La repentance
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Introduction
Nous avons abordĂ© ce sujet en discutant des dĂ©fis rencontrĂ©s par Jean le Baptiste. De nombreuses personnes venaient se faire baptiser dans les eaux du Jourdain, mais plusieurs d’entre elles ne percevaient pas la repentance comme une condition prĂ©alable au baptĂȘme. Jean-Baptiste leur a rappelĂ© avec fermetĂ© que l’appartenance au peuple juif n’Ă©tait pas une condition suffisante pour ĂȘtre Ă©ligible au baptĂȘme.
Cette repentance est-elle également pertinente de nos jours ?
Le Pasteur Daniel Guillet a aimablement autorisĂ© la publication de son Ă©tude, laquelle analyse en profondeur la vĂ©ritable nature de la repentance. Nous avons organisĂ© son texte en plusieurs paragraphes et ajoutĂ© des titres afin d’en faciliter la lecture et la publication.
Comment définir ce terme : repentance ?
VoilĂ un mot qui fait couler beaucoup dâencre et dont on propose de multiples traductions !
Quâen est-il au juste ? Pour beaucoup, ce mot est dĂ©passĂ© voire vieillot. Pourtant, quand on considĂšre son Ă©tymologie, on constate quâelle est extrĂȘmement suggestive. Notre mot français repentance vient en effet du verbe latin « paenitere » qui veut dire : « ĂȘtre mĂ©content », « avoir du regret ». Si on veut affiner cette Ă©tymologie, il convient de se rĂ©fĂ©rer Ă la tournure impersonnelle de ce verbe : « me paenitet » qui signifie : « je nâai pas assez deâŠ, je ne suis pas content de⊠». En latin classique, « me paenitet » devient : « jâai du regretâŠje me repens ».
Il est vraiment intĂ©ressant dâexaminer aussi les mots de la mĂȘme famille : le nom commun « penuria » qui a donnĂ© « pĂ©nurie » en français (mot qui Ă©voque une disette extrĂȘme) et lâadverbe « paene » qui veut dire : « presque ». On le sait bien, lâinsatisfaction provient prĂ©cisĂ©ment du fait que lâon est « presque » heureux, « presque » en paix, on pourrait mĂȘme ajouter : « presque » sauvĂ©. Tant que le manque se fait sentir, on ne vit pas dâune maniĂšre Ă©panouie. Mais cette insatisfaction est finalement le moteur de la repentance qui est le passage obligĂ© pour expĂ©rimenter le salut.
Quels secrets recĂšle le grec du Nouveau Testament ?
Venons-en maintenant au mot grec du Nouveau Testament. Câest un mot trĂšs complet qui met Ă la fois lâaccent sur lâorigine de la repentance et la repentance elle-mĂȘme. Le verbe « metanoĂŽ » veut dire littĂ©ralement : « penser aprĂšs », dâoĂč « changer dâavis, regretter ».
La notion de changement se trouve dans le prĂ©fixe et adverbe « meta ». En français, lâusage de cet adverbe sâobserve dans les mots composĂ©s comme « mĂ©tamorphose », « mĂ©tabolisme », « mĂ©taphore » etc.
Le texte grec du Nouveau Testament comporte des verbes comme « metameloumai » : avoir du remords, dâoĂč se repentir (Matthieu 27.3, 2 Corinthiens 7.8) ; « metaballo » : changer dâavis (Actes 28.6) ; « metamorphoĂŽ » : ĂȘtre transformĂ© (Romains 12.2) ; « metastrephĂŽ » : se transformer (Actes 2.20 ; Jacques 4.9) ; ou encore « metatithĂšmi : ĂȘtre transportĂ© ; ĂȘtre changĂ© » (HĂ©breux 7.12 et Jude 4). Dans tous ces verbes, lâidĂ©e de changement est directement ou indirectement affirmĂ©e.
Cependant, une notion plus délicate émerge également
Toutefois, le verbe « metanoĂŽ » (se repentir) et le nom « metanoia » (repentance), ont une Ă©tymologie plus subtile au dĂ©part : celle-ci met en valeur lâattitude qui consiste Ă penser ou Ă rĂ©flĂ©chir aprĂšs. « AprĂšs » : tel est le sens gĂ©nĂ©ral de lâadverbe « meta ». Le philosophe DĂ©mocrite (460-370 avant J.-C.) a Ă©tĂ© lâun des premiers Ă utiliser le verbe « metanoĂŽ » dans ce sens-lĂ .
On tient de lui cette phrase : « Penser aprĂšs (metanoĂŽ) ne convient pas Ă un homme sage. Il serait prĂ©fĂ©rable quâil rĂ©flĂ©chisse avant (pronoĂŽ)». Câest effectivement une bonne maniĂšre de voir les choses.
Mais pour ce qui est de la repentance, lâapproche est diffĂ©rente, puisque la rĂ©flexion intervient aprĂšs un mal-ĂȘtre, une insatisfaction, une prise de conscience du pĂ©chĂ©. Câest grĂące Ă un dĂ©goĂ»t de soi-mĂȘme quâon est poussĂ© Ă venir auprĂšs du Seigneur et Ă regretter un passĂ© de pĂ©chĂ© et de misĂšre qui nâa fait que nourrir cette insatisfaction.
Les trésors du langage grec
Le verbe « metanoĂŽ » et le nom « metanoia » sont manifestement plus riches quâil nây paraĂźt.
Dans les versions rĂ©centes de la Bible, on traduit « metanoia » par « changement de mentalitĂ© », « changement dâĂ©tat dâesprit », « changement radical ». Ce nâest certes pas faux, mais en traduisant ainsi, on escamote tout ce qui a pu se passer en amont.
Or, il ne faut pas sâattacher Ă la seule consĂ©quence de la repentance. Il est bon Ă©galement de prendre en compte ce qui la suscite. On ne peut pas ignorer la notion de regret dans la repentance, pas plus quâon ne peut ignorer lâacte prĂ©cis de la conversion qui la gĂ©nĂšre.
Conclusion
En résumé, les mots grecs « metanoÎ » et « metanoia » contiennent plusieurs appels :
-Un appel Ă une prise de conscience du pĂ©chĂ© avec toute lâinsatisfaction et le regret qui en dĂ©coulent : cela concerne tout ce qui sâest passĂ© avant.
-Un appel Ă une rĂ©paration (demande de pardon, Ćuvres dignes de la repentance, exercice de la foi en JĂ©sus-Christ et en son Ćuvre de rĂ©demption Ă la croix) : cela concerne tout ce qui se passe pendant.
-Un appel Ă un changement : cela concerne tout ce qui va se passer aprĂšs.
Tout bien pesĂ©, notre mot « repentance » prend en compte ces diffĂ©rentes dimensions et il a lâĂ©norme avantage dâĂȘtre suggestif et complet.
Parmi ses autres qualitĂ©s, il en est une quâon ne pourra jamais lui contester : câest quâil bĂ©nĂ©ficie dâune valeur historique incontestable, puisque depuis des siĂšcles, dans tous les milieux chrĂ©tiens, le mot « repentance » fait partie du vocabulaire de la conversion. Nâayons donc pas honte de ce mot !
Cette étude a été réalisée par le Pasteur Daniel GUILLET. Nous le remercions pour son aimable participation.