Parabole
Parabole 003
Le drap neuf et les outres neuves

Pour plus d’informations

Vous pouvez consulter l’annexe ANN078 : Les paraboles

Vous pouvez consulter l’annexe ANN050 : Comment le Messie Jésus se faisait-il entendre

Vous pouvez consulter l’annexe ANN072 : Les miracles

Textes bibliques

Matthieu 9.16–17 (S21)

16 Personne ne coud un morceau de tissu neuf sur un vieil habit, car la pièce ajoutée arrache une partie de l’habit et la déchirure devient pire.

17 On ne met pas non plus du vin nouveau dans de vieilles outres, sinon les outres éclatent, le vin coule et les outres sont perdues ; mais on met le vin nouveau dans des outres neuves, et le vin et les outres se conservent. »

(Traduction Louis Segond S21)

Marc 2.21–22 (S21)

21 Personne ne coud un morceau de tissu neuf sur un vieil habit, sinon la pièce neuve ajoutée arrache une partie du vieux, et la déchirure devient pire.

22 Et personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres, sinon les outres éclatent, le vin coule et les outres sont perdues ; mais [il faut mettre] le vin nouveau dans des outres neuves. »

(Traduction Louis Segond S21)

Luc 5.36–39 (S21)

36 Il leur dit aussi une parabole : « Personne ne déchire un morceau de tissu d’un habit neuf pour le mettre à un vieil habit, sinon il déchire l’habit neuf et le morceau qu’il en a pris n’est pas assorti avec le vieux.

37 Et personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres, sinon le vin nouveau fait éclater les outres, il coule et les outres sont perdues.

38 Mais il faut mettre le vin nouveau dans des outres neuves [et les deux se conservent].

39 Et [aussitôt] après avoir bu du vin vieux, personne ne veut du nouveau, car il dit : ‘Le vieux est meilleur.’ »

(Traduction Louis Segond S21)

Résumé de la parabole

Jésus illustre l’incompatibilité entre son enseignement nouveau et les cadres anciens : on ne coud pas un tissu neuf sur un vieux vêtement, ni on ne met du vin nouveau dans de vieilles outres sans tout abîmer. Il invite à adopter des structures renouvelées, un cœur et une vie neufs, pour accueillir pleinement la nouveauté de l’Évangile.

Le contexte du discours

Cette parabole des vêtements et des outres neuves, rapportée dans Matthieu 9.16–17, Marc 2.21–22 et Luc 5.36–39, est proclamée dans un contexte de débat sur le jeûne et les pratiques religieuses traditionnelles. Voici le cadre narratif et théologique dans lequel elle s’inscrit :

Contexte narratif immédiat

Lieu et moment : Jésus est en Galilée, probablement à Capernaüm, peu après avoir appelé Lévi (Matthieu) le collecteur d’impôts à le suivre.

Situation déclenchante : Jésus participe à un repas chez Lévi, entouré de collecteurs d’impôts et de pécheurs. Cela suscite la critique des pharisiens et des disciples de Jean-Baptiste.

Question posée : « Pourquoi tes disciples ne jeûnent-ils pas, alors que les disciples de Jean et ceux des pharisiens le font ? »

Réponse de Jésus et usage des paraboles

Jésus répond par trois images paraboliques :

L’époux et les invités (Matthieu 9.15, Marc 2.19, Luc 5.34-35) : Tant que l’époux est présent, les invités ne jeûnent pas. Cela évoque la joie messianique de la présence du Christ.

Le morceau de tissu neuf sur un vieux vêtement (Matthieu 9.16, Marc 2.21, Luc 5.36) : Cela causerait une déchirure plus grande.

Le vin nouveau dans des vieilles outres (Matthieu 9.17, Marc 2.22, Luc 5.37) : Cela ferait éclater les outres.

Sens théologique et symbolique

Incompatibilité des systèmes : Le Messie Jésus illustre que sa venue inaugure une réalité nouvelle, le Royaume de Dieu, qui ne peut être contenue dans les structures religieuses anciennes.

Le vin nouveau : Symbole de la nouveauté de l’enseignement du Messie Jésus, de la vie dans l’Esprit, ou du message de la grâce.

Les vieilles outres : Représentent les pratiques religieuses traditionnelles, comme le jeûne ritualisé, qui ne peuvent accueillir cette nouveauté sans se rompre.

Particularité de Luc 5.39

Luc ajoute une phrase absente des deux autres évangiles : « Et personne, après avoir bu du vin vieux, ne veut du nouveau, car il dit : Le vieux est bon. »

Cette remarque souligne la résistance au changement : ceux habitués aux anciennes pratiques peuvent rejeter la nouveauté apportée par Jésus.

Thème

Le Messie Jésus utilise deux images, un vêtement ancien et des outres usées, pour illustrer que son enseignement ne peut être simplement greffé sur les anciennes pratiques religieuses. Le « vin nouveau » symbolise la nouveauté de la grâce, de l’amour et de la vie en Jésus, qui exige des « outres neuves » : des cœurs ouverts, prêts à accueillir une transformation profonde.

Description de la Parabole

Dans les passages de Matthieu 9.16–17, Marc 2.21–22 et Luc 5.36–39, le Messie Jésus utilise deux illustrations pour enseigner sur l’incompatibilité entre le nouveau et l’ancien. Il parle d’un morceau de tissu neuf cousu sur un vieux vêtement, ce qui provoque une déchirure pire car le tissu neuf rétrécit. Il utilise également l’image du vin nouveau versé dans de vieilles outres : les outres se rompent sous la pression du vin nouveau qui fermente, causant la perte du vin et des outres. Le vin nouveau doit être mis dans des outres neuves.

Le Messie Jésus reprend des thèmes bien connus de ses auditeurs et en citant la pièce de drap neuf et les outres il est conscient qu’il ne va rien apprendre à ces personnes.

À cette époque, le tissu fraîchement coupé s’adresse surtout aux femmes tandis que les outres sont plus souvent utilisées par les hommes ; chacun peut donc se sentir interpellé et comprendre qu’il sera directement concerné par le message de cette parabole.

Signification de la parabole

Les auditeurs du Messie Jésus connaissaient bien les pratiques de réparation des vêtements et de stockage du vin. Ils savaient que coudre un tissu neuf sur un vieux vêtement sans le traiter au préalable provoquerait des déchirures. Cette procédure nécessite de laver et sécher le tissu avant son utilisation pour la confection du vêtement, afin de réduire le rétrécissement du tissu après la réparation.

De même, les outres en peau utilisées pour la conservation du vin tendent à devenir rigides et fragiles avec le temps. La fermentation du vin nouveau aurait exercé une pression suffisante pour provoquer l’éclatement des vieilles outres.

Ces illustrations soulignent la nécessité d’un nouveau cadre pour accueillir les enseignements de Jésus. Le « vêtement vieux » et les « vieilles outres » représentent les anciennes pratiques religieuses et les structures du judaïsme, qui ne peuvent pas contenir la nouveauté et la vitalité de l’Évangile du Messie Jésus. Le « tissu neuf » et le « vin nouveau » symbolisent les enseignements et l’esprit renouvelé apportés par le Messie Jésus, nécessitant de nouvelles structures et une nouvelle mentalité.

Le Messie Jésus utilise ces métaphores pour illustrer que son enseignement et son message apportent une nouvelle alliance qui ne peut être contenue dans les anciennes traditions et pratiques juives. Il souligne la nécessité de renouveau et d’ouverture au changement pour accueillir la plénitude de son message.

Conclusion : Cette parabole enseigne que les enseignements du Messie Jésus inaugurent une nouvelle ère spirituelle qui ne peut être contenue dans les anciennes structures religieuses. Elle met en lumière l’incompatibilité entre l’ancien cadre légaliste et le nouveau message de grâce et de vie en abondance. L’appel est à une transformation profonde et à une adoption complète des valeurs et des enseignements du Messie Jésus, impliquant une rupture avec les anciennes pratiques et traditions incompatibles avec cette nouvelle perspective spirituelle.

En résumé, cette parabole invite les disciples à accueillir pleinement la nouveauté portée par l’Évangile et à se préparer à une transformation profonde, tant sur le plan individuel que collectif. Il apparaît que les premiers auditeurs ont pu rencontrer des difficultés à saisir la portée de cet enseignement ; néanmoins, aujourd’hui, grâce au contexte apporté par les écrits de Paul, la compréhension de ce que le Messie Jésus exprimait s’est accrue.

Analyse comparative des récits de Matthieu et Luc.

Comparaison de Matthieu 9.16–17, Marc 2.21–22 et Luc 5.36–39

Contexte des passages

Dans Matthieu et Marc, la parabole suit la question des disciples de Jean et des pharisiens sur le jeûne (Matthieu 9.14, Marc 2.18) : Jésus explique qu’on ne mélange pas les cadres anciens et le règne nouveau qu’il inaugure.

Dans Luc, le même enseignement apparaît après l’appel de Lévi et la guérison du paralytique, soulignant la rupture entre l’Alliance ancienne et la vie nouvelle en Christ.

Structure et contenu

Matthieu 9.16-17 : l’expression « pièce de drap neuf » ainsi que l’image du « vin nouveau dans de vieilles outres » sont citées par Matthieu. Il présente ces deux illustrations sous forme de résumé concis, sans inclure d’évaluation gustative ni établir de comparaison finale.

Marc 2.21-22 présente une formulation très similaire à celle de Matthieu 9.16, ne différant que par quelques mots. Le texte met en avant, tout comme celui de Matthieu, l’importance de la préservation du vin et de l’outre. Insérée dans le contexte du récit sur le jeûne, cette péricope met en évidence l’autorité de Jésus.

Luc 5,36-39 présente l’image du « morceau d’un habit neuf » et met en garde contre le risque de déchirure. Ce passage ajoute également une troisième illustration : « le vieux est bon ». Trois affirmations y sont formulées, la dernière soulignant la tendance humaine à résister à la nouveauté.

Nuances textuelles

Matthieu et Marc se recoupent presque mot pour mot : ils emploient “pièce de drap neuf” et soulignent que mélanger neuf et ancien aggrave la déchirure ou fait éclater l’outre.

Luc parle de “morceau d’un habit neuf” et ajoute qu’après avoir goûté au vin ancien, on rejette spontanément le nouveau (Luc 5.39), une remarque qui illustre la résistance aux changements spirituels.

Portée théologique

Ces trois textes insistent sur l’incompatibilité entre l’ancienne structure (loi, rituels) et la nouveauté du Royaume manifesté en Jésus.

Luc ajoute une dimension psychologique : l’homme préfère l’ancien par habitude, d’où la nécessité d’un cœur neuf (outres neuves) pour accueillir l’Évangile.

Reprise de ce thème

Ces thèmes sont repris ailleurs, dans le Nouveau Testament, notamment :

Jean 3.3-8 : le Messie Jésus parle à Nicodème de la nouvelle naissance par l’Esprit, indispensable pour entrer dans le Royaume.

Romains 7.6 : Paul affirme que nous avons été libérés de la Loi pour servir Dieu « dans un esprit nouveau ».

2 Corinthiens 5.17 : « Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature ; les choses anciennes sont passées. »

Hébreux 8.13 : L’auteur parle de la nouvelle alliance qui rend l’ancienne obsolète.

Colossiens 3.9-10 : L’image du vieil homme et du nouvel homme est une reprise directe du thème du renouvellement.

En résumé, ces paraboles ne sont pas isolées : elles annoncent une rupture spirituelle. Le Messie Jésus ne vient pas améliorer l’ancien système, mais inaugurer une nouvelle réalité, une vie transformée par la foi, la grâce et l’Esprit.

D’autre part le lien entre les paraboles du vin nouveau et des vieilles outres (Matthieu 9.16–17, Marc 2.21–22 et Luc 5.36–39) et l’épître aux Galates est profond : toutes deux dénoncent l’incompatibilité entre la grâce de l’Évangile et les exigences de la Loi.

Galates 2.19-21 : Paul affirme qu’il est « mort à la Loi » pour vivre pour Dieu. Il ne veut pas reconstruire ce qu’il a détruit, sinon il se rendrait coupable.

Galates 3.1-3 : Il reproche aux Galates d’avoir commencé par l’Esprit et de vouloir maintenant revenir aux œuvres de la Loi.

Galates 5.1-4 : Il insiste sur la liberté en Christ et avertit que vouloir être justifié par la Loi, c’est se séparer de la grâce.

Les deux textes (les paraboles et l’épître) proclament que : Le salut ne peut pas être un mélange de grâce et de Loi.

La nouvelle vie en Christ exige un cœur renouvelé, libre des anciennes contraintes religieuses.

Revenir à l’ancien système, c’est refuser le vin nouveau et étouffer l’œuvre de l’Esprit.

Commentaire

Nous remarquons avec cette double parabole que le désir du Messie Jésus n’est pas de raconter une anecdote avec une leçon spirituelle mais au contraire de proclamer un message important qui remet en cause les structures religieuses sur lesquelles repose la société juive du premier siècle.

Une proclamation académique de ce message aurait vraisemblablement suscité une forte opposition de la part des pharisiens. Ceux-ci n’auraient pas accepté le principe de la grâce, jugé incompatible avec l’application stricte de la loi. Ce principe aurait probablement donné lieu à des discussions approfondies, des débats vifs et, dans certains cas, à des réactions conflictuelles lorsque l’argumentation atteignait ses limites. Cela aurait également détourné l’attention de l’auditeur du message principal de ces paraboles.

Le message transmis par cette parabole ne suscite pas de confrontation directe et offre à chacun la possibilité d’interpréter selon sa compréhension, puisque le Messie Jésus n’y fournit pas d’explication explicite.

Il est possible de constater que la diffusion du message du Messie Jésus a rencontré des difficultés. Les préjugés ainsi que l’éducation religieuse prônée par les pharisiens ont constitué des obstacles à la propagation de ce message.

À la lecture de ces passages, il ressort que la majorité des auditeurs du Messie Jésus n’ont pas pleinement appréhendé le sens des deux paraboles, suggérant ainsi que ces enseignements étaient principalement destinés à ceux qui composeraient l’Église. Cette compréhension est désormais facilitée par les écrits de l’apôtre Paul concernant le salut et la grâce.

Le Maître alternait entre paraboles et messages explicites, permettant ainsi aux auditeurs de repartir avec une compréhension partielle : certains aspects étaient assimilés, tandis que d’autres demeuraient obscurs.

Il apparaît donc que le ministère des apôtres, après le décès du Maître, consistait en partie à rappeler ses enseignements et à fournir des informations complémentaires ainsi que des explications.

Conclusion

Cette parabole enseigne que les enseignements du Messie Jésus inaugurent une nouvelle ère spirituelle qui ne peut être contenue dans les anciennes structures religieuses. Elle met en lumière l’incompatibilité entre l’ancien cadre légaliste et le nouveau message de grâce et de vie en abondance. L’appel est à une transformation profonde et à une adoption complète des valeurs et des enseignements de Jésus, impliquant une rupture avec les anciennes pratiques et traditions incompatibles avec cette nouvelle perspective spirituelle.

En somme, cette parabole exhorte les disciples à embrasser pleinement la nouveauté de l’Évangile et à se préparer pour une transformation radicale, tant au niveau personnel que communautaire.

L’absence d’explications lors de la proclamation de ces deux paraboles, l’une s’adressant aux hommes (les outres) et l’autre aux femmes (les draps), laisse supposer que la majorité de l’auditoire n’a probablement pas saisi pleinement la portée de ces messages. Il est possible que certains aient établi un rapprochement avec l’enseignement des pharisiens. Il semble pertinent de considérer que cet enseignement visait avant tout l’Eglise qui émergera après la mort du Messie Jésus.