Parabole
Parabole 014
Les noces du fils du roi

Pour plus d’informations

Vous pouvez consulter l’annexe ANN078 : Les paraboles

Vous pouvez consulter l’annexe ANN050 : Comment le Messie JĂ©sus se faisait-il entendre

Vous pouvez consulter l’annexe ANN072 : Les miracles

Textes bibliques

Le passage biblique suivant présente cette parabole. Il est également possible de consulter la péricope (PER274) qui aborde ce sujet.

Matthieu 22.1–14 (S21)

1 Jésus prit la parole et leur parla de nouveau en paraboles. Il dit :

2« Le royaume des cieux ressemble à un roi qui fit des noces pour son fils.

3 Il envoya ses serviteurs appeler ceux qui étaient invités aux noces, mais ils ne voulurent pas venir.

4 Il envoya encore d’autres serviteurs, avec cet ordre : ‘Dites aux invitĂ©s : J’ai prĂ©parĂ© mon festin ; mes bƓufs et mes bĂȘtes grasses sont tuĂ©s, tout est prĂȘt, venez aux noces.’

5 Mais eux, nĂ©gligeant l’invitation, s’en allĂšrent l’un Ă  son champ, un autre Ă  ses affaires.

6 Les autres s’emparùrent des serviteurs, les maltraitùrent et les tuùrent.

7 [A cette nouvelle,] le roi se mit en colÚre ; il envoya ses troupes, fit mourir ces meurtriers et brûla leur ville.

8 Alors il dit Ă  ses serviteurs : ‘Les noces sont prĂȘtes, mais les invitĂ©s n’en Ă©taient pas dignes.

9 Allez donc dans les carrefours et invitez aux noces tous ceux que vous trouverez.’

10 Ces serviteurs s’en allĂšrent sur les routes, ils rassemblĂšrent tous ceux qu’ils trouvĂšrent, mauvais et bons, et la salle des noces fut remplie d’invitĂ©s.

11 Le roi entra pour les voir, et il aperçut là un homme qui n’avait pas mis d’habit de noces.

12 Il lui dit : ‘Mon ami, comment as-tu pu entrer ici sans avoir d’habit de noces ?’ Cet homme resta la bouche fermĂ©e.

13 Alors le roi dit aux serviteurs : ‘Attachez-lui les pieds et les mains, [emmenez-le et] jetez-le dans les tĂ©nĂšbres extĂ©rieures, oĂč il y aura des pleurs et des grincements de dents.’

14 En effet, beaucoup sont invités, mais peu sont choisis. »

(Traduction Louis Segond S21)

Luc 14.15–24 (S21)

15 AprÚs avoir entendu ces paroles, un de ceux qui étaient à table dit à Jésus : « Heureux celui qui prendra son repas dans le royaume de Dieu !»

16 Jésus lui répondit : « Un homme organisa un grand festin et invita beaucoup de gens.

17 A l’heure du festin, il envoya son serviteur dire aux invitĂ©s : ‘Venez, car tout est dĂ©jĂ  prĂȘt.’

18 Mais tous sans exception se mirent Ă  s’excuser. Le premier lui dit : ‘J’ai achetĂ© un champ et je suis obligĂ© d’aller le voir, excuse-moi, je t’en prie.’

19 Un autre dit : ‘J’ai achetĂ© cinq paires de bƓufs et je vais les essayer, excuse-moi, je t’en prie.’

20 Un autre dit : ‘Je viens de me marier, c’est pourquoi je ne peux pas venir.’

21 A son retour, le serviteur rapporta ces paroles Ă  son maĂźtre. Alors le maĂźtre de la maison, en colĂšre, dit Ă  son serviteur : ‘Va vite sur les places et dans les rues de la ville et amĂšne ici les pauvres, les estropiĂ©s, les aveugles et les boiteux.’

22 Le serviteur dit : ‘MaĂźtre, ce que tu as ordonnĂ© a Ă©tĂ© fait et il reste encore de la place.’

23 Le maütre dit alors au serviteur : ‘Va sur les chemins et le long des haies, et ceux que tu trouveras, oblige-les à entrer, afin que ma maison soit remplie.

24 En effet, je vous le dis, aucun de ces hommes qui avaient Ă©tĂ© invitĂ©s ne goĂ»tera de mon festin.’ »

(Traduction Louis Segond S21)

Introduction

La parabole du banquet, rapportĂ©e dans les Ă©vangiles de Matthieu et de Luc, offre une fenĂȘtre prĂ©cieuse sur l’enseignement du Messie JĂ©sus concernant le Royaume de Dieu. Bien que les deux rĂ©cits partagent une trame commune, celle d’une invitation Ă  un grand festin, leurs diffĂ©rences rĂ©vĂšlent des accents thĂ©ologiques distincts et des sensibilitĂ©s propres Ă  chaque Ă©vangĂ©liste.
Matthieu insiste sur la responsabilitĂ© des premiers appelĂ©s et sur les consĂ©quences du refus de l’invitation divine, tandis que Luc met en lumiĂšre l’ouverture du Royaume aux exclus et la gratuitĂ© de la grĂące. Ces nuances ne sont pas des contradictions, mais des reflets complĂ©mentaires d’un message vivant, proclamĂ© par JĂ©sus dans des contextes variĂ©s et adaptĂ© Ă  des auditoires diffĂ©rents.
Cette Ă©tude propose d’examiner en profondeur les deux versions de la parabole, Matthieu 22.1-14 et Luc 14.15-24, afin de mieux comprendre comment elles enrichissent notre perception du Royaume de Dieu, entre appel universel, exigence de prĂ©paration, et promesse de communion.

Résumé de la parabole

Dans le passage de Matthieu 22.1-14, le Messie JĂ©sus raconte la parabole du festin des noces. Un roi prĂ©pare un grand festin pour le mariage de son fils et envoie ses serviteurs pour inviter les convives. Cependant, beaucoup des invitĂ©s refusent de venir, certains prĂ©textant des affaires personnelles, tandis que d’autres maltraitent et tuent les serviteurs. En rĂ©ponse, le roi envoie ses troupes pour dĂ©truire les meurtriers et brĂ»ler leur ville. Ensuite, il envoie ses serviteurs inviter tous ceux qu’ils trouvent, bons et mauvais, remplissant ainsi la salle des noces. Le roi remarque un homme qui n’a pas de vĂȘtement de noces et le fait jeter dehors, oĂč il y aura des pleurs et des grincements de dents. Le Messie JĂ©sus conclut en disant que « beaucoup sont appelĂ©s, mais peu sont Ă©lus ».

Dans la version de Luc 14.15-24(/b], le Messie JĂ©sus raconte la parabole d’un homme qui organise un grand banquet et invite de nombreux convives. Lorsqu’ils sont appelĂ©s, chacun donne une excuse pour ne pas venir : l’un doit voir un champ qu’il vient d’acheter, un autre doit essayer des bƓufs, et un troisiĂšme vient de se marier. En colĂšre, l’homme envoie ses serviteurs dans les rues et les ruelles pour amener les pauvres, les estropiĂ©s, les aveugles et les boiteux. Lorsque la salle est encore vide, il envoie ses serviteurs inviter les gens des routes et des haies, afin que sa maison soit pleine. Le Messie JĂ©sus conclut en dĂ©clarant que les premiers invitĂ©s ne participeront pas Ă  son banquet.

Les diffĂ©rences relevĂ©es entre les rĂ©cits de la parabole des noces du fils du roi dans l’Évangile selon Matthieu et dans celui de Luc ne doivent pas ĂȘtre perçues comme des contradictions. Elles reflĂštent plutĂŽt la prĂ©sentation de deux Ă©vĂ©nements distincts. En effet, le Messie JĂ©sus a jugĂ© nĂ©cessaire de rĂ©pĂ©ter plusieurs fois certains enseignements majeurs devant divers auditoires, afin que le message soit entendu par le plus grand nombre. Chaque version s’inscrit donc dans un contexte particulier et rĂ©pond Ă  une situation prĂ©cise, ce qui explique la diversitĂ© des dĂ©tails rapportĂ©s par Matthieu et Luc.

Le contexte du discours

La parabole du grand souper a Ă©tĂ© proclamĂ©e dans deux contextes diffĂ©rents : dans Luc 14.15–24, le Messie JĂ©sus s’adresse Ă  des convives lors d’un repas chez un chef pharisien ; dans Matthieu 22.1–14, elle est racontĂ©e dans le Temple, face aux chefs religieux, peu avant la Passion.

Contexte dans Luc 14.15–24

Le Messie JĂ©sus est invitĂ© Ă  un repas chez un chef des pharisiens un jour de sabbat (Luc 14.1). Il observe les comportements des invitĂ©s et enseigne sur l’humilitĂ© et le choix des places (Luc 14.7–11). Puis il exhorte son hĂŽte Ă  inviter les pauvres plutĂŽt que les riches (Luc 14.12–14).

C’est alors qu’un convive s’exclame : « Heureux celui qui participera au repas dans le Royaume de Dieu ! » (Luc 14.15). Le Messie JĂ©sus rĂ©pond par la parabole du grand souper, pour montrer que beaucoup refusent l’invitation divine, tandis que les exclus, pauvres, estropiĂ©s, aveugles, boiteux, sont accueillis. Le contexte est donc social et moral, visant Ă  renverser les attentes religieuses et sociales.

Contexte dans Matthieu 22.1–14

Cette version est proclamĂ©e dans le Temple de JĂ©rusalem, aprĂšs l’entrĂ©e triomphale de JĂ©sus et son affrontement avec les autoritĂ©s religieuses. Elle suit la parabole des deux fils et celle des vignerons meurtriers (Matthieu 21).

Le Messie JĂ©sus s’adresse ici aux grands prĂȘtres et aux pharisiens qui contestent son autoritĂ©. La parabole du festin de noces est une allĂ©gorie du Royaume, oĂč les premiers invitĂ©s (IsraĂ«l) rejettent l’appel, et oĂč le roi invite tous ceux qu’on trouve dans les rues. Elle inclut aussi le jugement contre celui qui entre sans vĂȘtement de noces, soulignant que l’appel au salut exige une transformation intĂ©rieure.

SynthĂšse

_Dans Luc, le contexte est un repas privé, et la parabole répond à une remarque sur le Royaume.

_Dans Matthieu, le contexte est public et conflictuel, dans le cadre d’un enseignement au Temple.

_Les deux versions convergent sur le message : Dieu invite tous les hommes au Royaume, mais seuls ceux qui répondent avec foi et humilité y entreront.

On observe que le Messie JĂ©sus a partagĂ© ses enseignements en plusieurs lieux et devant divers publics, ce qui explique pourquoi Matthieu et Luc ne dĂ©crivent pas nĂ©cessairement la mĂȘme situation, tout en relatant un message semblable.

ThĂšme

ThĂšme principal : L’appel universel au Royaume de Dieu et le refus de certains invitĂ©s.

Ces deux paraboles du grand souper de Matthieu 22.1-14 et Luc 14.15-24 illustrent comment Dieu invite tous les hommes Ă  participer Ă  son Royaume, mais que beaucoup refusent ou nĂ©gligent cette invitation, tandis que d’autres, souvent considĂ©rĂ©s comme exclus ou marginaux, y rĂ©pondent avec foi. Elles soulignent aussi la responsabilitĂ© individuelle face Ă  l’appel divin et les consĂ©quences du rejet.

Description de la Parabole

Voici la description détaillée des deux paraboles :

La parabole du festin de noces – Matthieu 22.1–14

Matthieu 22.1 : JĂ©sus s’adresse Ă  nouveau aux chefs religieux en paraboles. → Il prĂ©pare une leçon spirituelle Ă  travers une histoire imagĂ©e.

Matthieu 22.2 : Le Royaume des cieux est comparĂ© Ă  un roi qui cĂ©lĂšbre les noces de son fils. → Dieu est le roi, JĂ©sus est le fils, et les noces symbolisent l’union entre Dieu et son peuple.

Matthieu 22.3 : Le roi envoie ses serviteurs appeler les invitĂ©s, mais ceux-ci refusent de venir. → Le rejet Ă©voque l’indiffĂ©rence du peuple Ă©lu face aux prophĂštes.

Matthieu 22.4 : Le roi insiste, envoie d’autres serviteurs avec des dĂ©tails sur le festin. → Dieu renouvelle son appel avec patience et gĂ©nĂ©rositĂ©.

Matthieu 22.5 : Les invitĂ©s s’en moquent et retournent Ă  leurs affaires. → Le mĂ©pris et les prĂ©occupations mondaines prennent le dessus sur l’appel divin.

Matthieu 22.6 : Certains maltraitent et tuent les serviteurs. → Allusion aux prophĂštes persĂ©cutĂ©s et aux messagers de Dieu rejetĂ©s.

Matthieu 22.7 : Le roi se met en colĂšre, fait pĂ©rir les meurtriers et dĂ©truit leur ville. → Image du jugement divin, souvent interprĂ©tĂ©e comme une rĂ©fĂ©rence Ă  la destruction de JĂ©rusalem.

Matthieu 22.8 : Le roi dĂ©clare que les premiers invitĂ©s n’étaient pas dignes. → Le salut est ouvert Ă  d’autres.

Matthieu 22.9 : Il ordonne à ses serviteurs d’aller dans les carrefours pour inviter tous ceux qu’ils trouvent. → Ouverture universelle du Royaume à tous les peuples.

Matthieu 22.10 : Les serviteurs rassemblent bons et mauvais ; la salle est remplie. → Dieu accueille tous ceux qui rĂ©pondent Ă  son appel, sans distinction morale prĂ©alable.

Matthieu 22.11 : Le roi remarque un homme sans habit de noces. → L’habit symbolise la disposition intĂ©rieure, la foi ou la justice requise pour entrer dans le Royaume.

Matthieu 22.12 : Il lui demande pourquoi il est venu sans habit, mais l’homme reste muet. → L’absence de rĂ©ponse souligne le manque de prĂ©paration spirituelle.

Matthieu 22.13 : Le roi ordonne qu’on le jette dehors, dans les tĂ©nĂšbres. → L’entrĂ©e au Royaume exige une transformation rĂ©elle, pas seulement une prĂ©sence physique.

Matthieu 22.14 : « Car il y a beaucoup d’appelĂ©s, mais peu d’élus. » → L’appel est large, mais seuls ceux qui rĂ©pondent avec foi et engagement sont acceptĂ©s.

La parabole du grand souper – Luc 14.15–24

Luc 14.15 : Un convive dit Ă  JĂ©sus : « Heureux celui qui participera au repas dans le Royaume de Dieu ! » → Cette remarque dĂ©clenche la parabole.

Luc 14.16 : Le Messie JĂ©sus raconte qu’un homme organise un grand dĂźner et invite beaucoup de monde. → Le repas symbolise le salut et la communion avec Dieu.

Luc 14.17 : À l’heure du dĂźner, il envoie son serviteur dire aux invitĂ©s que tout est prĂȘt. → L’invitation est claire et gĂ©nĂ©reuse.

Luc 14.18 : Les invitĂ©s refusent un Ă  un, chacun avec une excuse : un champ Ă  visiter
 → Excuse matĂ©rielle, prioritĂ© donnĂ©e aux biens.

Luc 14.19 : 
des bƓufs Ă  essayer
 → PrĂ©occupation professionnelle ou Ă©conomique.

Luc 14.20 : 
un mariage rĂ©cent. → PrĂ©texte personnel ou familial.

Luc 14.21 : Le maĂźtre, en colĂšre, ordonne au serviteur d’aller chercher les pauvres, estropiĂ©s, aveugles et boiteux dans les rues. → Dieu se tourne vers les exclus, ceux que la sociĂ©tĂ© rejette.

Luc 14.22 : Le serviteur revient : il reste encore de la place. → L’amour de Dieu est abondant, son Royaume n’est pas limitĂ©.

Luc 14.23 : Le maĂźtre ordonne d’aller sur les routes et les sentiers, et de faire entrer les gens de force. → L’urgence du salut est soulignĂ©e. Dieu veut que sa maison soit remplie.

Luc 14.24 : Aucun des premiers invitĂ©s ne goĂ»tera au dĂźner. → Le rejet de l’invitation entraĂźne des consĂ©quences : l’exclusion du Royaume.

Signification de la parabole

La parabole du grand souper, racontĂ©e dans Matthieu 22.1–14 et Luc 14.15–24, illustre l’appel universel de Dieu Ă  entrer dans son Royaume, la libertĂ© humaine de rĂ©pondre ou non Ă  cet appel, et les consĂ©quences du refus. Bien que les deux versions aient des diffĂ©rences, elles partagent une signification profonde sur le salut, l’humilitĂ© et la responsabilitĂ© spirituelle.

Dans Matthieu 22.1–14, JĂ©sus compare le Royaume des cieux Ă  un roi qui organise les noces de son fils. Les invitĂ©s initiaux refusent de venir, certains avec indiffĂ©rence, d’autres avec violence envers les messagers. Le roi, en colĂšre, Ă©largit l’invitation Ă  tous ceux qu’on trouve dans les rues, bons et mauvais. La salle est remplie, mais un homme sans habit de noces est exclu. Cette derniĂšre scĂšne souligne que rĂ©pondre Ă  l’appel ne suffit pas : il faut ĂȘtre intĂ©rieurement prĂ©parĂ©, revĂȘtu de justice.

Signification :

_Le rejet des premiers invitĂ©s reprĂ©sente ceux qui refusent l’Évangile, souvent interprĂ©tĂ© comme une critique des chefs religieux.

_L’ouverture Ă  tous symbolise l’universalitĂ© du salut.

_L’habit de noces Ă©voque la transformation intĂ©rieure nĂ©cessaire pour entrer dans le Royaume.

_La phrase finale « Beaucoup d’appelĂ©s, peu d’élus » rappelle que l’appel est large, mais la rĂ©ponse authentique est rare.

Dans Luc 14.15–24, le Messie JĂ©sus raconte qu’un homme organise un grand souper et invite plusieurs personnes. Tous trouvent des excuses : un champ Ă  visiter, des bƓufs Ă  essayer, un mariage Ă  cĂ©lĂ©brer. Le maĂźtre, irritĂ©, ordonne d’inviter les pauvres, les estropiĂ©s, les aveugles et les boiteux. Puis il envoie chercher encore plus loin, pour que sa maison soit remplie. Les premiers invitĂ©s sont dĂ©finitivement exclus.

Signification :

_Les excuses rĂ©vĂšlent l’attachement aux prĂ©occupations matĂ©rielles et mondaines.

_Le maĂźtre reprĂ©sente Dieu, et son dĂ©sir que « sa maison soit remplie » montre l’amour divin pour tous, surtout les exclus.

_Le rejet des premiers invitĂ©s souligne que l’indiffĂ©rence spirituelle mĂšne Ă  l’exclusion du Royaume.

En rĂ©sumĂ© : Ces deux paraboles enseignent que Dieu appelle tous les hommes Ă  partager sa joie, mais que beaucoup refusent par orgueil, distraction ou nĂ©gligence. Ceux qui rĂ©pondent avec humilitĂ© et foi, mĂȘme s’ils sont socialement marginalisĂ©s, sont accueillis. Le salut est offert Ă  tous, mais il exige une rĂ©ponse sincĂšre et une transformation intĂ©rieure.

Analyse comparative des récits de Matthieu et Luc.

Voici une comparaison des deux versions de la parabole du grand souper, racontĂ©es dans Matthieu 22.1–14 et Luc 14.15–24. Bien qu’elles partagent un thĂšme commun, l’invitation au Royaume de Dieu et le rejet par certains invitĂ©s, elles diffĂšrent dans leur contexte, leur intensitĂ© et leur symbolisme.

Dans Matthieu 22.1–14, le Messie JĂ©sus s’adresse aux chefs religieux Ă  JĂ©rusalem, dans un climat de tension. Il compare le Royaume des cieux Ă  un roi qui organise les noces de son fils. Les invitĂ©s initiaux refusent de venir, certains avec indiffĂ©rence, d’autres avec violence envers les serviteurs. Le roi rĂ©agit avec colĂšre : il fait pĂ©rir les meurtriers et dĂ©truit leur ville. Puis il Ă©largit l’invitation Ă  tous ceux qu’on trouve dans les rues, bons et mauvais. La salle est remplie, mais un homme sans habit de noces est exclu. Cette derniĂšre scĂšne souligne que rĂ©pondre Ă  l’appel ne suffit pas : il faut ĂȘtre intĂ©rieurement prĂ©parĂ©. La parabole se termine par une phrase solennelle : « Beaucoup d’appelĂ©s, peu d’élus. »

Dans Luc 14.15–24, le Messie JĂ©sus parle dans un cadre plus paisible, lors d’un repas chez un pharisien. Un convive Ă©voque la bĂ©atitude de participer au repas dans le Royaume de Dieu, ce qui inspire la parabole. Un homme organise un grand souper et invite plusieurs personnes. Tous trouvent des excuses : un champ Ă  visiter, des bƓufs Ă  essayer, un mariage Ă  cĂ©lĂ©brer. Le maĂźtre, irritĂ©, ordonne d’inviter les pauvres, les estropiĂ©s, les aveugles et les boiteux. Puis il envoie chercher encore plus loin, pour que sa maison soit remplie. Les premiers invitĂ©s sont dĂ©finitivement exclus.

Comparaison des éléments clés :

_Le contexte : Matthieu s’inscrit dans une confrontation avec les autoritĂ©s religieuses ; Luc dans un Ă©change convivial.

_Le personnage central : Matthieu parle d’un roi et des noces de son fils (symbolisme messianique fort) ; Luc Ă©voque un homme qui organise un dĂźner (image plus simple et accessible).

_La réaction aux refus : Matthieu décrit une réponse violente et un jugement ; Luc montre une ouverture vers les exclus sans représailles.

_L’élargissement de l’invitation : dans les deux cas, elle s’étend aux marginaux, mais Luc insiste davantage sur les pauvres et les handicapĂ©s.

_L’habit de noces : prĂ©sent uniquement dans Matthieu, il symbolise la disposition intĂ©rieure nĂ©cessaire pour entrer dans le Royaume.

_La conclusion : Matthieu insiste sur la sĂ©lection finale (« peu d’élus ») ; Luc souligne la perte des premiers invitĂ©s.

En rĂ©sumĂ© : Les deux paraboles enseignent que le salut est offert Ă  tous, mais que beaucoup refusent par distraction ou orgueil. Matthieu insiste sur la responsabilitĂ© et le jugement, tandis que Luc met en avant la gratuitĂ© de l’appel et l’accueil des exclus. Ensemble, elles offrent une vision complĂ©mentaire du Royaume de Dieu : Ă  la fois exigeant et gĂ©nĂ©reux.

Reprise de ce thĂšme

Le thùme du grand souper, l’invitation de Dieu à son Royaume, le refus de certains et l’accueil des exclus, est repris à plusieurs endroits dans la Bible, notamment dans les Évangiles et l’Apocalypse.

Autres passages bibliques liés au thÚme du grand souper

ÉsaĂŻe 25.6–9 Ce passage prophĂ©tique annonce un grand festin prĂ©parĂ© par Dieu pour tous les peuples : « L’Éternel des armĂ©es prĂ©parera pour tous les peuples, sur cette montagne, un festin de mets succulents
 » → Il s’agit d’une image messianique du salut universel, reprise par le Messie JĂ©sus dans ses paraboles.

Matthieu 8.11–12 Le Messie JĂ©sus dĂ©clare : « Plusieurs viendront de l’orient et de l’occident, et seront Ă  table avec Abraham, Isaac et Jacob dans le Royaume des cieux. Mais les fils du Royaume seront jetĂ©s dehors. » → Cela Ă©voque l’inversion des rĂŽles : ceux qui Ă©taient « invitĂ©s » en premier peuvent ĂȘtre exclus s’ils refusent l’appel.

Luc 13.28–30 Le Messie JĂ©sus parle des pleurs et des grincements de dents quand certains verront des Ă©trangers entrer dans le Royaume alors qu’eux-mĂȘmes seront rejetĂ©s. → Cela renforce l’idĂ©e que l’invitation est universelle, mais que la rĂ©ponse personnelle est dĂ©cisive.

Apocalypse 19.6–9 Ce texte dĂ©crit les noces de l’Agneau : « Heureux ceux qui sont appelĂ©s au festin des noces de l’Agneau ! » → C’est l’accomplissement eschatologique de l’invitation divine : le banquet cĂ©leste rĂ©servĂ© aux fidĂšles.

Luc 5.29–32 Lors du repas chez LĂ©vi, le Messie JĂ©sus explique qu’il est venu appeler non pas les justes, mais les pĂ©cheurs Ă  la repentance. → Comme dans la parabole du grand souper, ce sont les exclus qui rĂ©pondent Ă  l’appel.

Jean 1.11–12 « Il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont point reçu. Mais Ă  tous ceux qui l’ont reçu
 il a donnĂ© le pouvoir de devenir enfants de Dieu. » → Ce verset rĂ©sume le cƓur du message : le refus de certains ouvre la porte Ă  d’autres.

Conclusion : Le thĂšme du grand souper est un fil rouge biblique : Dieu invite l’humanitĂ© Ă  partager sa vie, mais l’accueil de cette invitation dĂ©pend de la foi, de l’humilitĂ© et de la disponibilitĂ© du cƓur. Ceux qui se croient privilĂ©giĂ©s peuvent ĂȘtre exclus, tandis que les humbles et les oubliĂ©s sont accueillis avec joie. Ce renversement des attentes est au cƓur de l’Évangile.

Commentaire

Il est particuliĂšrement rĂ©vĂ©lateur de remarquer que Luc, dont le public est avant tout composĂ© de personnes issues du monde paĂŻen et peu familiĂšres des coutumes juives, opte pour un rĂ©cit du Messie JĂ©sus Ă©purĂ© de certains Ă©lĂ©ments propres Ă  la tradition juive. Ainsi, alors que Matthieu prĂ©sente la parabole en Ă©voquant un roi, Luc, de son cĂŽtĂ©, choisit de parler simplement d’un homme. Cette distinction n’est pas anodine, car elle met en lumiĂšre la mĂ©thode de Luc : il ne se permet pas d’altĂ©rer le contenu des rĂ©cits, mais sĂ©lectionne avec soin l’enseignement du MaĂźtre qui lui paraĂźt le plus pertinent pour son auditoire.

Cette approche traduit l’idĂ©e que le Messie JĂ©sus modulait dĂ©jĂ  son enseignement en fonction des personnes qui l’écoutaient, adaptant son discours pour le rendre accessible Ă  chacun. Devant des chefs religieux, il pouvait insister sur le rejet du Royaume et le jugement. Devant des foules de gens simples, il pouvait souligner l’invitation gratuite et l’accueil des pauvres.

Matthieu, s’adressant principalement Ă  des Juifs, insiste sur le jugement, la responsabilitĂ© des premiers appelĂ©s, et la nĂ©cessitĂ© d’ĂȘtre prĂ©parĂ© (d’oĂč le vĂȘtement de noces).

De façon similaire, Luc choisit tel ou tel message de telle maniùre qu’il soit le plus clair et le plus pertinent possible pour ceux auxquels il s’adresse.

C’est ainsi que Luc Ă  choisi un rĂ©cit du Messie JĂ©sus qui ne fait aucune allusion Ă  ce personnage qui n’a pas d’habit de noce et qui ne parle pas non plus d’un roi et donc des noces de son fils. Cette dĂ©marche reflĂšte une sĂ©lection soigneuse de l’enseignement du MaĂźtre, guidĂ©e par le souci d’offrir une comprĂ©hension claire et adaptĂ©e Ă  chaque public.

Luc, tournĂ© vers les paĂŻens et les exclus, met en avant l’ouverture du Royaume, la grĂące, et la misĂ©ricorde.

Conclusion

La parabole des mauvais vignerons est bien plus qu’un rĂ©cit allĂ©gorique : elle est une mise en accusation directe des responsables religieux d’IsraĂ«l, mais aussi un miroir tendu Ă  chaque gĂ©nĂ©ration. Elle rĂ©vĂšle le cƓur de Dieu, patient et gĂ©nĂ©reux, qui envoie ses serviteurs, puis son propre Fils, pour appeler son peuple Ă  porter du fruit. Elle dĂ©voile aussi la duretĂ© du cƓur humain, capable de rejeter l’amour divin par orgueil, peur ou convoitise.

À travers cette parabole, le Messie JĂ©sus annonce sa propre mort, mais aussi la victoire de Dieu : la pierre rejetĂ©e devient la pierre d’angle. Le Royaume ne sera pas arrĂȘtĂ© par le rejet, il sera confiĂ© Ă  ceux qui croient, obĂ©issent et portent du fruit. Ce transfert n’est pas une exclusion ethnique, mais une ouverture universelle fondĂ©e sur la foi et la fidĂ©litĂ©.

Le principe Ă©noncĂ© par le Messie JĂ©sus, dans cette parabole, initialement adressĂ© aux dirigeants religieux juifs, acquiert une portĂ©e universelle et s’applique dĂ©sormais Ă  toutes les gĂ©nĂ©rations, qu’elles soient juives ou non. La reconnaissance du Fils et l’accomplissement des fruits de justice, d’amour et de vĂ©ritĂ© constituent dĂ©sormais les conditions indispensables pour entrer dans le royaume de Dieu. Ce changement marque la fin de toute distinction entre Juifs et non-Juifs, conformĂ©ment Ă  l’enseignement de Galates 3.28, et Ă©tablit une Ă©galitĂ© entre tous les disciples. Tous sont dĂ©sormais invitĂ©s Ă  se rassembler sur un mĂȘme pied d’égalitĂ©, unis par leur foi et leur fidĂ©litĂ© au Fils.