Annexe
Annexe 28
La journée Juive au temps de Jésus

La journée Juive au temps de Jésus

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Introduction

Pour mieux appréhender certains passages des Évangiles, il est essentiel de se familiariser avec la structure de la journée juive de l’époque. En effet, la conception du temps dans la culture juive antique diffère de la nôtre, notamment en ce qui concerne la division des jours et l’importance accordée à certaines périodes spécifiques.

Contrairement à notre système actuel, où une journée est découpée en heures de 60 minutes, la journée juive était structurée différemment, avec des moments clés qui revêtaient une signification particulière.

De plus, la transition d’un jour à l’autre ne suivait pas les mêmes critères que ceux que nous utilisons aujourd’hui. Par exemple, dans la tradition juive, un nouveau jour commence au coucher du soleil, et non à minuit. Cette différence peut entraîner un décalage d’un jour pour le même événement, selon qu’on l’observe à travers le prisme de la culture juive ou de la culture moderne.

Dans cette analyse, nous allons donc explorer les particularités de la journée juive telle qu’elle était vécue à l’époque des Évangiles, afin de mieux comprendre le contexte dans lequel ces textes ont été rédigés et les événements qu’ils relatent.

Le changement de jour

La structuration de la journée dans la tradition juive ne découle pas d’élaborations mathématiques ou astronomiques, mais plutôt de l’interprétation des textes bibliques relatifs à la création du monde par YHWH, tels qu’ils sont présentés dans le livre de la Genèse.

Genèse 1.3–5 (S21)

3 Dieu dit: «Qu’il y ait de la lumière!» et il y eut de la lumière.

4 Dieu vit que la lumière était bonne, et il sépara la lumière des ténèbres.

5 Dieu appela la lumière jour, et les ténèbres nuit. Il y eut un soir et il y eut un matin. Ce fut le premier jour.

(Traduction Louis Segond S21)

Ce passage définit le ‘jour’ comme comprenant à la fois un soir et un matin. Par conséquent, les Juifs, en suivant fidèlement ces écrits attribués à Moïse, ont adopté le principe selon lequel leur journée commence au coucher du soleil.

En contraste, la société romaine, tout comme la nôtre aujourd’hui, marque le début d’une nouvelle journée à minuit. Il est intéressant de noter que, dans les Évangiles, on trouve des références à la fois au système temporel juif et parfois au système romain.

Il est donc crucial de saisir le cadre de référence utilisé par l’auteur pour déterminer avec précision l’heure ou la période décrite. Cette compréhension contextuelle est essentielle pour une interprétation exacte des textes des Evangiles.

Les heures de la journée

Dans notre société contemporaine, nous divisons nos journées en 24 heures, chacune composée de 60 minutes, résultant ainsi en un total de 1440 minutes par jour. Ce système reste constant tout au long de l’année.

Cependant, dans l’antiquité juive, la journée était partagée en deux segments principaux : le jour et la nuit. Chacun de ces segments était à son tour divisé en 12 heures. Par conséquent, la durée d’une heure variait en fonction de la saison, à l’exception des jours de solstice (hiver le 22 décembre et printemps le 21 juin) où la nuit et le jour sont approximativement égaux.

Selon cette ancienne méthode, la première heure débutait au lever du soleil, et la sixième heure correspondait à midi. Ainsi, nous observons un décalage de six heures entre le système temporel juif et notre système actuel.

Concernant l’heure de la mort du Messie Jésus, Marc 15.33-37 indique qu’elle survient à la neuvième heure, que nous interprétons comme 3 heures de l’après-midi, ou 15 heures dans notre système horaire moderne. Selon ce même texte, la crucifixion a lieu à la troisième heure, soit 9 heures du matin pour nous.

Deux aspects importants sont à noter concernant les horaires mentionnés dans ces textes anciens.

Premièrement, ils font toujours référence à des heures pleines, sans mention de minutes ou de demi-heures.

Deuxièmement, les heures citées sont toujours des multiples de trois (comme la troisième, la sixième ou la neuvième heure), suggérant un système de calcul basé sur les quarts de la journée.

Cette observation indique une méthode de mesure du temps qui privilégie des divisions plus larges et plus symboliques, plutôt qu’une précision minutieuse.

La journée du 1er avril 33

Il est important de noter que la précision de l’heure n’était pas aussi critique dans la société antique qu’elle l’est aujourd’hui. Les gens vivaient plus en accord avec les rythmes naturels et saisonniers, et les méthodes de mesure du temps reflétaient cette approche.

Nous pouvons néanmoins être surpris par ces détails horaires précis relatifs à la journée de la crucifixion, notés par Matthieu et visiblement repris par Marc, puis Luc. En effet, ces hommes ne se référaient généralement pas à des données horaires comme c’est le cas de nos jours. Ils parlaient de jour, de nuit, de lever et de coucher du soleil, de midi. Le soleil dans le ciel leur procurait une information qu’ils savaient interpréter.

Il y avait l’heure de la prière, surtout respectée au Temple de Jérusalem. Nous retrouvons justement les heures notées par Matthieu : la neuvième heure en Actes 3.1, et les deux autres, la troisième heure et la sixième heure, semblent aussi marquer des temps de prière.

Nous retrouvons dans Actes 10 des références à la troisième heure et à la neuvième heure. Nous pensons que ces moments de la journée marquaient la vie des Juifs et réglementaient la prière. Matthieu a fait le parallèle entre ces étapes précises de la journée et les événements qui ont marqué la crucifixion du Messie Jésus. Nous pouvons imaginer le shofar résonnant du haut du temple pour appeler les fidèles à la prière.

Le judaïsme fait référence à trois prières par jour : le matin (‘Cha’harit’), l’après-midi (‘Min’ha’) et le soir (‘Maariv’). Cela correspond justement au jugement du Sanhédrin, à la mort et à la mise au tombeau.

Nous retrouvons un rythme semblable dans l’Islam, qui impose cinq prières par jour. Les cinq prières canoniques ont lieu à l’aube (‘Fajr’), au milieu de la journée, lorsque le soleil est à son zénith (‘Dhuhr’), au milieu de l’après-midi (‘Asr’), au coucher du soleil (‘Maghrib’) et au crépuscule (‘Isha’).

Pour conclure, nous observons un lien entre les différentes prières de la journée et les événements marquants de cette journée du 1er avril 33. Matthieu a, selon nous, entendu le son du shofar qui marque l’appel à la prière et a associé ces heures aux événements tragiques qu’il vivait.

Marc et Luc ont repris ces informations du texte de Matthieu, tandis que Jean, de son côté, a simplement noté le début de cette longue et triste journée.

Les journées particulières

Genèse 2.1–3 (S21)

1 C’est ainsi que furent terminés le ciel et la terre et toute leur armée.

2 Le septième jour, Dieu mit un terme à son travail de création. Il se reposa de toute son activité le septième jour.

3 Dieu bénit le septième jour et en fit un jour saint, parce que ce jour-là il se reposa de toute son activité, de tout ce qu’il avait créé.

(Traduction Louis Segond S21)

Le Sabbat, correspondant au dernier jour de la semaine et à notre samedi, revêt une importance capitale dans la tradition juive. Il ne s’agit pas d’un simple jour de repos comparable à nos congés en France, mais d’une obligation sacrée dont la transgression est sévèrement réprimandée.

Durant le Sabbat, aucune forme de travail n’est permise, et les déplacements sont limités à une distance n’excédant pas un kilomètre. Toute activité habituelle est suspendue pour honorer ce jour de repos et de spiritualité. L’expression « un chemin de Sabbat », souvent rencontrée dans les textes bibliques, ne se réfère pas uniquement à la distance permise, mais indique également que c’est le jour du Sabbat.

La préparation pour le Sabbat est essentielle; chaque pratiquant doit anticiper ces restrictions pour éviter toute transgression.

Outre le Sabbat hebdomadaire, trois fêtes majeures, dictées par la loi mosaïque, doivent être observées : Pessah (Pâque), Chavouot (Pentecôte), et Souccot (fête des Tabernacles). Pendant ces périodes, un pèlerinage au Temple de Jérusalem est exigé pour chaque Juif, bien que des exceptions puissent être accordées pour des raisons financières.

Ces pratiques soulignent la profondeur et la rigueur des obligations religieuses qui structurent la vie juive.

Conclusion

Nous remarquons la différence entre les règles qui régissaient ce peuple au 1er siècle et les nôtres aujourd’hui. Il est donc impératif de bien replacer les faits rapportés par les Évangiles dans ce cadre culturel.

À cette époque, il n’y avait pas de séparation entre le pouvoir religieux et politique. Ainsi, toutes les prescriptions qui régissaient le déroulement de la journée étaient liées au judaïsme. Le cours de la journée était dérivé des informations sur la création, notées dans leur texte sacré. Les fêtes avaient automatiquement un caractère religieux et étaient censées les rapprocher de leur Dieu.

Ces gens restaient très attachés à ces préceptes qui faisaient partie intégrante du judaïsme. Ils les gardaient d’autant plus précieusement qu’ils considéraient l’hellénisme comme une attaque directe à ces traditions.

Ces bouleversements sociétaux ont provoqué une révolte profonde contre toutes sortes d’évolutions et de progrès. Ces influences extérieures n’ont pas été vues par le peuple comme une évolution positive, mais ont au contraire renforcé son attachement à ses coutumes ancestrales.

Le Temple de Jérusalem réglementait la vie de chaque citoyen et plus particulièrement celle de ceux qui vivaient à proximité. Les pèlerins en visite se soumettaient volontairement à l’ensemble de ces prescriptions. Au début de l’Église, les apôtres respectaient l’heure de la prière et montaient au temple.

La journée était rythmée par le son du shofar qui rappelait à tous l’heure de la prière. Cette structure semblait immuable. Néanmoins, l’acte de Titus, général romain, qui a orchestré la destruction du Temple en 70 après J.-C., a profondément ébranlé l’ordre établi, marquant un tournant décisif dans l’histoire de cette communauté.