Annexe
Annexe 103
La repentance

La repentance

Pour plus d’informations

Vous pouvez consulter l’annexe ANN017 : Les baptĂȘmes

Vous pouvez consulter le chapitre : Les Evangiles

Introduction

Nous avons abordĂ© ce sujet en discutant des dĂ©fis rencontrĂ©s par Jean le Baptiste. De nombreuses personnes venaient se faire baptiser dans les eaux du Jourdain, mais plusieurs d’entre elles ne percevaient pas la repentance comme une condition prĂ©alable au baptĂȘme. Jean-Baptiste leur a rappelĂ© avec fermetĂ© que l’appartenance au peuple juif n’Ă©tait pas une condition suffisante pour ĂȘtre Ă©ligible au baptĂȘme.

Cette repentance est-elle également pertinente de nos jours ?

Le Pasteur Daniel Guillet a aimablement autorisĂ© la publication de son Ă©tude, laquelle analyse en profondeur la vĂ©ritable nature de la repentance. Nous avons organisĂ© son texte en plusieurs paragraphes et ajoutĂ© des titres afin d’en faciliter la lecture et la publication.

Comment définir ce terme : repentance ?

Voilà un mot qui fait couler beaucoup d’encre et dont on propose de multiples traductions !

Qu’en est-il au juste ? Pour beaucoup, ce mot est dĂ©passĂ© voire vieillot. Pourtant, quand on considĂšre son Ă©tymologie, on constate qu’elle est extrĂȘmement suggestive. Notre mot français repentance vient en effet du verbe latin « paenitere » qui veut dire : « ĂȘtre mĂ©content », « avoir du regret ». Si on veut affiner cette Ă©tymologie, il convient de se rĂ©fĂ©rer Ă  la tournure impersonnelle de ce verbe : « me paenitet » qui signifie : « je n’ai pas assez de
, je ne suis pas content de
 ». En latin classique, « me paenitet » devient : « j’ai du regret
je me repens ».

Il est vraiment intĂ©ressant d’examiner aussi les mots de la mĂȘme famille : le nom commun « penuria » qui a donnĂ© « pĂ©nurie » en français (mot qui Ă©voque une disette extrĂȘme) et l’adverbe « paene » qui veut dire : « presque ». On le sait bien, l’insatisfaction provient prĂ©cisĂ©ment du fait que l’on est « presque » heureux, « presque » en paix, on pourrait mĂȘme ajouter : « presque » sauvĂ©. Tant que le manque se fait sentir, on ne vit pas d’une maniĂšre Ă©panouie. Mais cette insatisfaction est finalement le moteur de la repentance qui est le passage obligĂ© pour expĂ©rimenter le salut.

Quels secrets recĂšle le grec du Nouveau Testament ?

Venons-en maintenant au mot grec du Nouveau Testament. C’est un mot trĂšs complet qui met Ă  la fois l’accent sur l’origine de la repentance et la repentance elle-mĂȘme. Le verbe « metanoĂŽ » veut dire littĂ©ralement : « penser aprĂšs », d’oĂč « changer d’avis, regretter ».

La notion de changement se trouve dans le prĂ©fixe et adverbe « meta ». En français, l’usage de cet adverbe s’observe dans les mots composĂ©s comme « mĂ©tamorphose », « mĂ©tabolisme », « mĂ©taphore » etc.

Le texte grec du Nouveau Testament comporte des verbes comme « metameloumai » : avoir du remords, d’oĂč se repentir (Matthieu 27.3, 2 Corinthiens 7.8) ; « metaballo » : changer d’avis (Actes 28.6) ; « metamorphoĂŽ » : ĂȘtre transformĂ© (Romains 12.2) ; « metastrephĂŽ » : se transformer (Actes 2.20 ; Jacques 4.9) ; ou encore « metatithĂšmi : ĂȘtre transportĂ© ; ĂȘtre changĂ© » (HĂ©breux 7.12 et Jude 4). Dans tous ces verbes, l’idĂ©e de changement est directement ou indirectement affirmĂ©e.

Cependant, une notion plus délicate émerge également

Toutefois, le verbe « metanoĂŽ » (se repentir) et le nom « metanoia » (repentance), ont une Ă©tymologie plus subtile au dĂ©part : celle-ci met en valeur l’attitude qui consiste Ă  penser ou Ă  rĂ©flĂ©chir aprĂšs. « AprĂšs » : tel est le sens gĂ©nĂ©ral de l’adverbe « meta ». Le philosophe DĂ©mocrite (460-370 avant J.-C.) a Ă©tĂ© l’un des premiers Ă  utiliser le verbe « metanoĂŽ » dans ce sens-lĂ .

On tient de lui cette phrase : « Penser aprĂšs (metanoĂŽ) ne convient pas Ă  un homme sage. Il serait prĂ©fĂ©rable qu’il rĂ©flĂ©chisse avant (pronoĂŽ)». C’est effectivement une bonne maniĂšre de voir les choses.

Mais pour ce qui est de la repentance, l’approche est diffĂ©rente, puisque la rĂ©flexion intervient aprĂšs un mal-ĂȘtre, une insatisfaction, une prise de conscience du pĂ©chĂ©. C’est grĂące Ă  un dĂ©goĂ»t de soi-mĂȘme qu’on est poussĂ© Ă  venir auprĂšs du Seigneur et Ă  regretter un passĂ© de pĂ©chĂ© et de misĂšre qui n’a fait que nourrir cette insatisfaction.

Les trésors du langage grec

Le verbe « metanoĂŽ » et le nom « metanoia » sont manifestement plus riches qu’il n’y paraĂźt.

Dans les versions rĂ©centes de la Bible, on traduit « metanoia » par « changement de mentalitĂ© », « changement d’état d’esprit », « changement radical ». Ce n’est certes pas faux, mais en traduisant ainsi, on escamote tout ce qui a pu se passer en amont.

Or, il ne faut pas s’attacher Ă  la seule consĂ©quence de la repentance. Il est bon Ă©galement de prendre en compte ce qui la suscite. On ne peut pas ignorer la notion de regret dans la repentance, pas plus qu’on ne peut ignorer l’acte prĂ©cis de la conversion qui la gĂ©nĂšre.

Conclusion

En résumé, les mots grecs « metanoÎ » et « metanoia » contiennent plusieurs appels :

-Un appel Ă  une prise de conscience du pĂ©chĂ© avec toute l’insatisfaction et le regret qui en dĂ©coulent : cela concerne tout ce qui s’est passĂ© avant.

-Un appel Ă  une rĂ©paration (demande de pardon, Ɠuvres dignes de la repentance, exercice de la foi en JĂ©sus-Christ et en son Ɠuvre de rĂ©demption Ă  la croix) : cela concerne tout ce qui se passe pendant.

-Un appel Ă  un changement : cela concerne tout ce qui va se passer aprĂšs.

Tout bien pesĂ©, notre mot « repentance » prend en compte ces diffĂ©rentes dimensions et il a l’énorme avantage d’ĂȘtre suggestif et complet.

Parmi ses autres qualitĂ©s, il en est une qu’on ne pourra jamais lui contester : c’est qu’il bĂ©nĂ©ficie d’une valeur historique incontestable, puisque depuis des siĂšcles, dans tous les milieux chrĂ©tiens, le mot « repentance » fait partie du vocabulaire de la conversion. N’ayons donc pas honte de ce mot !

Cette étude a été réalisée par le Pasteur Daniel GUILLET. Nous le remercions pour son aimable participation.