Annexe
Annexe 115
Le purgatoire

Pour plus d’informations

Vous pouvez consulter l’annexe ANN105 : L’inĂ©rrance de la Bible

Vous pouvez consulter l’annexe ANN110 : La mort, ce que dit la Bible

Vous pouvez consulter l’annexe ANN116 : Le salut

Vous pouvez consulter l’annexe ANN117 : Le pĂ©chĂ©

Vous pouvez consulter l’annexe ANN103 : La repentance

Introduction

La Bible parle du royaume de Dieu ou du paradis comme un lieu dans la prĂ©sence de Dieu rĂ©servĂ© Ă  ceux qui sont sauvĂ©s. Elle dĂ©finit aussi un lieu qui recevra ceux qui sont perdus. Il est dĂ©crit comme un lieu de tourments, il est appelĂ© l’enfer ou la gĂ©henne ou mĂȘme HadĂšs. Il n’y a, dans la Bible que ces deux rĂ©fĂ©rences ou ces deux lieux correspondant Ă  deux Ă©tats, sauvĂ© et perdu.

Certains intellectuels au 12Ăšme siĂšcle ont imaginĂ© un troisiĂšme lieu, le purgatoire, afin d’échapper Ă  ce jugement considĂ©rĂ© comme trop sĂ©vĂšre et trop brutal. Ce concept a pris corps dans l’Eglise catholique et sera adoptĂ© ou entĂ©rinĂ© lors du concile de Lyon en 1274.

Nous nous proposons dans cette Ă©tude d’analyser ce point de doctrine de la religion catholique et tenter de comprendre comment une idĂ©e qui n’est pas inscrite dans la Bible arrive Ă  devenir un dogme dans l’Eglise catholique. L’Eglise protestante rejette catĂ©goriquement ce prĂ©cepte.

I – Etymologie du mot, purgatoire

Le mot purgatoire vient du latin « purgatorium », qui est le substantif neutre dĂ©rivĂ© de « purgatorius », signifiant « purificateur » ou « qui purifie ». Ce terme lui-mĂȘme provient du verbe « purgare », qui signifie « nettoyer » ou « purger ». A l’origine, on parlait du feu purgatoire avant que le mot ne dĂ©signe un lieu spĂ©cifique. Ce terme dĂ©rive donc du principe biblique de la purification du pĂ©chĂ© comme le prĂ©cise 1 Jean 1.9 :

1 Jean 1.9 (S21)

9 Si nous reconnaissons nos péchés, il est fidÚle et juste pour nous les pardonner et pour nous purifier de tout mal.

(Traduction Louis Segond S21)

II – Le principe du purgatoire

Le purgatoire est considĂ©rĂ© par l’Eglise catholique, comme un Ă©tat aprĂšs la mort dans lequel se trouvent des Ăąmes qui nĂ©cessitent une purification supplĂ©mentaire avant d’entrer dans le royaume de Dieu. MĂȘme si l’idĂ©e est intĂ©ressante elle est cependant Ă  priori contredite par HĂ©breux 9.27 :

HĂ©breux 9.27–28 (S21)

27 Il est rĂ©servĂ© aux ĂȘtres humains de mourir une seule fois, aprĂšs quoi vient le jugement.

28 De mĂȘme, Christ s’est offert une seule fois pour porter les pĂ©chĂ©s de beaucoup d’hommes, puis il apparaĂźtra une seconde fois, sans rapport avec le pĂ©chĂ©, Ă  ceux qui l’attendent pour leur salut.

(Traduction Louis Segond S21)

Donc si nous suivons cette idĂ©e des Ăąmes pas complĂštement pardonnĂ©es, elles devraient subir une purification personnelle complĂ©mentaire. Comment se fait cette purification selon le principe proposĂ© par l’Eglise catholique ?

1 – Par le feu spirituel : Certains textes bibliques, comme 1 Corinthiens 3,13-15, Ă©voquent un feu qui Ă©prouve et purifie les Ɠuvres des croyants.

1 Corinthiens 3.13–15 (S21)

13 l’Ɠuvre de chacun sera dĂ©voilĂ©e : le jour du jugement la fera connaĂźtre, car elle se rĂ©vĂ©lera dans le feu et l’épreuve du feu indiquera ce que vaut l’Ɠuvre de chacun.

14 Si l’Ɠuvre que quelqu’un a construite sur le fondement subsiste, il recevra une rĂ©compense.

15 Si son Ɠuvre brĂ»le, il perdra sa rĂ©compense ; lui-mĂȘme sera sauvĂ©, mais comme au travers d’un feu.

(Traduction Louis Segond S21)

Dans ces versets, on ne trouve pas le principe de la purification. Ils mettent en Ă©vidence les Ɠuvres de chacun et Ă©valuent leurs qualitĂ©s. Bien que les Ɠuvres ne sauvent pas, elles nous suivent tout de mĂȘme. Il est donc important de juger le travail de chacun, ce jugement ayant lieu au jour du jugement dernier devant le tribunal de Christ. La mĂ©taphore du feu illustre la qualitĂ© des Ɠuvres comme indiquĂ© dans 1 Corinthiens 3.12.

2 – Par la priĂšre des vivants : L’Eglise catholique encourage la priĂšre pour les Ăąmes du purgatoire, notamment Ă  travers des messes et des intentions spĂ©cifiques. Ce principe de prier pour les morts et pour leur salut n’a pas de base scripturaire. Il n’est pas reconnu par l’Eglise protestante.

Hébreux 9.27 (S21)

27Il est rĂ©servĂ© aux ĂȘtres humains de mourir une seule fois, aprĂšs quoi vient le jugement.

(Traduction Louis Segond S21)

Vous pouvez consulter l’annexe ANN110 : La mort, ce que dit la Bible. Les exĂ©gĂštes catholiques avancent le fait suivant : selon 2 TimothĂ©e 1.16-18 l’apĂŽtre Paul prie pour OnĂ©siphore qui serait en suivant leur interprĂ©tation, mort.

Onésiphore

C’est l’apĂŽtre Paul qui parle de OnĂ©siphore et qui le cite dans un seul cas :

2 TimothĂ©e 1.16–18 (S21)

16 Que le Seigneur accorde sa compassion Ă  la famille d’OnĂ©siphore, car il m’a souvent rĂ©confortĂ© et n’a pas eu honte de ma situation de prisonnier.

17 Au contraire, lorsqu’il est venu Ă  Rome, il m’a cherchĂ© avec beaucoup d’empressement et m’a trouvĂ©.

18 Que le Seigneur lui donne d’obtenir grñce auprùs du Seigneur ce jour-là. Tu sais mieux que personne combien de services il a rendus à Ephùse.

2 TimothĂ©e 1.16–18 (NEG)

16 Que le Seigneur rĂ©pande sa misĂ©ricorde sur la maison d’OnĂ©siphore, car il m’a souvent consolĂ©, et il n’a pas eu honte de mes chaĂźnes ;

1 7au contraire, lorsqu’il est venu Ă  Rome, il m’a cherchĂ© avec beaucoup d’empressement, et il m’a trouvĂ©.

18 Que le Seigneur lui donne d’obtenir misĂ©ricorde auprĂšs du Seigneur en ce jour-lĂ . Tu sais mieux que personne combien de services il m’a rendus Ă  EphĂšse.

2 TimothĂ©e 1.16–18 (Darby)

16 Le Seigneur fasse misĂ©ricorde Ă  la maison d’OnĂ©siphore, car il m’a souvent consolĂ© et n’a point eu honte de ma chaĂźne,

17 mais, quand il a Ă©tĂ© Ă  Rome, il m’a cherchĂ© trĂšs-soigneusement et il m’a trouvĂ©.

18 Le Seigneur lui fasse trouver misĂ©ricorde de la part du Seigneur dans ce jour-là ; et tu sais mieux [que personne] combien de services il a rendus dans ÉphĂšse.

2 TimothĂ©e 1.16–18 (PVV)

16 Par contre, OnĂ©siphore m’a souvent rĂ©confortĂ©. Que le Seigneur fasse sentir sa bontĂ© Ă  toute sa famille. Lui, du moins, n’a pas eu honte de me rendre visite en prison.

17 DĂšs son arrivĂ©e Ă  Rome, il s’est mis activement Ă  ma recherche, il n’a reculĂ© devant aucune fatigue, aussi a-t-il fini par me dĂ©couvrir.

18 Que le Seigneur JĂ©sus lui donne d’avoir part Ă  la bontĂ© de Dieu au Jour (du jugement). Tu sais mieux que personne combien de services il m’a rendus Ă  EphĂšse.

Le verset de 2 TimothĂ©e 1.16 stipule uniquement le souhait et la priĂšre de l’apĂŽtre Paul afin que Dieu bĂ©nisse la famille d’OnĂ©siphore. En effet au regard du voyage qu’il a effectuĂ© Ă  Rome nous pouvons supposer que Paul sous-entendait son absence pendant cette pĂ©riode.

Le verset de 2 TimothĂ©e 1.18, en particulier la premiĂšre partie : « Que le Seigneur lui donne d’obtenir grĂące auprĂšs du Seigneur ce jour-là », peut ĂȘtre difficile Ă  interprĂ©ter dans le cadre de l’option d’un purgatoire. Il peut plus simplement signifier que, lors du jugement dernier, l’apĂŽtre Paul souhaite que le Seigneur considĂšre les actions d’OnĂ©siphore comme bĂ©nĂ©fiques et encourageantes pour lui-mĂȘme. De plus, il est possible que Paul espĂ©rĂąt qu’OnĂ©siphore ne perde jamais sa foi et son salut, contrairement Ă  certaines personnes de son entourage, Ă  cette Ă©poque.

3 – Par la misĂ©ricorde divine : Le purgatoire est un processus permettant aux Ăąmes d’atteindre la saintetĂ© nĂ©cessaire pour entrer au paradis.

Marc 16.16 (S21)

16 Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné.

(Traduction Louis Segond S21)

La misĂ©ricorde divine se traduit par la proposition du salut universel offerte Ă  l’humanitĂ© grĂące Ă  la mort expiatoire de JĂ©sus-Christ. La saintetĂ©, entendue comme une puretĂ© absolue ou une perfection morale, peut sembler inaccessible. Toutefois, la notion de saintetĂ© en tant que sĂ©paration du monde devient tangible par le biais de la conversion Ă  Dieu.

III – La genĂšse du purgatoire

Il est pertinent d’examiner l’origine et l’Ă©volution historique de ce dogme, qui, rappelons-le, demeure entiĂšrement distinct des doctrines bibliques. Nous considĂ©rons que les livres apocryphes n’appartiennent pas au canon de la Bible.

La priĂšre pour les dĂ©funts est mentionnĂ©e dans le DeuxiĂšme Livre des MaccabĂ©es, en 2 MaccabĂ©es 12.46. Ce passage dĂ©crit Judas MaccabĂ©e ordonnant un sacrifice expiatoire pour les soldats tombĂ©s au combat afin qu’ils soient dĂ©livrĂ©s de leurs pĂ©chĂ©s. Ce verset est citĂ© comme rĂ©fĂ©rence « biblique » de la doctrine du purgatoire et de la priĂšre pour les morts dans le catholicisme. Il est important de noter que les quatre livres des MaccabĂ©es ne sont pas inclus dans le canon biblique.

(Les quatre livres des Maccabées

Il existe quatre livres des Maccabées, mais leur reconnaissance varie selon les traditions religieuses :

Le judaïsme ne les inclut pas dans la Bible hébraïque.

Le catholicisme reconnaßt uniquement les deux premiers comme livres deutérocanoniques.

Les Églises orthodoxes acceptent les quatre livres parmi les livres deutĂ©rocanoniques.

Le protestantisme les considĂšre comme apocryphes et les classe parmi les livres intertestamentaires.

Les deux premiers livres racontent la révolte des Maccabées contre les Séleucides, tandis que les troisiÚme et quatriÚme livre abordent des thÚmes philosophiques et historiques.)

La notion de purgatoire a commencĂ© Ă  se prĂ©ciser au XIe siĂšcle, mais c’est surtout au XIIe siĂšcle qu’elle a pris une forme plus dĂ©finie. L’historien Jacques Le Goff parle mĂȘme de la « naissance du purgatoire » Ă  cette Ă©poque.

Ensuite, la doctrine a Ă©tĂ© officiellement affirmĂ©e par l’Eglise catholique lors du premier concile de Lyon en 1245, puis du second concile de Lyon en 1274, et enfin du concile de Florence en 1439. Le mot « purgatoire » lui-mĂȘme a Ă©tĂ© utilisĂ© pour la premiĂšre fois dans un dĂ©cret du concile de Trente en 1547.

C’est lors du Concile de Trente (1545-1563) que le purgatoire est confirmĂ© comme un dogme, et l’Eglise catholique insiste sur l’importance des priĂšres et des indulgences pour les Ăąmes en purification.

Comment expliquer cette proposition du purgatoire au Moyen Age ?

Affirmation doctrinale : L’Église cherchait Ă  structurer davantage ses enseignements sur l’au-delĂ  et Ă  rĂ©pondre aux interrogations des fidĂšles sur le sort des Ăąmes aprĂšs la mort.

Encouragement des priĂšres et des indulgences : La doctrine du purgatoire permettait de justifier les priĂšres pour les dĂ©funts et les indulgences, qui Ă©taient un moyen pour les vivants d’aider les Ăąmes Ă  atteindre le paradis.

ContrĂŽle social et religieux : Certains historiens, comme Jean Delumeau, ont suggĂ©rĂ© que l’Eglise catholique utilisait le purgatoire dans une « pastorale de la peur » pour renforcer son influence sur les fidĂšles.

RĂ©ponse aux croyances populaires : De nombreuses traditions locales Ă©voquaient dĂ©jĂ  des lieux ou Ă©tats intermĂ©diaires aprĂšs la mort. L’Église a intĂ©grĂ© ces croyances dans une doctrine officielle.

Aujourd’hui, la prĂ©dication sur le purgatoire est moins courante, et l’Eglise catholique privilĂ©gie davantage la misĂ©ricorde divine plutĂŽt que les souffrances purificatrices. Bien que le purgatoire soit toujours un dogme catholique, il est moins frĂ©quemment abordĂ© dans la thĂ©ologie contemporaine.

IV – Ce que la Bible prĂ©cise

Les textes du canon biblique ne mentionnent pas d’état intermĂ©diaire entre le salut et la perdition. Ils adoptent une approche binaire, ne proposant que deux possibilitĂ©s : « sauvĂ© » ou « perdu ».

La Bible stipule de maniĂšre explicite que l’homme dĂ©termine lui-mĂȘme son futur statut par ses choix terrestres. Durant toute la durĂ©e de sa vie, jusqu’au dernier moment avant la mort, il demeure libre d’accepter le salut offert par la mort expiatoire du Messie JĂ©sus (Luc 23.39-43).

Nous ne revisiterons pas ici les différentes études que nous présentons sur les doctrines bibliques. Ces annexes contiennent des affirmations détaillées basées exclusivement sur les textes de la Bible.

Ce dogme apparait donc comme une adaptation du texte biblique dans le but de faciliter l’accùs au royaume de Dieu. Mais cette proposition reste une parole d’homme un peu comme celle de cet artiste (Michel Polnareff) qui chantait que tout le monde ira au Paradis. L’imagination humaine n’a aucun pouvoir sur l’avenir de l’homme.

Conclusion

La rĂ©flexion sur la notion de limite suggĂšre que certains individus, par leurs choix ou leur parcours, peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme dĂ©finitivement perdus. Pourtant, il demeure possible d’imaginer que d’autres personnes seraient « tout juste » perdues, c’est-Ă -dire qu’il leur aurait suffi d’une action infime pour obtenir le salut. Ce questionnement conduit Ă  envisager l’existence d’un Ă©tat de rattrapage, une sorte de seconde chance accessible aprĂšs la mort pour ceux qui Ă©taient proches du salut.

Cependant, cette idĂ©e ne correspond pas Ă  la rĂ©alitĂ© telle qu’elle est prĂ©sentĂ©e dans la Bible. Les principes du salut y sont clairement Ă©tablis : il s’agit d’un don offert par Dieu, et chaque individu conserve la libertĂ© de l’accepter ou de le refuser durant son existence terrestre. Ainsi, ceux qui font le choix d’accepter ce don sont sauvĂ©s, tandis que ceux qui le rejettent sont considĂ©rĂ©s comme perdus. Selon cette perspective biblique, il n’existe donc aucune possibilitĂ© intermĂ©diaire entre l’acceptation et le refus du salut ; la notion de seconde chance aprĂšs la mort n’est pas retenue.

2 Corinthiens 5.20 : « Nous faisons donc les fonctions d’ambassadeurs pour Christ, comme si Dieu exhortait par nous ; nous vous en supplions au nom de Christ : Soyez rĂ©conciliĂ©s avec Dieu ! ».