Annexe
Annexe 62
La crèche de Bethléem

Pour plus d’informations

Vous pouvez consulter l’annexe ANN012 : Les mages d’Orient 

Introduction

La tradition de la crèche de Noël, bien que largement répandue et appréciée, s’écarte en plusieurs points de la réalité historique. En Provence, cette coutume a acquis le statut d’institution culturelle, transcendant les croyances religieuses.

Ainsi, il n’est pas rare de voir des crèches installées sous les arbres de Noël dans les maisons, indépendamment de la foi des résidents.

Cette pratique se retrouve également dans certaines municipalités en France, un pays qui valorise la laïcité. Toutefois, l’installation de crèches dans des lieux publics suscite parfois la controverse, notamment parmi les citoyens athées.

Cet article se propose de revisiter l’histoire et l’évolution de la crèche de Noël, en explorant ses origines et son impact culturel.

Les données historiques

Luc 2.4–7 (S21)

4 Joseph aussi monta de la Galilée, de la ville de Nazareth, pour se rendre en Judée dans la ville de David, appelée Bethléhem, parce qu’il était de la famille et de la lignée de David.
5 Il y alla pour se faire inscrire avec sa femme Marie qui était enceinte.
6 Pendant qu’ils étaient là, le moment où Marie devait accoucher arriva,
7 et elle mit au monde son fils premier-né. Elle l’enveloppa de langes et le coucha dans une mangeoire parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle des hôtes.

(Traduction Louis Segond S21)

La recherche sur le lieu de naissance du Messie Jésus est assez directe, car c’est uniquement l’Évangile de Luc qui mentionne explicitement cet événement. Matthieu, Marc et Jean, dans leurs récits respectifs, n’abordent pas les détails de la naissance de Jésus et de la crèche.

En particulier, Matthieu se concentre sur d’autres aspects de la naissance et de la jeunesse de Jésus, tandis que Marc commence son récit avec le ministère de Jésus.

Quant à l’Évangile de Jean, il adopte une approche plus théologique, sans entrer dans les détails de la naissance de Jésus. Ainsi, l’unique source biblique qui fournit des informations détaillées sur la naissance de Jésus dans une crèche est l’Évangile de Luc.

Luc 2.15–16 (S21)

15 Lorsque les anges les eurent quittés pour retourner au ciel, les bergers se dirent les uns aux autres : «Allons jusqu’à Bethléhem pour voir ce qui est arrivé, ce que le Seigneur nous a fait connaître.»
16 Ils se dépêchèrent d’y aller et ils trouvèrent Marie et Joseph, ainsi que le nouveau-né couché dans la mangeoire.

(Traduction Louis Segond S21)

Dans son récit, Luc mentionne la visite de bergers à l’occasion de la naissance du Messie Jésus. Il utilise à nouveau le terme « mangeoire » pour indiquer où Jésus a été placé, sans toutefois apporter plus de précisions.

Par ailleurs, Matthieu décrit la visite des Mages venus d’Orient, mais il ne mentionne pas la mangeoire. Au contraire, son récit situe la famille de Jésus dans une maison.

Il apparait donc que Joseph, Marie et l’Enfant Jésus ont quitté le lieu initial de la naissance, généralement décrit comme une étable ou une grotte avec une mangeoire, pour s’installer dans un endroit plus convenable, une maison, comme le rapporte Matthieu.

Cette différence dans les récits de Luc et Matthieu met en évidence les différentes étapes suivant la naissance de Jésus.

Matthieu 2.11 (S21)

11 Ils entrèrent dans la maison, virent le petit enfant avec Marie, sa mère, se prosternèrent et l’adorèrent. Ensuite, ils ouvrirent leurs trésors et lui offrirent en cadeau de l’or, de l’encens et de la myrrhe.

(Traduction Louis Segond S21)

Nous avons observé que la famille de Jésus s’est déplacée d’un lieu initialement réservé aux animaux vers une maison. En analysant les informations relatives à la nativité de Jésus dans les Évangiles, il apparaît qu’aucune mention explicite n’est faite d’animaux présents à sa naissance.

De plus, les Mages, qui ont joué un rôle important dans l’histoire de la nativité, ne sont arrivés que plus tard et ne sont donc pas mentionnés dans le contexte immédiat de la naissance de Jésus. La seule description du lieu est l’utilisation du terme « mangeoire », ou « crèche » dans certaines traductions, dérivant du latin « crispia », signifiant « mangeoire ».

Joseph et Marie sont arrivés à Bethléem pendant une période visiblement très occupée, due à la célébration de la fête des Tabernacles et au recensement ordonné par Quirinus.

Face à la difficulté de trouver un hébergement, ils ont dû s’adapter et trouver un refuge approprié, peut-être une grotte utilisée habituellement pour garder des animaux, comme l’indique Luc avec le terme « mangeoire ».

Les bergers, alertés par les anges, sont venus visiter Jésus dans ce lieu humble. Quant aux Mages, leur visite a eu lieu quelques semaines plus tard, lorsque la famille s’était installée dans une maison, disponible après la fin des célébrations.

Cet enchaînement d’événements forme le récit historique de la naissance de Jésus selon les Évangiles.

La crèche culturelle

La crèche, aujourd’hui, est une représentation culturelle significative, particulièrement pour les chrétiens, symbolisant la naissance du Sauveur. Ce n’est qu’environ quatre siècles après la naissance de Jésus que des représentations artistiques de la crèche ont commencé à émerger sous forme de peintures. Au sixième siècle, des sculptures dépeignant la scène de la nativité ont fait leur apparition.

Ce n’est qu’au douzième siècle que les figures des Mages, reconnus désormais comme des rois, ont été ajoutées à la scène de la crèche. Un tournant notable se produit en 1223, lorsque Saint François d’Assise organise ce qui est considéré comme la première crèche vivante dans le village de Greccio, en Italie. Cet événement a marqué le début de la diffusion de la tradition des crèches vivantes, avec des acteurs réels et des animaux, en Italie et en Provence.

La version moderne de la crèche, avec des figurines représentant les différents personnages, commence à se développer au seizième siècle. En 1775, une crèche marseillaise a innové en utilisant des mannequins habillés de costumes locaux.

Toutefois, durant la Révolution française, cette coutume est temporairement tombée dans la clandestinité, avant de revenir dans les foyers catholiques une fois la période révolutionnaire terminée. À noter, cette tradition n’a pas été adoptée par les familles protestantes.

La crèche est devenue une pratique mondiale, chaque pays y apportant sa propre touche culturelle. Selon la tradition catholique, la crèche est généralement mise en place le jour de la Saint-Nicolas ou le premier dimanche de l’Avent, début décembre, et elle est rangée après la Présentation de Jésus au Temple, le 2 février. Notez que ces dates ne correspondent pas à la réalité historique selon nos analyses.

Ainsi, ce qui a commencé comme une simple mention par Luc dans les Évangiles s’est transformé en une représentation théâtrale universellement reconnue, transcendant son origine scripturaire.

Conclusion

Cette évolution artistique et culturelle nous écarte significativement de la réalité historique simple décrite dans les textes bibliques. Il est donc essentiel de revenir à ces écrits pour saisir la vérité de l’événement.

L’ajout progressif d’éléments légendaires autour de la naissance du Messie Jésus a mené certains à considérer cet événement comme un mythe. Toutefois, la vérité biblique est bien plus sobre : Jésus, considéré dans la foi chrétienne comme Dieu incarné, est né comme tout enfant humain. Sa naissance, dépourvue d’ostentation, a incité au fil du temps les gens à enrichir le récit de détails supplémentaires, souvent fantaisistes, pour lui conférer davantage de splendeur.

Ces embellissements, bien que culturellement significatifs, ne doivent pas occulter l’essence du message biblique : la venue de Jésus dans le monde, une vérité historique fondamentale pour la foi chrétienne, marquée par une simplicité qui contraste avec la complexité des traditions qui se sont développées par la suite.

Cette évolution artistique et culturelle nous écarte significativement de la réalité historique simple décrite dans les textes bibliques. Il est donc essentiel de revenir à ces écrits pour saisir la vérité de l’événement.

L’ajout progressif d’éléments légendaires autour de la naissance du Messie Jésus a mené certains à considérer cet événement comme un mythe. Toutefois, la vérité biblique est bien plus sobre : Jésus, considéré dans la foi chrétienne comme Dieu incarné, est né comme tout enfant humain. Sa naissance, dépourvue d’ostentation, a incité au fil du temps les gens à enrichir le récit de détails supplémentaires, souvent fantaisistes, pour lui conférer davantage de splendeur.

Ces embellissements, bien que culturellement significatifs, ne doivent pas occulter l’essence du message biblique : la venue de Jésus dans le monde, une vérité historique fondamentale pour la foi chrétienne, marquée par une simplicité qui contraste avec la complexité des traditions qui se sont développées par la suite.