Histoire
Bible 014
La Bible confrontée à l’IA

Pour plus d’informations

Vous pouvez consulter le chapitre : Les contradictions

Introduction

L’IA (Intelligence Artificielle) a de quoi effrayer tant son influence devient importante de nos jours (Décembre 2025). Cette explosion permet des exploits littéraires, des développements dignes d’experts, des présentations magnifiques et des photos stupéfiantes. Il semble que ce ne soit que les débuts de cette intégration de l’IA dans les travaux des hommes.

Ce qui va nous intéresser ce sera l’influence de l’IA dans une traduction des textes Hébreux et Grec de nos Bibles. Pouvons nous imaginer la traduction parfaite qui ferait l’unanimité dans toutes les Eglise, une transcription sans trahison humaine, juste une correspondance littérale des écrits originaux.

Pouvons nous espérer une synthèse de toutes les traductions des textes bibliques et ensuite une transposition dans n’importe quelle langue ignorant ainsi les convictions des traducteurs humains ?

I. La difficulté de traduire un texte ancien

La traduction d’un texte ancien comme la Bible est une tâche complexe, exigeante et profondément délicate. Voici les principales difficultés que rencontrent les traducteurs, surtout quand il s’agit de rendre le texte accessible sans jargon religieux :

  1. Langues anciennes et nuances perdues

La Bible a été écrite en hébreu, araméen et grec ancien, des langues très différentes du français moderne. Certains mots n’ont pas d’équivalent direct : par exemple, le mot hébreu « nephesh » peut signifier « âme », « vie », « personne », selon le contexte.

Les verbes, les temps, les constructions poétiques ou prophétiques sont souvent intraduisibles littéralement.

  1. Symboles et images culturelles

Les textes bibliques sont remplis de symboles enracinés dans la culture antique : le figuier, l’huile, le désert, les trompettes, etc. Ces images parlent à un lecteur du Ier siècle, mais peuvent sembler obscures ou déformées pour un lecteur contemporain.

Traduire, c’est souvent interpréter : faut-il garder le symbole tel quel ou le transposer dans une image plus actuelle ?

  1. Évolution du sens des mots

Certains mots ont changé de sens au fil du temps. Exemple : le mot « charité » dans les anciennes traductions signifie « amour », mais aujourd’hui il évoque l’aide aux pauvres.

Une traduction trop littérale peut induire en erreur ou créer des contresens.

  1. Choix théologiques et doctrinaux

Chaque traduction implique des choix d’interprétation. Exemple : faut-il traduire logos par « parole », « raison », « discours » ?

Les traducteurs doivent équilibrer fidélité au texte et clarté pour le lecteur, sans imposer une lecture dogmatique.

  1. Style et oralité

Les textes bibliques ont souvent une structure orale : répétitions, rythmes, formules mémorisables. Une bonne traduction doit respecter cette musicalité, tout en restant fluide et compréhensible.

C’est particulièrement important pour les passages prophétiques ou poétiques.

Synthèse

Traduire la Bible, ce n’est pas simplement convertir des mots d’une langue à une autre. C’est transmettre un sens, une émotion, une vision, en respectant le texte original tout en le rendant vivant pour le lecteur d’aujourd’hui. Cela demande rigueur, sensibilité, et parfois créativité.

II. La traduction S21

La traduction de la Bible Segond 21 (S21) a pris environ 12 ans de travail.

Détails sur la durée de réalisation

Le projet a été lancé en 1995 par la Société Biblique de Genève, avec l’objectif de proposer une traduction fidèle aux textes originaux mais formulée dans un langage moderne.

Une première version partielle (le Nouveau Testament) est parue en 2004 sous le nom de Nouvelle Segond 21.

La traduction complète, incluant l’Ancien Testament, a été publiée en 2007.

Au total, 12 années de travail ont été nécessaires pour réviser les textes hébreux, araméens et grecs, comparer les manuscrits disponibles (Codex de Leningrad pour l’Ancien Testament, Codex Sinaiticus et Vaticanus pour le Nouveau Testament), et produire une version accessible au lecteur contemporain.

Pourquoi autant de temps ?

Fidélité aux textes originaux : les traducteurs ont voulu rester proches des manuscrits anciens, en évitant les reconstructions hypothétiques.

Langage moderne : l’objectif était de rendre la Bible compréhensible pour le lecteur du XXIe siècle, sans sacrifier la précision.

Travail collectif : une équipe de traducteurs et de réviseurs a travaillé de manière continue pour harmoniser le style et vérifier chaque passage.

La Segond 21, « L’original, avec les mots d’aujourd’hui », est le fruit de 12 ans de travail, entre fidélité et modernité.

III. L’IA aurait-elle pu effectuer ce travail ?

Nous venons d’entrevoir la complexité et la profondeur du travail derrière la Segond 21. Si l’on se demande si une IA aurait pu effectuer ce travail, il faut distinguer plusieurs dimensions :

Ce qu’une IA pourrait faire

Analyse linguistique rapide : une IA peut comparer des milliers de manuscrits, repérer des variantes textuelles, et proposer des correspondances entre hébreu, araméen, grec et français en quelques secondes.

Propositions de traduction : elle peut générer des traductions littérales ou dynamiques, en fonction des règles qu’on lui donne.

Uniformisation stylistique : l’IA excelle à harmoniser vocabulaire et syntaxe pour garantir une cohérence sur l’ensemble du texte.

Accessibilité moderne : elle peut adapter le langage au lecteur contemporain, en proposant des reformulations claires et fluides.

Ce qui reste difficile pour une IA

Choix théologiques et herméneutiques : traduire la Bible n’est pas seulement une opération linguistique, c’est aussi une interprétation. Par exemple, décider entre une traduction littérale ou une traduction plus dynamique implique une vision théologique et pastorale.

Nuances culturelles et symboliques : une IA peut manquer la profondeur symbolique ou spirituelle que des traducteurs humains cherchent à préserver.

Travail collectif et débat : la Segond 21 est le fruit de discussions, compromis et décisions humaines. Une IA peut proposer, mais elle ne débat pas ni ne prend en compte la dimension ecclésiale et communautaire.

Responsabilité et autorité : une traduction biblique engage une institution et des personnes qui assument la fidélité et la réception du texte. Une IA ne peut porter cette responsabilité.

Comparaison avec les 12 ans de travail humain

Durée : une IA aurait pu accélérer certaines étapes (comparaison des manuscrits, harmonisation stylistique).

Qualité : sans supervision humaine, le résultat risquerait d’être trop mécanique ou manquer de profondeur spirituelle.

Réalité actuelle : aujourd’hui, les projets de traduction biblique utilisent déjà des outils informatiques et parfois des IA pour assister, mais jamais pour remplacer le discernement humain.

En résumé : oui, une IA aurait pu réduire le temps technique, mais non, elle n’aurait pas pu remplacer le travail humain de discernement, de débat et de responsabilité spirituelle. La Segond 21 est autant une œuvre de traduction qu’une œuvre de foi et de communauté.

 

IV. Prenons un exemple concret

Faisons un petit comparatif concret pour montrer la différence entre une traduction brute générée par une IA et la Segond 21. Cela illustre bien pourquoi 12 ans de travail humain étaient nécessaires.

Exemple : Jean 1.1

Texte grec original : « Ἐν ἀρχῇ ἦν ὁ λόγος, καὶ ὁ λόγος ἦν πρὸς τὸν θεόν, καὶ θεὸς ἦν ὁ λόγος. »

Traduction brute par IA (littérale, sans nuance)

« Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et Dieu était la Parole. »

Fidèle au mot à mot, mais un peu raide. Le dernier segment « Dieu était la Parole » peut sembler ambigu ou maladroit en français moderne.

Pas de choix stylistique, juste une transposition mécanique.

Version Segond 21

« Au commencement, la Parole existait déjà. La Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. »

Plus fluide et compréhensible pour un lecteur contemporain. Le choix « existait déjà » rend l’idée plus claire que le simple « était ». Le dernier segment « la Parole était Dieu » évite l’ambiguïté et garde la force théologique.

Analyse

IA : rapide, littéral, utile pour une première approche linguistique.

IH (Humains) (Segond 21) : ajoutent clarté, cohérence stylistique, et discernement théologique.

L’utilisation de l’intelligence artificielle pour la traduction fournit une base brute, fidèle au texte source mais souvent dépourvue de nuance ou de style. Cette première étape, bien que rapide et utile pour une analyse linguistique initiale, manque parfois de clarté ou d’accessibilité pour un lecteur contemporain.

C’est alors que l’intervention humaine prend tout son sens. Par le travail d’affinement, l’humain apporte clarté, cohérence stylistique et discernement, rendant le texte vivant et compréhensible. L’exemple de la version Segond 21 illustre comment les choix de formulation humaine permettent d’éviter les ambiguïtés et de transmettre toute la force du contenu original, là où la machine se contente d’une transposition mécanique.

V. Un beau texte est-il suffisant ?

Voici une question essentielle. La traduction de la Bible n’est pas seulement un exercice littéraire ou linguistique : elle engage une dimension spirituelle que beaucoup considèrent indispensable.

Le beau texte : nécessaire mais pas suffisant

Un texte fluide, harmonieux et compréhensible est crucial pour que les lecteurs puissent accéder au message.

Les traducteurs humains (comme pour la Segond 21) ont cherché à rendre la Parole vivante et claire pour le lecteur moderne.

Mais un style élégant ne garantit pas que le sens profond et spirituel soit transmis.

La dimension spirituelle

Tradition chrétienne : la traduction de la Bible est souvent comprise comme un ministère, où l’Esprit Saint accompagne et éclaire les traducteurs.

Discernement : certaines décisions de traduction ne sont pas purement techniques. Elles impliquent une compréhension théologique, pastorale et spirituelle.

Communauté : les traducteurs travaillent en dialogue avec l’Eglise et ses lecteurs, ce qui inscrit leur travail dans une dynamique spirituelle partagée.

L’équilibre

IA ou technique seule : peut produire un texte correct, mais sans discernement spirituel.

Travail humain guidé par l’Esprit : cherche à transmettre non seulement les mots, mais aussi la Parole vivante qui nourrit la foi.

C’est pourquoi beaucoup insistent que la traduction biblique est à la fois un travail intellectuel et un acte spirituel.

En résumé : un beau texte est une condition nécessaire, mais la traduction biblique est aussi un acte de foi. Les traducteurs ne se contentent pas de rendre les mots accessibles, ils cherchent à transmettre la Parole dans toute sa profondeur spirituelle, en se laissant guider par l’Esprit Saint.

 

VI. L’IA serait-elle un bon serviteur dans le cadre de ce travail ?

Maintenant nous arrivons à une question cruciale : l’intelligence artificielle peut-elle être un outil efficace dans le travail de traduction biblique ?

Les atouts de l’IA comme outil

Gain de temps : l’IA peut comparer rapidement des manuscrits, repérer des variantes textuelles et proposer des correspondances linguistiques.

Assistance linguistique : elle peut générer des traductions brutes, suggérer des synonymes, harmoniser le style et vérifier la cohérence terminologique.

Accessibilité : elle peut adapter le langage pour différents publics (jeunes, lecteurs non spécialistes, etc.), en créant des versions simplifiées ou contextualisées.

Support pédagogique : l’IA peut produire des schémas, frises chronologiques, cartes conceptuelles ou comparatifs pour aider à l’enseignement.

Les limites incontournables

Dimension spirituelle : traduire la Bible n’est pas seulement transposer des mots, c’est transmettre une Parole vivante. L’IA ne peut pas discerner ni être guidée par l’Esprit Saint.

Choix théologiques : certaines décisions de traduction impliquent une interprétation spirituelle et ecclésiale, que l’IA ne peut assumer.

Responsabilité communautaire : une traduction engage une institution et des personnes qui portent la responsabilité devant les lecteurs et l’Eglise.

Nuances symboliques : l’IA peut manquer la profondeur des images bibliques et leur résonance spirituelle dans la tradition.

Conclusion

Oui, l’IA peut être un outil efficace d’assistance technique et pédagogique : elle accélère, compare, harmonise, propose.

Non, elle ne peut pas remplacer le travail humain spirituel et communautaire : le discernement, la prière et l’influence de l’Esprit Saint restent essentiels.

En clair, l’IA peut être un allié précieux pour les traducteurs et enseignants, mais jamais un substitut. Elle est un instrument, pas une autorité.

VII. Y a-t-il actuellement des initiatives de traduction reposant sur l’intelligence artificielle ?

Il existe aujourd’hui plusieurs initiatives qui explorent l’usage de l’intelligence artificielle pour la traduction de la Bible, mais elles restent des outils d’assistance et non des substituts au travail spirituel et communautaire.

Initiatives actuelles

Scripture Forge (2024) : un projet lancé par Wycliffe et ses partenaires, qui utilise l’IA pour assister les traducteurs dans près de 500 projets à travers le monde. L’outil aide à proposer des brouillons de traduction, comparer des variantes et accélérer le travail, mais toujours sous supervision humaine.

Wycliffe Associates – Groupe de travail IA : cette organisation missionnaire a créé une équipe dédiée pour explorer comment l’IA peut soutenir les traducteurs de langue maternelle. Leur objectif est d’améliorer la qualité et la cohérence des traductions tout en respectant des lignes directrices éthiques et doctrinales.

HelloBible (2024) : une application en cours de lancement qui utilise l’IA pour faciliter l’étude biblique. Elle insiste sur le fait que l’IA est un outil complémentaire et non un substitut à l’Esprit Saint, visant à enrichir la compréhension des textes sacrés.

Conclusion

L’IA est déjà utilisée dans la traduction biblique, mais comme un outil d’assistance. Elle accélère et facilite le travail, surtout dans les langues minoritaires, mais elle ne remplace pas le rôle spirituel, théologique et communautaire des traducteurs humains.

À ce jour (9 décembre 2025), ni la Société Biblique de Genève (SBG) ni la Société Biblique Française (SBF) n’ont annoncé de projets de traduction biblique reposant directement sur l’intelligence artificielle. Elles utilisent des outils numériques (applications, éditions électroniques, plateformes d’étude), mais pas d’IA pour la traduction elle-même.

Société Biblique de Genève (SBG)

La SBG est l’éditeur de la Segond 21, fruit de 12 ans de travail humain (1995–2007).

Aujourd’hui, elle propose des applications d’étude biblique (Segond 21, Nouvelle Édition de Genève, etc.) avec fonctionnalités modernes : recherche avancée, surlignage, notes personnelles, plans de lecture.

Ces outils sont numériques, mais ils ne reposent pas sur l’IA pour la traduction. L’objectif reste de rendre la Bible accessible à un large public, avec un prix volontairement bas et une diffusion massive.

Société Biblique Française (SBF)

La SBF est membre de l’Alliance Biblique Française, elle-même liée aux Sociétés Bibliques Unies (United Bible Societies).

Leur mission est de diffuser la Bible en français et dans les langues minoritaires, souvent en partenariat avec d’autres sociétés bibliques.

Les projets actuels mettent l’accent sur la distribution, l’édition numérique et l’accessibilité, mais il n’existe pas de communication officielle sur l’usage de l’IA pour la traduction.

En revanche, les Sociétés Bibliques Unies explorent déjà l’IA comme outil d’assistance dans certains projets mondiaux, notamment pour accélérer la traduction dans des langues peu dotées.

En résumé

SBG et SBF : pas de projets IA pour la traduction, mais un fort investissement dans les outils numériques (applications, diffusion électronique).

Niveau mondial : certaines organisations liées (Wycliffe, UBS) expérimentent l’IA comme outil d’assistance, jamais comme substitut au discernement humain et spirituel.

Position actuelle : l’IA est vue comme un support technique, pas comme un acteur principal de la traduction biblique.

Les grandes sociétés bibliques restent prudentes. Elles adoptent le numérique pour l’accessibilité, mais gardent la traduction comme un travail spirituel et communautaire.

Conclusion

Nous constatons aujourd’hui (9 décembre 2025) que l’intelligence artificielle (IA) est devenue accessible à un public toujours plus large. En peu de temps, elle s’est imposée comme un outil indispensable dans de nombreux domaines. Ses progrès paraissent si extraordinaires qu’il semble difficile d’en imaginer les limites.

Dès lors, envisager une traduction des textes bibliques réalisée par l’IA n’est qu’un pas… qui n’a pourtant pas encore été franchi. Les grandes sociétés bibliques manifestent une certaine prudence, voire une réserve. Il est en effet difficile d’accepter que le message de Dieu pour l’humanité soit traduit et adapté par une machine. Cette réserve n’est peut-être pas seulement celle des institutions, mais aussi celle des lecteurs chrétiens, profondément attachés aux traductions issues du travail humain. La possibilité de connaître les traducteurs, les équipes qui ont collaboré, constitue un élément rassurant pour beaucoup. Même en imaginant la meilleure traduction jamais produite par l’IA, il est probable qu’elle ne serait pas pleinement reçue par le grand public.

Nous pensons que l’intelligence humaine (IH) a encore de beaux jours devant elle dans ce domaine. Il paraît inimaginable qu’une machine puisse être inspirée par le Saint-Esprit, alors que les hommes qui participent à ces projets peuvent l’être. L’IA restera sans doute une aide précieuse, mais elle ne saurait devenir le maître traducteur.

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