Annexe
Annexe 71
La ville de Capernaüm

Pour plus d’informations

Vous pouvez consulter le chapitre : Le contexte historique

Vous pouvez consulter le chapitre : Le contexte géopolitique

Introduction

Capernaüm, une ville située sur la rive nord-ouest du lac de Tibériade, en Galilée, tire son nom de l’hébreu, signifiant “village de Nahum”. Cette ville prospère se trouvait sur une route commerciale majeure entre Damas et la Méditerranée et bénéficiait d’un port de pêche ainsi que d’une douane. Capernaüm était également un centre religieux important, abritant une synagogue et une grande communauté juive.

Dans les Évangiles, Capernaüm est présentée comme le lieu où Jésus a établi son quartier général après avoir quitté Nazareth. Il y a réalisé de nombreux miracles, enseigné dans la synagogue, appelé ses premiers disciples et rencontré des figures telles que le centurion romain, le paralytique, le publicain Lévi et la belle-mère de Pierre.

Malgré les signes prodigieux accomplis par Jésus, les habitants de la ville n’ont pas accueilli son message avec foi. Jésus a alors prononcé un jugement sévère : “Et toi, Capernaüm, seras-tu élevée jusqu’au ciel ? Non, tu descendras jusqu’au séjour des morts !” Matthieu 11.23.

L’objectif de ce document est de réaliser une étude approfondie de l’histoire de Capernaüm à l’époque du Messie Jésus et de comprendre les raisons qui l’ont incité à y établir son quartier général.

Nous examinerons les sources archéologiques, historiques et bibliques pour mieux comprendre la vie quotidienne, la culture, la religion et la politique de la ville à cette époque. Nous analyserons également la relation entre le Messie Jésus et Capernaüm, ses habitants et ses autorités, ainsi que l’impact de son ministère sur la ville.

L’histoire de la ville de Capernaüm

Les origines de Capernaüm sont incertaines, mais il semble qu’elle ait été fondée à l’époque du roi David, vers le Xe siècle av. J.-C. Elle est mentionnée pour la première fois dans le livre de Josué, comme faisant partie du territoire de la tribu de Nephtali  Josué 19:32-39. Pour une analyse détaillée des propos de Matthieu sur la lumière dans le territoire de Nephtali et de Zabulon, consultez la péricope PER051.

À partir du IIe siècle av. J.-C., Capernaüm a connu un essor économique grâce à sa situation stratégique sur la route de la soie, reliant l’Orient à l’Occident. Elle était également un carrefour entre la Galilée, la Syrie, la Phénicie et la Décapole, bénéficiant du commerce des produits agricoles, textiles, épices, parfums, métaux et pierres précieuses.

Sous la domination des Séleucides, puis des Hasmonéens, Capernaüm est passée sous le contrôle romain en 63 av. J.-C. Elle faisait partie du royaume d’Hérode le Grand, qui l’a intégrée à la tétrarchie de son fils Hérode Antipas, en 1 (ou 4) av. J.-C. Ce dernier y a établi une garnison romaine et une douane pour percevoir des taxes sur les marchandises transitant par la ville.

Capernaüm était également un centre religieux où la loi de Moïse était respectée et enseignée. Sa synagogue, construite au Ier siècle av. J.-C., servait de lieu de culte, d’étude et de réunion pour la communauté juive. Décorée de motifs floraux, géométriques et animaux, elle comportait une inscription en araméen, la langue des habitants. Parmi les maisons de la ville, celle de Pierre a été identifiée par les archéologues comme le lieu de séjour de Jésus lors de ses visites à Capernaüm.

Capernaüm a joué un rôle majeur dans les Évangiles, témoignant de l’activité de Jésus dans la ville. Il y a guéri des malades, chassé des démons, enseigné avec autorité et appelé ses premiers disciples. Il a également fait face à l’opposition des pharisiens, des scribes et des sadducéens.

Abandonnée au VIIe siècle apr. J.-C. suite aux invasions arabes et aux tremblements de terre, Capernaüm a été redécouverte au XIXe siècle par des explorateurs et des archéologues. Aujourd’hui, c’est un site archéologique et un lieu de pèlerinage prisé.

Les recherches archéologiques

D’un point de vue archéologique, les fouilles à Capernaüm (Tell Hum) indiquent une occupation continue du 1er au 7e siècle. La ville a été abandonnée à la suite du tremblement de terre de 748 apr. J.-C., un événement qui semble confirmer les paroles du Christ : « Et toi Capernaüm, seras-tu élevée jusqu’au ciel ? Non. Tu seras abaissée jusqu’au séjour des morts » Matthieu 11.23.

Les archéologues Kohl et Watzinger ont mis au jour la snagogue dès 1905, et les Franciscains, sous la direction de G. Orfali, ont partiellement reconstruit le site en 1925. Bien que datée du 4e siècle, il est probable que cette synagogue ait été érigée sur les fondations d’une plus ancienne, fréquentée par le Christ. Une colonne portant une inscription en araméen suggère des liens avec des noms du Nouveau Testament.

Près du lac de Galilée, les restes d’une église byzantine octogonale de la même époque ont été découverts. Sous cette structure se trouvent les vestiges d’une église plus ancienne, intégrant la pièce principale d’une maison du 1er siècle. La tradition suggère qu’il s’agit de la maison de l’apôtre Pierre, bien que cela reste non vérifiable.

La coexistence d’une synagogue imposante et d’une église modeste pendant au moins 200 ans témoigne de la prospérité de la communauté juive et de la présence chrétienne à Capernaüm. L’église pourrait avoir été construite pour commémorer la résidence de Pierre plutôt que comme lieu de culte principal.

Les dimensions de la ville

Les estimations de la taille de Capernaüm varient, mais la plupart des sources suggèrent qu’elle était relativement petite. La ville couvrait probablement une superficie d’environ 13 hectares.

Sur la base de la taille et du type de structures résidentielles découvertes lors des fouilles archéologiques, les historiens estiment que la population de Capernaüm à l’époque du Messie Jésus pouvait se situer entre 1 000 et 1 500 personnes.

Cela en fait une communauté assez typique pour une ville galiléenne de cette période. Bien que principalement juive, la population de Capernaüm aurait pu inclure des personnes d’origines diverses, en raison de son emplacement sur une importante route commerciale et près de la frontière avec la région non juive de la Décapole.

Capernaüm n’était donc pas une grande métropole, mais plutôt une ville de taille modeste avec une population qui reflétait son rôle de centre de pêche et de commerce. Sa taille relativement petite rend d’autant plus remarquable son importance dans les récits évangéliques et l’histoire du christianisme primitif.

La présence romaine à Capernaüm

Durant l’époque de Jésus, il n’existe pas de preuves irréfutables attestant de l’existence d’une garnison romaine permanente à Capernaüm. Néanmoins, certains éléments du Nouveau Testament ainsi que d’autres sources historiques suggèrent une présence ou une influence romaine dans la région, bien que probablement pas sous la forme d’une garnison établie au sein de la ville elle-même.

– Présence romaine en Galilée : La Galilée, où Capernaüm est située, était sous le contrôle romain durant cette période. Les Romains avaient des garnisons dans des lieux stratégiques à travers la région afin de maintenir l’ordre et de percevoir des taxes, mais ces garnisons étaient généralement localisées dans des villes plus grandes ou des centres administratifs.

– Le centurion de Capernaüm : Les Évangiles Matthieu 8.5–13 et Luc 7.1–10 mentionnent un centurion romain à Capernaüm qui sollicite Jésus pour la guérison de son serviteur. Cette histoire suggère une certaine présence militaire romaine ou du moins la présence de certains membres de l’armée romaine dans la région. Cependant, cela ne confirme pas nécessairement l’existence d’une garnison permanente à Capernaüm.

– Tétrarque Hérode Antipas : À l’époque de Jésus, la Galilée était gouvernée par Hérode Antipas, un tétrarque qui était un vassal de l’Empire romain. Les forces d’Antipas auraient pu être présentes dans la région, et il est possible que des soldats romains aient été stationnés ou déployés temporairement dans des endroits tels que Capernaüm pour des missions spécifiques.

En conclusion, bien que la présence romaine en Galilée soit un fait historique avéré, il n’existe pas de preuves directes d’une garnison romaine permanente à Capernaüm durant l’époque de Jésus. La mention d’un centurion romain dans les Évangiles suggère néanmoins une certaine interaction entre les habitants de Capernaüm et les autorités romaines ou leurs représentants.

Où se trouvaient les garnisons romaines en Galilée ?

Durant l’époque du Messie Jésus, les garnisons romaines en Galilée n’étaient pas aussi nombreuses ou aussi imposantes que dans d’autres régions de l’Empire romain. La Galilée, bien qu’étant sous contrôle romain, était principalement administrée par des vassaux locaux tels qu’Hérode Antipas.

Cependant, il existait indubitablement une présence militaire romaine dans la région, principalement située dans des lieux stratégiques. Voici quelques-uns de ces sites :

– Césarée Maritime : Bien qu’elle ne soit pas exactement située en Galilée, Césarée Maritime, localisée au sud de la Galilée sur la côte méditerranéenne, était la capitale de la province romaine de Judée et le siège du gouverneur romain. Cette ville abritait une importante garnison romaine et servait de principale base administrative et militaire dans la région.

– Sépphoris : Située à proximité de Nazareth, Sépphoris était la capitale de la Galilée sous Hérode Antipas jusqu’à la construction de Tibériade. Il est plausible que les Romains aient maintenu une présence militaire dans cette ville pour aider à la gestion et à la sécurisation de la région, bien que les preuves archéologiques soient limitées.

– Tibériade : Fondée par Hérode Antipas et nommée en l’honneur de l’empereur Tibère, cette ville est devenue un centre important en Galilée. Bien que les preuves d’une garnison romaine permanente à Tibériade soient également limitées, la ville entretenait des liens étroits avec Rome et aurait pu abriter des détachements militaires romains.

– Autres forts et avant-postes : Les Romains avaient probablement plusieurs forts et avant-postes à travers la Galilée, situés à des points stratégiques pour contrôler la région. Ces sites étaient probablement plus petits et servaient à la surveillance et à la protection des routes commerciales et des frontières.

Il est important de noter que la présence militaire romaine en Galilée était moins oppressante comparée à d’autres régions, comme la Judée. La Galilée, sous le règne d’Hérode Antipas, jouissait d’une certaine autonomie, et la présence militaire romaine directe était donc probablement moins visible au quotidien pour la plupart des habitants de la région.

Capernaüm dans les Evangiles

Nous retrouvons fréquemment Capernaüm dans les miracles relaté dans nos Evangiles. C’est l’endroit où le Messie Jésus vint résider Matthieu 4.13-16 ; Luc 4.31 ; Jean 6.17-24.

Ce fut le lieu de résidence d’un percepteur d’impôts Marc 2.1 ; Marc 2.14 et probablement un poste militaire romain Matthieu 8.5-13 ; Luc 7.1-10.

Au début de son ministère, le Messie Jésus, venant de Nazareth, se rendit à Capernaüm et y établit fréquemment son quartier général, au point que cette localité fut appelée « sa ville » Matthieu 9.1 ; Marc 2.1.
C’est là qu’il opéra diverses guérisons :

– Le serviteur du centurion Matthieu 8.5-13 ; Luc 7.1-10
– La mère de la femme de Pierre Matthieu 8.14-17 ; Marc 1.29-31
– Un démoniaque Marc 1.21-28 ; Luc 4.31-37
– Un paralytique porté par quatre hommes Marc 2.1-13 ; Matthieu 9.1-8
– Le fils d’un officier royal Jean 4.46-54
– De nombreux autres malades Matthieu 8.16-17 ; Marc 1.32-34 ; Luc 4.23 ; Luc 4.40 ; Luc 4.41.
– Le discours rapporté dans Jean 6.24-71, prononcé après le miracle des pains nourrissant cinq mille hommes, eut lieu dans la synagogue de Capernaüm ou ailleurs dans la ville Marc 9.33-50.
– C’est également à Capernaüm que Jésus appela Matthieu (également nommé Lévi) à l’apostolat alors qu’il était assis au bureau de perception des taxes Matthieu 9.9-13 ; Marc 2.14-17 ; Luc 5.27-32 ; Matthieu 17.24.

– Malgré l’enseignement et les miracles de Jésus, les habitants de Capernaüm ne se repentirent pas, et Jésus prédit la ruine totale de leur ville Matthieu 11.23-24 ; Luc 10.15, qui s’est effectivement produite.

Jérusalem est la ville la plus citée dans les Évangiles avec 147 occurrences. Cependant, Capernaüm arrive en seconde position avec 16 occurrences, devant Bethléem avec 8 occurrences, Bethsaïda avec 7 occurrences et Nazareth avec 6 occurrences, ce chiffre ne tient pas compte du titre ‘Jésus de Nazareth’ qui revient à 22 reprises.

Capernaüm est mentionnée dans l’Évangile de Jean. Après son premier miracle à Cana, le Messie Jésus, sa mère, ses frères et ses disciples descendent à Capernaüm et y demeurent pendant quelques jours Jean 2.12. Cependant, l’Évangile de Jean ne donne pas autant de détails sur les activités du Messie Jésus à Capernaüm comme le font les Évangiles synoptiques.

Conclusion

Durant l’époque de Jésus, Capernaüm était un lieu de convergence économique, sociale et religieuse, où différentes cultures et croyances coexistaient. La ville possédait une forte identité juive, mais également une influence romaine, marquée notamment par la présence d’une garnison militaire et d’un poste de douane.

Le Messie, Jésus, a établi Capernaüm comme centre de son ministère public en Galilée pour diverses raisons que nous allons résumer :

– Une présence réduite de l’envahisseur romain par rapport à la Judée et à Jérusalem rendait ce sujet moins sensible et préoccupant pour les habitants, qui étaient ainsi plus réceptifs au message du Messie, Jésus.

– La présence d’une population juive relativement pauvre, éloignée des grands débats religieux, la rendait donc plus ouverte aux enseignements du Messie, Jésus.

– Les apôtres, originaires de cette région, y étaient nés et avaient grandi. Ils y avaient désormais fondé leurs familles et y exerçaient leur métier.

Le Messie, Jésus, a donc trouvé dans cette région un appui et un soutien populaires, ce qui contrastait avec la situation en Judée, où les autorités religieuses influençaient la foule. Le choix de la ville de Capernaüm se révèle donc judicieux, le Messie, Jésus, ne cherchant pas à engager de grands débats religieux, mais simplement à annoncer le salut divin.

Il faut reconnaître que les autorités religieuses, principalement basées à Jérusalem, ont déployé tous leurs efforts pour entraver le développement de l’œuvre du Messie, Jésus.

Capernaüm et sa région se sont révélées accueillantes et particulièrement favorables au ministère du Messie, Jésus.