ© cette histoire dans le but de dĂ©montrer la confirmation des rĂ©cits prophĂ©tiques. Cette affabulation aurait facilement Ă©tĂ© dĂ©noncĂ©e par les lecteurs et jetĂ© un doute insurmontable sur l’intĂ©gritĂ© des deux auteurs.

Cette critique est Ă©galement Ă  l’origine de l’hypothĂšse de certains chercheurs selon laquelle les textes bibliques auraient Ă©tĂ© rĂ©digĂ©s Ă  une pĂ©riode tardive, Ă  un moment oĂč il n’était plus possible de vĂ©rifier ou de contester les informations qu’ils contiennent.

Cette thĂ©orie suggĂšre que, faute de tĂ©moins oculaires ou de sources contemporaines pouvant confirmer ou infirmer ces rĂ©cits, les auteurs auraient eu une plus grande libertĂ© pour formuler les rĂ©cits historiques et doctrinaux. Cependant, cette perspective est contestĂ©e par d’autres Ă©rudits, qui avancent des arguments en faveur d’une datation plus ancienne, s’appuyant sur des analyses textuelles, archĂ©ologiques et historiques.

Le travail de Luc est celui d’un historien, il se contente uniquement de rappeler des faits qui sont encore inscrits dans la mĂ©moire collective.

Le caractÚre hébraïque de ce cens

Il est pertinent de souligner l’autonomie notable dont jouissait le roi HĂ©rode en tant que monarque vassal sous l’égide romaine. Rome, privilĂ©giant gĂ©nĂ©ralement une approche non interventionniste, se gardait de s’immiscer dans les affaires internes de son royaume.

Deux Ă©lĂ©ments clĂ©s doivent ĂȘtre considĂ©rĂ©s : l’ñge avancĂ© d’HĂ©rode et sa santĂ© dĂ©clinante. L’empire romain envisageait-il dĂ©jĂ  une transition de pouvoir ?

Quirinus, en tant que diplomate expĂ©rimentĂ©, aurait Ă©vitĂ© d’imposer des directives susceptibles d’offenser HĂ©rode ou de provoquer des troubles. Cela est illustrĂ© par la rĂ©volte de Judas le GalilĂ©en en l’an 6 et la perte de la Germanie par Rome suite Ă  une rĂ©volte similaire en l’an 9.

Bien que Quirinus reprĂ©sentĂąt l’autoritĂ© de Rome, il devait tenir compte des particularitĂ©s rĂ©gionales. Comment a-t-il alors convaincu HĂ©rode de l’importance de ce cens ?

Probablement par la promesse de recettes fiscales supplĂ©mentaires. Le caractĂšre distinctement hĂ©breu de ce cens, impliquant le retour dans sa ville d’origine et l’affiliation tribale, est Ă  noter. Il paraĂźt peu probable que Rome ait exigĂ© de tous les citoyens de l’empire de retourner dans leur ville natale pour le recensement, Ă©tant donnĂ© les dĂ©sordres logistiques et les coĂ»ts que cela aurait engendrĂ©s.

Ainsi, il est plausible que cette spĂ©cificitĂ© ait Ă©tĂ© une initiative d’HĂ©rode, cherchant Ă  affirmer son autoritĂ© royale, avec l’assentiment de Quirinus. Les fonctionnaires romains auraient enregistrĂ© les citoyens dans leur ville actuelle, Ă©vitant le chaos d’un dĂ©placement massif.

Les serviteurs d’HĂ©rode, sous la supervision de Quirinus, auraient donc rĂ©alisĂ© ce recensement, qui n’a pas provoquĂ© de troubles sociaux et est restĂ© relativement mĂ©connu.

D’un point de vue historique, rien ne vient remettre en question la fiabilitĂ© des Ă©crits de Luc. Les doutes Ă  son Ă©gard semblent plus ĂȘtre le fruit de prĂ©jugĂ©s que de preuves historiques tangibles. Luc, dans son rĂ©cit, non seulement fournit des informations fiables mais confirme aussi, indirectement, les prophĂ©ties de Daniel, de MichĂ©e et d’ÉsaĂŻe.

Conclusion

Luc, dans la rĂ©daction de son rĂ©cit, a menĂ© des recherches minutieuses, comme il l’indique lui-mĂȘme. Il serait illogique de supposer qu’il ait pu fabriquer un Ă©vĂ©nement aussi significatif ou commettre une erreur de cette ampleur.

Sa principale prĂ©occupation Ă©tait d’assurer la cohĂ©rence et la vĂ©racitĂ© de son rĂ©cit, sachant bien que toute incohĂ©rence aurait Ă©tĂ© rapidement dĂ©noncĂ©e par ses contemporains et aurait compromis la fiabilitĂ© de l’ensemble de son Ɠuvre.

L’objectif de Luc n’était pas de rĂ©inventer l’histoire, mais de la relater avec prĂ©cision. Si ses lecteurs initiaux n’avaient pas identifiĂ© d’erreurs dans son compte-rendu, il est certain que les recherches historiques ultĂ©rieures l’auraient fait. Or, aucune remise en question majeure de ses affirmations n’a Ă©mergĂ© Ă  ce jour.

Par consĂ©quent, nous pouvons raisonnablement accorder du crĂ©dit aux dĂ©clarations de Luc et envisager la rĂ©alisation d’un recensement autour de l’an -2 av. J.-C., ce qui correspondrait Ă  ‘ce premier recensement’ mentionnĂ© dans ses Ă©crits.