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Textes bibliques
Le passage biblique suivant présente cette parabole. Il est également possible de consulter la péricope (PER274) qui aborde ce sujet.
Introduction
La parabole du banquet, rapportĂ©e dans les Ă©vangiles de Matthieu et de Luc, offre une fenĂȘtre prĂ©cieuse sur lâenseignement du Messie JĂ©sus concernant le Royaume de Dieu. Bien que les deux rĂ©cits partagent une trame commune, celle dâune invitation Ă un grand festin, leurs diffĂ©rences rĂ©vĂšlent des accents thĂ©ologiques distincts et des sensibilitĂ©s propres Ă chaque Ă©vangĂ©liste.
Matthieu insiste sur la responsabilitĂ© des premiers appelĂ©s et sur les consĂ©quences du refus de lâinvitation divine, tandis que Luc met en lumiĂšre lâouverture du Royaume aux exclus et la gratuitĂ© de la grĂące. Ces nuances ne sont pas des contradictions, mais des reflets complĂ©mentaires dâun message vivant, proclamĂ© par JĂ©sus dans des contextes variĂ©s et adaptĂ© Ă des auditoires diffĂ©rents.
Cette Ă©tude propose dâexaminer en profondeur les deux versions de la parabole, Matthieu 22.1-14 et Luc 14.15-24, afin de mieux comprendre comment elles enrichissent notre perception du Royaume de Dieu, entre appel universel, exigence de prĂ©paration, et promesse de communion.
Résumé de la parabole
Dans le passage de Matthieu 22.1-14, le Messie JĂ©sus raconte la parabole du festin des noces. Un roi prĂ©pare un grand festin pour le mariage de son fils et envoie ses serviteurs pour inviter les convives. Cependant, beaucoup des invitĂ©s refusent de venir, certains prĂ©textant des affaires personnelles, tandis que d’autres maltraitent et tuent les serviteurs. En rĂ©ponse, le roi envoie ses troupes pour dĂ©truire les meurtriers et brĂ»ler leur ville. Ensuite, il envoie ses serviteurs inviter tous ceux qu’ils trouvent, bons et mauvais, remplissant ainsi la salle des noces. Le roi remarque un homme qui n’a pas de vĂȘtement de noces et le fait jeter dehors, oĂč il y aura des pleurs et des grincements de dents. Le Messie JĂ©sus conclut en disant que « beaucoup sont appelĂ©s, mais peu sont Ă©lus ».
Dans la version de Luc 14.15-24(/b], le Messie JĂ©sus raconte la parabole d’un homme qui organise un grand banquet et invite de nombreux convives. Lorsqu’ils sont appelĂ©s, chacun donne une excuse pour ne pas venir : l’un doit voir un champ qu’il vient d’acheter, un autre doit essayer des bĆufs, et un troisiĂšme vient de se marier. En colĂšre, l’homme envoie ses serviteurs dans les rues et les ruelles pour amener les pauvres, les estropiĂ©s, les aveugles et les boiteux. Lorsque la salle est encore vide, il envoie ses serviteurs inviter les gens des routes et des haies, afin que sa maison soit pleine. Le Messie JĂ©sus conclut en dĂ©clarant que les premiers invitĂ©s ne participeront pas Ă son banquet.
Les diffĂ©rences relevĂ©es entre les rĂ©cits de la parabole des noces du fils du roi dans lâĂvangile selon Matthieu et dans celui de Luc ne doivent pas ĂȘtre perçues comme des contradictions. Elles reflĂštent plutĂŽt la prĂ©sentation de deux Ă©vĂ©nements distincts. En effet, le Messie JĂ©sus a jugĂ© nĂ©cessaire de rĂ©pĂ©ter plusieurs fois certains enseignements majeurs devant divers auditoires, afin que le message soit entendu par le plus grand nombre. Chaque version sâinscrit donc dans un contexte particulier et rĂ©pond Ă une situation prĂ©cise, ce qui explique la diversitĂ© des dĂ©tails rapportĂ©s par Matthieu et Luc.
Le contexte du discours
La parabole du grand souper a Ă©tĂ© proclamĂ©e dans deux contextes diffĂ©rents : dans Luc 14.15â24, le Messie JĂ©sus sâadresse Ă des convives lors dâun repas chez un chef pharisien ; dans Matthieu 22.1â14, elle est racontĂ©e dans le Temple, face aux chefs religieux, peu avant la Passion.
Contexte dans Luc 14.15â24
Le Messie JĂ©sus est invitĂ© Ă un repas chez un chef des pharisiens un jour de sabbat (Luc 14.1). Il observe les comportements des invitĂ©s et enseigne sur lâhumilitĂ© et le choix des places (Luc 14.7â11). Puis il exhorte son hĂŽte Ă inviter les pauvres plutĂŽt que les riches (Luc 14.12â14).
Câest alors quâun convive sâexclame : « Heureux celui qui participera au repas dans le Royaume de Dieu ! » (Luc 14.15). Le Messie JĂ©sus rĂ©pond par la parabole du grand souper, pour montrer que beaucoup refusent lâinvitation divine, tandis que les exclus, pauvres, estropiĂ©s, aveugles, boiteux, sont accueillis. Le contexte est donc social et moral, visant Ă renverser les attentes religieuses et sociales.
Contexte dans Matthieu 22.1â14
Cette version est proclamĂ©e dans le Temple de JĂ©rusalem, aprĂšs lâentrĂ©e triomphale de JĂ©sus et son affrontement avec les autoritĂ©s religieuses. Elle suit la parabole des deux fils et celle des vignerons meurtriers (Matthieu 21).
Le Messie JĂ©sus sâadresse ici aux grands prĂȘtres et aux pharisiens qui contestent son autoritĂ©. La parabole du festin de noces est une allĂ©gorie du Royaume, oĂč les premiers invitĂ©s (IsraĂ«l) rejettent lâappel, et oĂč le roi invite tous ceux quâon trouve dans les rues. Elle inclut aussi le jugement contre celui qui entre sans vĂȘtement de noces, soulignant que lâappel au salut exige une transformation intĂ©rieure.
SynthĂšse
_Dans Luc, le contexte est un repas privé, et la parabole répond à une remarque sur le Royaume.
_Dans Matthieu, le contexte est public et conflictuel, dans le cadre dâun enseignement au Temple.
_Les deux versions convergent sur le message : Dieu invite tous les hommes au Royaume, mais seuls ceux qui répondent avec foi et humilité y entreront.
On observe que le Messie JĂ©sus a partagĂ© ses enseignements en plusieurs lieux et devant divers publics, ce qui explique pourquoi Matthieu et Luc ne dĂ©crivent pas nĂ©cessairement la mĂȘme situation, tout en relatant un message semblable.
ThĂšme
ThĂšme principal : Lâappel universel au Royaume de Dieu et le refus de certains invitĂ©s.
Ces deux paraboles du grand souper de Matthieu 22.1-14 et Luc 14.15-24 illustrent comment Dieu invite tous les hommes Ă participer Ă son Royaume, mais que beaucoup refusent ou nĂ©gligent cette invitation, tandis que dâautres, souvent considĂ©rĂ©s comme exclus ou marginaux, y rĂ©pondent avec foi. Elles soulignent aussi la responsabilitĂ© individuelle face Ă lâappel divin et les consĂ©quences du rejet.
Description de la Parabole
Voici la description détaillée des deux paraboles :
La parabole du festin de noces â Matthieu 22.1â14
Matthieu 22.1 : JĂ©sus sâadresse Ă nouveau aux chefs religieux en paraboles. â Il prĂ©pare une leçon spirituelle Ă travers une histoire imagĂ©e.
Matthieu 22.2 : Le Royaume des cieux est comparĂ© Ă un roi qui cĂ©lĂšbre les noces de son fils. â Dieu est le roi, JĂ©sus est le fils, et les noces symbolisent lâunion entre Dieu et son peuple.
Matthieu 22.3 : Le roi envoie ses serviteurs appeler les invitĂ©s, mais ceux-ci refusent de venir. â Le rejet Ă©voque lâindiffĂ©rence du peuple Ă©lu face aux prophĂštes.
Matthieu 22.4 : Le roi insiste, envoie dâautres serviteurs avec des dĂ©tails sur le festin. â Dieu renouvelle son appel avec patience et gĂ©nĂ©rositĂ©.
Matthieu 22.5 : Les invitĂ©s sâen moquent et retournent Ă leurs affaires. â Le mĂ©pris et les prĂ©occupations mondaines prennent le dessus sur lâappel divin.
Matthieu 22.6 : Certains maltraitent et tuent les serviteurs. â Allusion aux prophĂštes persĂ©cutĂ©s et aux messagers de Dieu rejetĂ©s.
Matthieu 22.7 : Le roi se met en colĂšre, fait pĂ©rir les meurtriers et dĂ©truit leur ville. â Image du jugement divin, souvent interprĂ©tĂ©e comme une rĂ©fĂ©rence Ă la destruction de JĂ©rusalem.
Matthieu 22.8 : Le roi dĂ©clare que les premiers invitĂ©s nâĂ©taient pas dignes. â Le salut est ouvert Ă dâautres.
Matthieu 22.9 : Il ordonne Ă ses serviteurs dâaller dans les carrefours pour inviter tous ceux quâils trouvent. â Ouverture universelle du Royaume Ă tous les peuples.
Matthieu 22.10 : Les serviteurs rassemblent bons et mauvais ; la salle est remplie. â Dieu accueille tous ceux qui rĂ©pondent Ă son appel, sans distinction morale prĂ©alable.
Matthieu 22.11 : Le roi remarque un homme sans habit de noces. â Lâhabit symbolise la disposition intĂ©rieure, la foi ou la justice requise pour entrer dans le Royaume.
Matthieu 22.12 : Il lui demande pourquoi il est venu sans habit, mais lâhomme reste muet. â Lâabsence de rĂ©ponse souligne le manque de prĂ©paration spirituelle.
Matthieu 22.13 : Le roi ordonne quâon le jette dehors, dans les tĂ©nĂšbres. â LâentrĂ©e au Royaume exige une transformation rĂ©elle, pas seulement une prĂ©sence physique.
Matthieu 22.14 : « Car il y a beaucoup dâappelĂ©s, mais peu dâĂ©lus. » â Lâappel est large, mais seuls ceux qui rĂ©pondent avec foi et engagement sont acceptĂ©s.
La parabole du grand souper â Luc 14.15â24
Luc 14.15 : Un convive dit Ă JĂ©sus : « Heureux celui qui participera au repas dans le Royaume de Dieu ! » â Cette remarque dĂ©clenche la parabole.
Luc 14.16 : Le Messie JĂ©sus raconte quâun homme organise un grand dĂźner et invite beaucoup de monde. â Le repas symbolise le salut et la communion avec Dieu.
Luc 14.17 : Ă lâheure du dĂźner, il envoie son serviteur dire aux invitĂ©s que tout est prĂȘt. â Lâinvitation est claire et gĂ©nĂ©reuse.
Luc 14.18 : Les invitĂ©s refusent un Ă un, chacun avec une excuse : un champ Ă visiter⊠â Excuse matĂ©rielle, prioritĂ© donnĂ©e aux biens.
Luc 14.19 : âŠdes bĆufs Ă essayer⊠â PrĂ©occupation professionnelle ou Ă©conomique.
Luc 14.20 : âŠun mariage rĂ©cent. â PrĂ©texte personnel ou familial.
Luc 14.21 : Le maĂźtre, en colĂšre, ordonne au serviteur dâaller chercher les pauvres, estropiĂ©s, aveugles et boiteux dans les rues. â Dieu se tourne vers les exclus, ceux que la sociĂ©tĂ© rejette.
Luc 14.22 : Le serviteur revient : il reste encore de la place. â Lâamour de Dieu est abondant, son Royaume nâest pas limitĂ©.
Luc 14.23 : Le maĂźtre ordonne dâaller sur les routes et les sentiers, et de faire entrer les gens de force. â Lâurgence du salut est soulignĂ©e. Dieu veut que sa maison soit remplie.
Luc 14.24 : Aucun des premiers invitĂ©s ne goĂ»tera au dĂźner. â Le rejet de lâinvitation entraĂźne des consĂ©quences : lâexclusion du Royaume.
Signification de la parabole
La parabole du grand souper, racontĂ©e dans Matthieu 22.1â14 et Luc 14.15â24, illustre lâappel universel de Dieu Ă entrer dans son Royaume, la libertĂ© humaine de rĂ©pondre ou non Ă cet appel, et les consĂ©quences du refus. Bien que les deux versions aient des diffĂ©rences, elles partagent une signification profonde sur le salut, lâhumilitĂ© et la responsabilitĂ© spirituelle.
Dans Matthieu 22.1â14, JĂ©sus compare le Royaume des cieux Ă un roi qui organise les noces de son fils. Les invitĂ©s initiaux refusent de venir, certains avec indiffĂ©rence, dâautres avec violence envers les messagers. Le roi, en colĂšre, Ă©largit lâinvitation Ă tous ceux quâon trouve dans les rues, bons et mauvais. La salle est remplie, mais un homme sans habit de noces est exclu. Cette derniĂšre scĂšne souligne que rĂ©pondre Ă lâappel ne suffit pas : il faut ĂȘtre intĂ©rieurement prĂ©parĂ©, revĂȘtu de justice.
Signification :
_Le rejet des premiers invitĂ©s reprĂ©sente ceux qui refusent lâĂvangile, souvent interprĂ©tĂ© comme une critique des chefs religieux.
_Lâouverture Ă tous symbolise lâuniversalitĂ© du salut.
_Lâhabit de noces Ă©voque la transformation intĂ©rieure nĂ©cessaire pour entrer dans le Royaume.
_La phrase finale « Beaucoup dâappelĂ©s, peu dâĂ©lus » rappelle que lâappel est large, mais la rĂ©ponse authentique est rare.
Dans Luc 14.15â24, le Messie JĂ©sus raconte quâun homme organise un grand souper et invite plusieurs personnes. Tous trouvent des excuses : un champ Ă visiter, des bĆufs Ă essayer, un mariage Ă cĂ©lĂ©brer. Le maĂźtre, irritĂ©, ordonne dâinviter les pauvres, les estropiĂ©s, les aveugles et les boiteux. Puis il envoie chercher encore plus loin, pour que sa maison soit remplie. Les premiers invitĂ©s sont dĂ©finitivement exclus.
Signification :
_Les excuses rĂ©vĂšlent lâattachement aux prĂ©occupations matĂ©rielles et mondaines.
_Le maĂźtre reprĂ©sente Dieu, et son dĂ©sir que « sa maison soit remplie » montre lâamour divin pour tous, surtout les exclus.
_Le rejet des premiers invitĂ©s souligne que lâindiffĂ©rence spirituelle mĂšne Ă lâexclusion du Royaume.
En rĂ©sumĂ© : Ces deux paraboles enseignent que Dieu appelle tous les hommes Ă partager sa joie, mais que beaucoup refusent par orgueil, distraction ou nĂ©gligence. Ceux qui rĂ©pondent avec humilitĂ© et foi, mĂȘme sâils sont socialement marginalisĂ©s, sont accueillis. Le salut est offert Ă tous, mais il exige une rĂ©ponse sincĂšre et une transformation intĂ©rieure.
Analyse comparative des récits de Matthieu et Luc.
Voici une comparaison des deux versions de la parabole du grand souper, racontĂ©es dans Matthieu 22.1â14 et Luc 14.15â24. Bien quâelles partagent un thĂšme commun, lâinvitation au Royaume de Dieu et le rejet par certains invitĂ©s, elles diffĂšrent dans leur contexte, leur intensitĂ© et leur symbolisme.
Dans Matthieu 22.1â14, le Messie JĂ©sus sâadresse aux chefs religieux Ă JĂ©rusalem, dans un climat de tension. Il compare le Royaume des cieux Ă un roi qui organise les noces de son fils. Les invitĂ©s initiaux refusent de venir, certains avec indiffĂ©rence, dâautres avec violence envers les serviteurs. Le roi rĂ©agit avec colĂšre : il fait pĂ©rir les meurtriers et dĂ©truit leur ville. Puis il Ă©largit lâinvitation Ă tous ceux quâon trouve dans les rues, bons et mauvais. La salle est remplie, mais un homme sans habit de noces est exclu. Cette derniĂšre scĂšne souligne que rĂ©pondre Ă lâappel ne suffit pas : il faut ĂȘtre intĂ©rieurement prĂ©parĂ©. La parabole se termine par une phrase solennelle : « Beaucoup dâappelĂ©s, peu dâĂ©lus. »
Dans Luc 14.15â24, le Messie JĂ©sus parle dans un cadre plus paisible, lors dâun repas chez un pharisien. Un convive Ă©voque la bĂ©atitude de participer au repas dans le Royaume de Dieu, ce qui inspire la parabole. Un homme organise un grand souper et invite plusieurs personnes. Tous trouvent des excuses : un champ Ă visiter, des bĆufs Ă essayer, un mariage Ă cĂ©lĂ©brer. Le maĂźtre, irritĂ©, ordonne dâinviter les pauvres, les estropiĂ©s, les aveugles et les boiteux. Puis il envoie chercher encore plus loin, pour que sa maison soit remplie. Les premiers invitĂ©s sont dĂ©finitivement exclus.
Comparaison des éléments clés :
_Le contexte : Matthieu sâinscrit dans une confrontation avec les autoritĂ©s religieuses ; Luc dans un Ă©change convivial.
_Le personnage central : Matthieu parle dâun roi et des noces de son fils (symbolisme messianique fort) ; Luc Ă©voque un homme qui organise un dĂźner (image plus simple et accessible).
_La réaction aux refus : Matthieu décrit une réponse violente et un jugement ; Luc montre une ouverture vers les exclus sans représailles.
_LâĂ©largissement de lâinvitation : dans les deux cas, elle sâĂ©tend aux marginaux, mais Luc insiste davantage sur les pauvres et les handicapĂ©s.
_Lâhabit de noces : prĂ©sent uniquement dans Matthieu, il symbolise la disposition intĂ©rieure nĂ©cessaire pour entrer dans le Royaume.
_La conclusion : Matthieu insiste sur la sĂ©lection finale (« peu dâĂ©lus ») ; Luc souligne la perte des premiers invitĂ©s.
En rĂ©sumĂ© : Les deux paraboles enseignent que le salut est offert Ă tous, mais que beaucoup refusent par distraction ou orgueil. Matthieu insiste sur la responsabilitĂ© et le jugement, tandis que Luc met en avant la gratuitĂ© de lâappel et lâaccueil des exclus. Ensemble, elles offrent une vision complĂ©mentaire du Royaume de Dieu : Ă la fois exigeant et gĂ©nĂ©reux.
Reprise de ce thĂšme
Le thĂšme du grand souper, lâinvitation de Dieu Ă son Royaume, le refus de certains et lâaccueil des exclus, est repris Ă plusieurs endroits dans la Bible, notamment dans les Ăvangiles et lâApocalypse.
Autres passages bibliques liés au thÚme du grand souper
ĂsaĂŻe 25.6â9 Ce passage prophĂ©tique annonce un grand festin prĂ©parĂ© par Dieu pour tous les peuples : « LâĂternel des armĂ©es prĂ©parera pour tous les peuples, sur cette montagne, un festin de mets succulents⊠» â Il sâagit dâune image messianique du salut universel, reprise par le Messie JĂ©sus dans ses paraboles.
Matthieu 8.11â12 Le Messie JĂ©sus dĂ©clare : « Plusieurs viendront de lâorient et de lâoccident, et seront Ă table avec Abraham, Isaac et Jacob dans le Royaume des cieux. Mais les fils du Royaume seront jetĂ©s dehors. » â Cela Ă©voque lâinversion des rĂŽles : ceux qui Ă©taient « invitĂ©s » en premier peuvent ĂȘtre exclus sâils refusent lâappel.
Luc 13.28â30 Le Messie JĂ©sus parle des pleurs et des grincements de dents quand certains verront des Ă©trangers entrer dans le Royaume alors quâeux-mĂȘmes seront rejetĂ©s. â Cela renforce lâidĂ©e que lâinvitation est universelle, mais que la rĂ©ponse personnelle est dĂ©cisive.
Apocalypse 19.6â9 Ce texte dĂ©crit les noces de lâAgneau : « Heureux ceux qui sont appelĂ©s au festin des noces de lâAgneau ! » â Câest lâaccomplissement eschatologique de lâinvitation divine : le banquet cĂ©leste rĂ©servĂ© aux fidĂšles.
Luc 5.29â32 Lors du repas chez LĂ©vi, le Messie JĂ©sus explique quâil est venu appeler non pas les justes, mais les pĂ©cheurs Ă la repentance. â Comme dans la parabole du grand souper, ce sont les exclus qui rĂ©pondent Ă lâappel.
Jean 1.11â12 « Il est venu chez les siens, et les siens ne lâont point reçu. Mais Ă tous ceux qui lâont reçu⊠il a donnĂ© le pouvoir de devenir enfants de Dieu. » â Ce verset rĂ©sume le cĆur du message : le refus de certains ouvre la porte Ă dâautres.
Conclusion : Le thĂšme du grand souper est un fil rouge biblique : Dieu invite lâhumanitĂ© Ă partager sa vie, mais lâaccueil de cette invitation dĂ©pend de la foi, de lâhumilitĂ© et de la disponibilitĂ© du cĆur. Ceux qui se croient privilĂ©giĂ©s peuvent ĂȘtre exclus, tandis que les humbles et les oubliĂ©s sont accueillis avec joie. Ce renversement des attentes est au cĆur de lâĂvangile.
Commentaire
Il est particuliĂšrement rĂ©vĂ©lateur de remarquer que Luc, dont le public est avant tout composĂ© de personnes issues du monde paĂŻen et peu familiĂšres des coutumes juives, opte pour un rĂ©cit du Messie JĂ©sus Ă©purĂ© de certains Ă©lĂ©ments propres Ă la tradition juive. Ainsi, alors que Matthieu prĂ©sente la parabole en Ă©voquant un roi, Luc, de son cĂŽtĂ©, choisit de parler simplement dâun homme. Cette distinction nâest pas anodine, car elle met en lumiĂšre la mĂ©thode de Luc : il ne se permet pas dâaltĂ©rer le contenu des rĂ©cits, mais sĂ©lectionne avec soin lâenseignement du MaĂźtre qui lui paraĂźt le plus pertinent pour son auditoire.
Cette approche traduit lâidĂ©e que le Messie JĂ©sus modulait dĂ©jĂ son enseignement en fonction des personnes qui lâĂ©coutaient, adaptant son discours pour le rendre accessible Ă chacun. Devant des chefs religieux, il pouvait insister sur le rejet du Royaume et le jugement. Devant des foules de gens simples, il pouvait souligner lâinvitation gratuite et lâaccueil des pauvres.
Matthieu, sâadressant principalement Ă des Juifs, insiste sur le jugement, la responsabilitĂ© des premiers appelĂ©s, et la nĂ©cessitĂ© dâĂȘtre prĂ©parĂ© (dâoĂč le vĂȘtement de noces).
De façon similaire, Luc choisit tel ou tel message de telle maniĂšre quâil soit le plus clair et le plus pertinent possible pour ceux auxquels il sâadresse.
Câest ainsi que Luc Ă choisi un rĂ©cit du Messie JĂ©sus qui ne fait aucune allusion Ă ce personnage qui nâa pas dâhabit de noce et qui ne parle pas non plus dâun roi et donc des noces de son fils. Cette dĂ©marche reflĂšte une sĂ©lection soigneuse de lâenseignement du MaĂźtre, guidĂ©e par le souci dâoffrir une comprĂ©hension claire et adaptĂ©e Ă chaque public.
Luc, tournĂ© vers les paĂŻens et les exclus, met en avant lâouverture du Royaume, la grĂące, et la misĂ©ricorde.
Conclusion
La parabole des mauvais vignerons est bien plus quâun rĂ©cit allĂ©gorique : elle est une mise en accusation directe des responsables religieux dâIsraĂ«l, mais aussi un miroir tendu Ă chaque gĂ©nĂ©ration. Elle rĂ©vĂšle le cĆur de Dieu, patient et gĂ©nĂ©reux, qui envoie ses serviteurs, puis son propre Fils, pour appeler son peuple Ă porter du fruit. Elle dĂ©voile aussi la duretĂ© du cĆur humain, capable de rejeter lâamour divin par orgueil, peur ou convoitise.
Ă travers cette parabole, le Messie JĂ©sus annonce sa propre mort, mais aussi la victoire de Dieu : la pierre rejetĂ©e devient la pierre dâangle. Le Royaume ne sera pas arrĂȘtĂ© par le rejet, il sera confiĂ© Ă ceux qui croient, obĂ©issent et portent du fruit. Ce transfert nâest pas une exclusion ethnique, mais une ouverture universelle fondĂ©e sur la foi et la fidĂ©litĂ©.
Le principe Ă©noncĂ© par le Messie JĂ©sus, dans cette parabole, initialement adressĂ© aux dirigeants religieux juifs, acquiert une portĂ©e universelle et sâapplique dĂ©sormais Ă toutes les gĂ©nĂ©rations, quâelles soient juives ou non. La reconnaissance du Fils et lâaccomplissement des fruits de justice, dâamour et de vĂ©ritĂ© constituent dĂ©sormais les conditions indispensables pour entrer dans le royaume de Dieu. Ce changement marque la fin de toute distinction entre Juifs et non-Juifs, conformĂ©ment Ă lâenseignement de Galates 3.28, et Ă©tablit une Ă©galitĂ© entre tous les disciples. Tous sont dĂ©sormais invitĂ©s Ă se rassembler sur un mĂȘme pied dâĂ©galitĂ©, unis par leur foi et leur fidĂ©litĂ© au Fils.
