
Les recensements de Quirinus
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Introduction
L’auteur du troisième Évangile en nous donnant des repères historiques ne pouvait pas se douter des difficultés que cela entrainerait. Des événements connus à l’époque sont aujourd’hui remis en cause faute de preuve.
Les lecteurs, contemporains de Luc, comprenaient facilement l’ensemble des informations historiques citées dans son livre. La moindre approximation aurait discrédité tout son travail et l’Église aurait naturellement rejeté son récit.
Pourtant son livre figure dans le canon évangélique que nous possédons aujourd’hui dans nos Bibles !
Pouvons-nous dans ces conditions douter de l’historicité des propos de Luc ?
Comment pouvons-nous comprendre le recensement de Quirinus qui a entrainé le voyage de Joseph et Marie ?
Nous allons analyser en détail les textes de Luc, afin de voir s’ils confirment les informations du prophète Daniel qui nous ont permis de fixer la date de la crucifixion le 1er avril 33 et donc de sa naissance 33,5 ans plus tôt en octobre -2 av J.-C.
Les textes de Luc
Luc fait référence à deux recensements de Quirinus, il précise même, dans son Évangile, le premier recensement, ce qui signifie que celui noté dans le livre des Actes des Apôtres constitue le second !
Comment imaginer un instant que le cens de Quirinus en l’an -2 av J.-C. puisse intéresser des lecteurs du 21ème siècle ?
L’histoire ne retient que les événements importants. Parfois de simples fonctionnaires sortent de l’anonymat parce que leur nom se trouve cité dans un livre célèbre.
Si les historiens de l’époque, avaient pu soupçonner, à ce moment-là, l’importance du Messie Jésus, ils auraient noté toutes les informations qui nous manquent aujourd’hui !
Nous sommes en conséquence obligé d’admettre que nous ne pouvons pas prouver les dires de Luc. Nous ne pouvons pas pour autant les mettre en doute !
Selon l’adage : « Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de traces historiques d’un événement qu’il n’a pas eu lieu » nous sommes en droit d’accepter les affirmations de Luc comme vraies.
L’histoire du monde a retenue précisément tous les noms des gouverneurs de Syrie à cette époque sauf pendant la période -4 av J.-C. à -1 av J.-C.
Les recensements de Quirinus
Les renseignements historiques proposées par Luc, ont provoqué des débats inimaginables.
– En effet comment concilier le recensement de Quirinus, cité dans le texte des Actes des Apôtres, et daté par les historiens en l’an 6, avec la naissance de Jésus que nous fixons en l’an -2 ?
Cette difficulté n’a pas échappé à de nombreux lecteurs, qui ont vu là, une contradiction historique inacceptable. Notons que le problème reste le même, si nous plaçons la naissance de Jésus avant l’an -4 av J.-C.
Luc dans son Évangile, fait allusion à un premier recensement lors de la naissance de Jésus, et donc celui cité par Gamaliel constitue un second.
Il existe des preuves du recensement de Quirinus en l’an 6, mais pas de celui de l’an -2 av J.-C. Comme nous l’avons déjà évoqué, Luc ne pouvait pas inventer ce premier recensement, alors que des témoins, et en particulier Théophile, à qui le livre est adressé, auraient pu le contredire et le discréditer.
D’autre part quel intérêt aurait-il trouver en imaginant ce recensement ?
Noter des informations douteuses aurait sapé tout le message de ses deux livres. C’est le contraire qui s’est produit, la véracité des faits rapportés, et la crédibilité du témoignage, ont été validées par les contemporains de Luc, ainsi que par les Pères de l’Église.
Nous pouvons donc conclure que pour ces témoins les deux recensements, notés par Luc, étaient une évidence. Le second recensement a entrainé une révolte importante si bien qu’il était impossible à Luc de mélanger ces deux évènements.
Cela explique aussi pourquoi le second, a marqué l’Histoire alors que le premier est passé inaperçu, sauf, surement pour les contribuables de l’époque.
Le premier recensement de Quirinus
Le premier recensement de Quirinus situe précisément la naissance de l’Enfant Jésus. En effet, Joseph et Marie quittent Nazareth pour se rendre à Bethléem, leur ville d’origine, afin de s’enregistrer, et c’est à ce moment-là que Marie accouche.
La théorie selon laquelle toute cette histoire aurait été inventée dans le but de légitimer la messianité de Jésus, et donc d’impliquer une naissance à Bethléem, n’est pas fondée.
Nous situons la rédaction de l’Évangile de Luc vers l’an 60, de sorte qu’à ce moment, seules les personnes âgées d’environ 75 ans se rappelleraient de cet événement ! L’apôtre Jean était encore en vie ! Nous reconnaissons la difficulté de se souvenir d’une année aussi précise, mais personne n’a contredit Luc à l’époque. Il apparaît donc que cet épisode n’a choqué personne lors de la publication du livre de Luc.
Une telle erreur dans le livre de Luc aurait automatiquement été découverte et cela aurait entraîné le rejet de son livre du canon biblique, mais ce ne fut pas le cas !
Par ailleurs, la qualité de ses investigations, menées sur une période de plus de 10 ans, ne laisse aucun doute quant à la véracité des faits. Nous devrions uniquement envisager une éventuelle tromperie volontaire de l’auteur dans le but de corroborer les paroles du prophète Michée !
Nous tombons alors dans la fiction, et soupçonner Luc de mensonges relève d’une méconnaissance totale de son caractère. La seule explication rationnelle aujourd’hui consiste à constater qu’aucune preuve n’a encore été découverte à ce jour pour confirmer un recensement effectué par Quirinus en l’an -2 av. J.-C.
Les premiers lecteurs de ce texte ne sont pas des naïfs, et ce genre de désinformation aurait été rapidement décelé et condamné, surtout par les nombreux opposants à cette nouvelle doctrine. N’oublions pas que beaucoup de personnes à cette époque ont adhéré au christianisme au péril de leur vie !
On ne meurt pas pour des mensonges !
Quoi qu’il en soit, Joseph se soumet à cette directive et, avec Marie, ils partent pour Bethléem où ils arrivent après un voyage de cinq jours.
Une autre interprétation de ce recensement
Différentes hypothèses, sont échafaudées par les historiens, ils envisagent généralement une erreur de Luc. Plutôt que de spéculer sur ces différentes théories, nous nous bornerons à prendre à la lettre ce que nous dit l’Evangéliste Luc.
Il y a bien eu deux mandats de Quirinus le premier en -2 et le second en 6
Les recensements étaient mis en place tous les 5 ans environ à l’époque. Cela concernait les citoyens de l’empire romains. Il était capital d’avoir une vue assez précise du nombre de personne, et des biens, afin de lever des impôts, et de recruter des soldats.
Les différentes révoltes dans l’empire pouvaient entraver cette règle quinquennale. Les deux recensements notés par Luc correspondent bien à la réglementation de l’époque.
Jésus est-il né à Bethléem ?
Avant de continuer avec le cens de Quirinus nous souhaitons analyser les informations que nous possédons sur le lieu de naissance de Jésus.
Matthieu 2.1 et Luc 2.4 s’accordent pour situer la naissance du bébé à Bethléem dans ces conditions pourquoi remettre en cause une telle affirmation ?
Luc déclare simplement que le couple a quitté Nazareth pour le recensement à Bethléem mais il ne précise pas l’endroit où il résidait auparavant.
La réalité est que certains commentateurs ont trouvé étonnant que l’enfant soit né dans la ville prestigieuse de Bethléem parce qu’elle est « la ville de David » et non à Nazareth, petite bourgade insignifiante.
Le manque de preuve historique de ce recensement de Quirinus, le fait que seul Matthieu et Luc évoquent cette naissance à Bethléem et que Jésus soit nommé souvent le « Nazaréen » sont autant d’éléments qui ont conduit des chercheurs à envisager un montage historique afin de prouver la messianité de l’enfant.
La divergence apparente entre les récits de Matthieu et de Luc, au sujet du voyage en Egypte, vient à leurs yeux appuyer cette thèse.
Nous répondons à cette objection dans l’annexe ANN016 : Le voyage en Egypte.
Nous concluons que ni Matthieu, ni Luc n’ont inventé cette histoire dans le but de démontrer la confirmation des récits prophétiques. Cette affabulation aurait facilement été dénoncée par les lecteurs et jeté un doute insurmontable sur l’intégrité des deux auteurs.
Cette critique est également à l’origine de l’hypothèse de certains chercheurs selon laquelle les textes bibliques auraient été rédigés à une période tardive, à un moment où il n’était plus possible de vérifier ou de contester les informations qu’ils contiennent.
Cette théorie suggère que, faute de témoins oculaires ou de sources contemporaines pouvant confirmer ou infirmer ces récits, les auteurs auraient eu une plus grande liberté pour formuler les récits historiques et doctrinaux. Cependant, cette perspective est contestée par d’autres érudits, qui avancent des arguments en faveur d’une datation plus ancienne, s’appuyant sur des analyses textuelles, archéologiques et historiques.
Le travail de Luc est celui d’un historien, il se contente uniquement de rappeler des faits qui sont encore inscrits dans la mémoire collective.
Le caractère hébraïque de ce cens
Il est pertinent de souligner l’autonomie notable dont jouissait le roi Hérode en tant que monarque vassal sous l’égide romaine. Rome, privilégiant généralement une approche non interventionniste, se gardait de s’immiscer dans les affaires internes de son royaume.
Deux éléments clés doivent être considérés : l’âge avancé d’Hérode et sa santé déclinante. L’empire romain envisageait-il déjà une transition de pouvoir ?
Quirinus, en tant que diplomate expérimenté, aurait évité d’imposer des directives susceptibles d’offenser Hérode ou de provoquer des troubles. Cela est illustré par la révolte de Judas le Galiléen en l’an 6 et la perte de la Germanie par Rome suite à une révolte similaire en l’an 9.
Bien que Quirinus représentât l’autorité de Rome, il devait tenir compte des particularités régionales. Comment a-t-il alors convaincu Hérode de l’importance de ce cens ?
Probablement par la promesse de recettes fiscales supplémentaires. Le caractère distinctement hébreu de ce cens, impliquant le retour dans sa ville d’origine et l’affiliation tribale, est à noter. Il paraît peu probable que Rome ait exigé de tous les citoyens de l’empire de retourner dans leur ville natale pour le recensement, étant donné les désordres logistiques et les coûts que cela aurait engendrés.
Ainsi, il est plausible que cette spécificité ait été une initiative d’Hérode, cherchant à affirmer son autorité royale, avec l’assentiment de Quirinus. Les fonctionnaires romains auraient enregistré les citoyens dans leur ville actuelle, évitant le chaos d’un déplacement massif.
Les serviteurs d’Hérode, sous la supervision de Quirinus, auraient donc réalisé ce recensement, qui n’a pas provoqué de troubles sociaux et est resté relativement méconnu.
D’un point de vue historique, rien ne vient remettre en question la fiabilité des écrits de Luc. Les doutes à son égard semblent plus être le fruit de préjugés que de preuves historiques tangibles. Luc, dans son récit, non seulement fournit des informations fiables mais confirme aussi, indirectement, les prophéties de Daniel, de Michée et d’Ésaïe.
Conclusion
Luc, dans la rédaction de son récit, a mené des recherches minutieuses, comme il l’indique lui-même. Il serait illogique de supposer qu’il ait pu fabriquer un événement aussi significatif ou commettre une erreur de cette ampleur.
Sa principale préoccupation était d’assurer la cohérence et la véracité de son récit, sachant bien que toute incohérence aurait été rapidement dénoncée par ses contemporains et aurait compromis la fiabilité de l’ensemble de son œuvre.
L’objectif de Luc n’était pas de réinventer l’histoire, mais de la relater avec précision. Si ses lecteurs initiaux n’avaient pas identifié d’erreurs dans son compte-rendu, il est certain que les recherches historiques ultérieures l’auraient fait. Or, aucune remise en question majeure de ses affirmations n’a émergé à ce jour.
Par conséquent, nous pouvons raisonnablement accorder du crédit aux déclarations de Luc et envisager la réalisation d’un recensement autour de l’an -2 av. J.-C., ce qui correspondrait à ‘ce premier recensement’ mentionné dans ses écrits.