
Le dernier repas de Pâque
Pour plus d’informations
Introduction
Jean décrit la crucifixion de Jésus comme ayant eu lieu un vendredi de Pâques, sans toutefois préciser l’année. Deux dates possibles se démarquent durant la période concernée : le 7 avril de l’an 30 et le 1er avril de l’an 33. En se référant à la prophétie de Daniel 9.24-27, nous écartons la date du 7 avril 30. Ainsi, il apparaît que la crucifixion du Messie Jésus se serait produite le vendredi de la fête de Pâques, le 1er avril de l’an 33.
Notre but est de clarifier le déroulement de la fête de Pâques et de résoudre certaines divergences apparentes entre les récits des évangélistes, notamment celui de l’Apôtre Jean. Alors que Jean spécifie que la crucifixion a eu lieu un vendredi de Pâques, les Évangiles synoptiques de Matthieu, Marc et Luc semblent contredire cette information. Nous chercherons donc à répondre à plusieurs questions :
Quand exactement a eu lieu la crucifixion ?
Comment interpréter les informations fournies par les Évangiles synoptiques ?
Quelle est la signification des détails apportés par Jean ?
Nous commencerons par examiner les textes de la loi de Moïse relatifs à la fête de Pâques pour mieux contextualiser ces prescriptions. Puis, nous analyserons les informations fournies par Jean pour comprendre ses affirmations. Enfin, nous étudierons les comptes rendus de Matthieu, Marc et Luc, dans le but d’établir une cohérence avec les écrits de Jean.
Il est important de noter que Matthieu et Jean ont été témoins oculaires de ces événements, Jean étant même présent au pied de la croix Jean 19.25. Marc, quant à lui, a rédigé son évangile sous l’influence de Pierre, qui était également présent lors de ces événements. Luc, de son côté, a relaté ces faits, à la suite de recherches approfondies. Nous en concluons que ces quatre évangélistes se sont efforcés de rapporter des faits avérés.
La fête de Paque d’après la loi juive
Nous remarquons que Moïse précise la date de Pessah (Pâque). Le 14ème jour du premier mois, c’est-à-dire le 14 nisan. Le lendemain, donc le 15, débute la fête des pains sans levain qui dure 7 jours, jusqu’au 21 nisan.
– Que signifie le coucher du soleil du 14 nisan puisque les jours basculent justement au coucher du soleil ?
– Sommes-nous déjà le 15 ou à la fin du 13 ?
– La journée du 14 nisan commence-t-elle ou se termine-t-elle ?
La journée juive débute avec la nuit Genèse 1.5 donc le 14 nissan commence au coucher du soleil ce qui correspond pour nous au 31 mars vers 18h pour l’année 33.


Il est important de comprendre que dans la tradition juive, l’expression « le quatorzième jour du premier mois, au coucher du soleil » désigne le début de la journée du 14 nissan. Selon le calendrier hébraïque, une nouvelle journée commence au coucher du soleil, et non à minuit comme dans le système grégorien. Par conséquent, la fête de Pessah commence le soir du 13 nissan, aux alentours de 18h, marquant le passage au 14 nissan.
Si le coucher du soleil du 14ème jour marquait la fin de la journée, nous entrerions dans le 15ème jour, qui correspond au début de la fête des Pains Azymes. Dans ce cas, la célébration de Pessah se réduirait effectivement à quelques instants seulement, ce qui n’est pas cohérent avec la durée traditionnelle de la fête.
Ainsi, nous concluons que le début de la journée du 14 nissan, et donc le commencement de Pessah, se situe au soir du 13 nisan, lorsque la nuit commence, généralement estimée à 18h00. Cette compréhension s’aligne avec les pratiques et croyances juives concernant le calcul des jours et des fêtes religieuses.
La dernière des dix plaies d’Égypte, la mort des premiers-nés, constitue l’origine de la fête de Pâque. Cette plaie frappe l’Égypte au milieu de la nuit, autour de minuit. Pendant ce temps, les Hébreux, prêts à partir, se nourrissent de l’agneau rôti et consomment du pain azyme, n’ayant pas eu le temps de lever.
L’agneau d’un an, qui pèse généralement une vingtaine de kilogrammes et est égorgé entre 18h et 18h30, ne pouvait être consommé qu’après une cuisson d’environ 4 à 5 heures. Toutes les familles juives avaient préparé la cuisson de cet agneau en anticipation de leur départ.
Le poids de la viande consommable représente environ 50% du poids total de l’animal. En considérant une portion moyenne de 250 g par personne, on peut estimer qu’une quarantaine de personnes pouvaient se nourrir d’une seule bête. Les maisons abritaient non seulement les parents et les enfants, mais souvent aussi les aîeux, augmentant ainsi rapidement le nombre de convives. Certaines familles, selon la taille, ont pu consommer l’animal en entier, tandis que d’autres, plus petites, ont invité des voisins. Les restes, réduits au minimum, devaient être brûlés.
Le départ du peuple d’Israël ne pouvait commencer avant minuit, conformément au récit biblique. Il est important de noter que le Pharaon a convoqué Moïse cette même nuit, après la mort des premiers-nés. Le départ des Hébreux n’a donc probablement pas été ordonné avant le retour de Moïse, qui aurait pu avoir lieu vers 1h ou 2h du matin.
Cet événement majeur, la libération des Hébreux d’Égypte, devait être commémoré chaque année. Ainsi, au début du printemps, les Hébreux célébraient la Pâque en souvenir de cette grande délivrance orchestrée par l’Éternel.
La Pâque est encadrée par des règles très précises que tous les membres du peuple se doivent de respecter scrupuleusement. La préparation de la Pâque commence dès le 10ème jour du mois de Nissan. À cette date, un agneau sans défaut doit être choisi et mis à part, en vue de son sacrifice qui aura lieu le 14 Nissan.
L’expression : entre les deux soirs, de la traduction NEG (Nouvelle Edition de Genève) nous donne une précision supplémentaire par rapport à la S21 : au coucher du soleil.
Nous pensons qu’il est question ici du laps de temps entre le crépuscule et le coucher du soleil. De même le matin nous observons une différence d’environ 30 minutes entre l’aube et le lever du soleil, nous pourrions dire, entre les deux matins.
Avec les informations données dans ces textes nous pouvons établir la chronologie des évènements de cette première Pâque.
Date | Tâche |
---|---|
10 nissan (commence le 9 à 18h00) | Un agneau (ou un chevreau) est mis à part. |
14 nissan (commence le 13 à 18h00) | L’agneau est immolé. |
13 nissan à 18h00 et le 14 à 18h30 | L’heure précise de la mise à mort. |
14 nissan | La Pâque. |
Du 15 au 21 nissan | La fête des Pains sans levains. |
Le 21 nissan | La fête des Prémisses. |
La loi de Moïse imposait aux Juifs de célébrer cette fête ainsi que deux autres tous les ans.
– La fête des Pains sans levain, débute le lendemain de Pessah, la Pâque. Elle commence le soir du 14 nissan qui est le début de cette journée et dure 7 jours jusqu’au 21 nisan Elle englobe donc la Pâque.
– La fête des semaines, Chavouot ou la Pentecôte commence 50 jours après Pessah ensuite arrive l’élévation de la gerbe d’orge, la fête des prémices, le 6 Sivan, qui célèbre le début des moissons.
– La fête des Tentes ou des Tabernacles, Souccot, célèbre l’assistance divine, elle se déroule le 15 Tishri.
Dans ce texte nous remarquons que les Pains sans levain commencent avec le début de la Pâque, même si la fête elle-même ne démarre que le lendemain.
La fête de Pâque juive de nos jours
La fête juive de Pâque 2023, en Israël, se déroule du soir du mercredi 5 avril au soir au jeudi 13 avril. Elle se termine le 14 pour la diaspora.
Le 5 avril correspond au 14 nissan, la correspondance des dates s’effectue sur la partie diurne de la journée mais la date juive débute la veille au coucher du soleil.
Les deux premiers soir sont consacrés au repas de Pâque, le Seder. Nous observons donc un premier repas de Pâque le 5 avril et un second le 6 avril soit le 14 nissan et 15 nissan. En Israël le Seder se déroule le premier soir et pour les autres pays le second.
Le soir du 5 avril, après 18h, correspond au 15 nissan pour les Juifs. Nous constatons donc aujourd’hui que les Juifs consomment le Seder en fin de journée du 14 nissan.
Ces informations sont largement développées sur Internet afin de bien unifier l’ensemble des étapes de cette fête, dans le monde entier.
Mais les applications des instructions, régissant cette loi, au temps du Messie Jésus nous intéressent plus particulièrement.
La pratique au temps du Messie Jésus
Les Juifs et en particulier le Messie Jésus respectent au moins la fête de Pâque sous la forme d’un pèlerinage au temple de Jérusalem. Cette prescription religieuse n’apparaît, en complément de la loi, que beaucoup plus tard après la construction de Temple.
Les Juifs qui en avaient les moyens financiers devaient se rendre au temple à Jérusalem. Le nombre de pèlerins, entre 300 000 à 400 000 (Wikipédia), comme nous allons le voir un peu plus loin, apparaît donc très important et chacun essayait de trouver un hébergement, car la fête durait 7 jours.
Avec cette surpopulation, le désordre devenait extrême. Certains se construisaient des cabanes, d’autres des tentes. Heureusement, les températures, en ce mois de Nissan, deviennent clémentes.
La date de cette fête, fixée le 14 nissan, durait 7 jours. Cette période, appelée : les jours des Azymes ou des pains sans levain commençaient 14 nissan donc vers 18h la veille selon notre calendrier grégorien.
Quand doit se dérouler le repas de Pâque ?
Selon notre analyse des textes de Moïse, le repas de Pâque devait se dérouler au début de la journée du 14 nisan, avec l’abattage des agneaux se situant entre 18h et 18h30. Les Juifs consommaient donc le Seder aux alentours de 23h, le temps nécessaire pour la cuisson de la viande.
Cependant, cette pratique théorique s’est avérée difficile à observer à l’époque du Messie Jésus. Nous observons que ce repas, prévu initialement pour le 14 Nisan, était parfois décalé au 15 nisan par certains groupes. De plus, toutes les communautés n’observaient pas le même calendrier. Par exemple, les Esséniens ne suivaient pas à la lettre les prescriptions des autorités religieuses juives de Jérusalem. La situation était similaire chez les Samaritains.
Il est donc complexe d’affirmer avec certitude l’heure exacte à laquelle ce repas devait se dérouler. À Jérusalem, le Souverain Sacrificateur, tel que Caïphe à cette époque, jouait un rôle clé dans la détermination du moment exact du repas.
Toutefois, il est pertinent de se demander si tous les pèlerins obéissaient strictement à cet homme, notamment quand on considère que le commerce était toujours actif, y compris avec les marchands et cambistes sur le parvis du Temple.
Nous constatons ainsi qu’il y avait une certaine adaptation aux pratiques, chaque groupe prenant son repas en fonction des directives gouvernementales, de leurs traditions et des contraintes techniques. Ces variations seront explorées plus en détail dans la suite de notre étude.
D’où vient le principe du sacrifice au Temple
Le texte biblique stipule que chaque chef de famille juive devait égorger un agneau ou un chevreau entre le crépuscule et la nuit pour la Pâque, selon notre interprétation des Écritures. Moïse, suivant les directives divines, a organisé le système religieux, notamment les sacrifices. Avec la construction du Tabernacle et plus tard du Temple de Salomon, les Juifs ont pu réguler ces sacrifices et offrandes. Les Lévites étaient chargés du service religieux, et David avait établi 24 classes de prêtres pour structurer les activités du Temple 1 Chroniques 24.1-19.
Les chefs de famille juive apportaient leurs offrandes ou sacrifices, et les prêtres officiaient. Une portion de ces offrandes revenait aux prêtres comme rémunération. À l’époque de Jésus, les vendeurs d’animaux pour les sacrifices s’étaient installés sur l’esplanade du Temple depuis environ 60 ans, alors qu’auparavant, ils se trouvaient de l’autre côté de la vallée du Cédron.
Un changement majeur survient en -30 av. J.-C., lorsque les autorités religieuses décident de contrôler ce commerce en invitant les vendeurs à s’installer dans la cour du Temple, dans l’espace réservé aux non-Juifs. Les colonnades périphériques offraient un abri du soleil aux vendeurs et aux animaux, améliorant ainsi les conditions d’hygiène.
Selon Jean 2.20 les travaux de rénovation du Temple ont duré 46 ans, débutant en -20 ou -19 av. J.-C. et se terminant vers l’an 28. Durant cette période, le marché des animaux a été perturbé. Cependant, avec l’approbation du Souverain Sacrificateur Caïphe, les commerçants ont pu revenir sur une esplanade rénovée en l’an 30, développant davantage leur activité.
Cette nouvelle dynamique commerciale a suscité des réactions parmi les Juifs pieux. Jésus intervient dans ce contexte politique, dénonçant ces pratiques lors de son passage au Temple, comme rapporté par Jean 2.13-22. Ces conditions d’hygiène améliorées et le contrôle facilité des animaux par les prêtres justifiaient cette installation sur l’esplanade du Temple. Néanmoins, la véritable motivation semble être la rentabilité financière.
Les autorités religieuses juives contrôlaient désormais l’ensemble de ce marché lucratif, avec des retombées financières considérables pour le trésor du Temple et ses notables. Les pèlerins devaient acquérir des shekels de Tyr pour toutes transactions, seule monnaie acceptée dans le Temple, entraînant la présence de nombreux cambistes.
Le taux de change favorisait les religieux du Temple, d’autant plus que les pèlerins échangeaient leurs shekels restants contre leur monnaie d’origine avant de repartir. Jésus, intervenant contre cette pratique, a été confronté à une opposition significative. Trois ans plus tard, en avril 33, son action contre les cambistes aura des conséquences dramatiques.
Ce contexte explique pourquoi les autorités juives n’ont pas immédiatement réagi contre Jésus, car la décision de Caïphe n’était pas unanimement approuvée, surtout parmi les Juifs pieux.
Les impératifs techniques d’une telle fête
Les Juifs, lors de la fête de Pâque, venaient au Temple de Jérusalem afin de commémorer cette grande délivrance de l’Éternel.
Flavius Joseph (Guerre des Juifs 2 / 280) parle de 3 millions de pèlerins. Le nombre semble exagéré et l’on pense plutôt à plusieurs centaines de milliers. La population de Jérusalem explose à cette occasion, nous comprenons les soucis du préfet Ponce Pilate, responsable à l’époque de la sécurité. Chaque pèlerin avait économisé afin de payer l’agneau pour le sacrifice.
– Comment sacrifier autant d’animaux ?
– Combien de temps fallait-il aux prêtres pour tuer toutes ces bêtes ?
Le Temple ne se transformait pas en un simple abattoir, les Juifs devaient respecter différentes règles.
Les animaux devaient passer par le Bassin d’Israël afin d’y être lavés, ensuite ils pénétraient sur l’esplanade du Temple par la porte des Brebis, située près de la forteresse Antonia.
Au nord de l’autel se trouvait l’abattoir. Les animaux destinés au sacrifice devaient être préalablement attachés avant le sacrifice. Quatre rangées de six anneaux, ancrés dans la pierre, à l’entrée de la maison du Temple, permettaient cette présentation devant l’Éternel Lévitique 1.11.
Les bêtes égorgées sur 8 tables de marbre étaient ensuite pendues à 8 piliers, le prêtre préparait ainsi plus facilement l’animal. Nous comprenons aisément que tout ce cérémonial, lors de la fête de Pâque, avec ces milliers de pèlerins, durait de nombreuses heures.
Nous pouvons préciser ce temps sans pour autant le définir exactement.
L’agneau d’un an, précisé par la loi, pèse normalement entre 25 et 30 kg. La moitié du poids, constitué du sang, des os et des viscères doit être brûlée. Il reste 15 kg de viande consommable. Si nous comptons une consommation de 250 g par personne, nous pensons qu’il convient à 60 personnes environ.
Le Seder, fête familiale par excellence, impose la présence de toute la famille, ce qui augmente considérablement le nombre de participants. En prenant en compte une population totale de 300 000 pèlerins, y compris les Juifs résidents dans la ville de Jérusalem, ce qui semble un nombre raisonnable, nous arrivons à une population totale avec la famille d’au minimum de 1,2 million de personnes.
Les prêtres devaient immoler environ 20 000 agneaux ! Le sang coulait à flots dans le temple, un système de caniveaux avec une circulation d’eau permettait de l’évacuer vers la vallée du Cédron, dans notre cas, environ 32 000 litres sans compter l’eau !
Nous cherchons à démontrer l’impossibilité d’abattre cette quantité de bêtes entre 13h et 17h le vendredi de Pâque.
Tous les travaux de nettoyage devaient s’achever avant 17h, car le sabbat commençait vers 18h, cette année-là, pas question de continuer à travailler ce jour solennel.
Nous pouvons imaginer que des serviteurs aidaient à la préparation, il semble difficile de descendre en dessous d’un temps de 1 minute pour l’abattage et l’équarrissage d’un animal.
Les 8 tables de marbre et les 8 piliers pour accrocher les animaux augmentent considérablement le temps. Notre calcul nous donne 480 animaux abattus par heures. Même en ne comptant que 10 000 agneaux, nous obtenons 20h de travail !
Nous sommes convaincus que les prêtres bien rodés à cette fonction ne perdaient pas une minute, qu’ils se relayaient régulièrement, qu’ils sollicitaient l’aide de certains lévites pour des tâches subalternes. Peut-être qu’exceptionnellement ils augmentaient le nombre de tables et de piliers afin de réduire au maximum ce temps.
Nous ne possédons pas d’informations historiques sur ces conditions d’abattage et nous sommes uniquement dans le cadre d’une hypothèse, malgré tout nous pouvons raisonnablement conclure que dans le cas de la fête de Pâque, l’abattage des animaux s’étalait sur deux jours.
N’oublions pas aussi que toute une partie de l’animal devait brûler !
Il nous semble évident que le travail devait débuter le jeudi et se terminer le vendredi.
Toutes les familles juives ne pouvaient pas acheter l’agneau pour la Pâque en même temps, ni, sûrement le même jour ! Ils devaient se soumettre à ces impératifs techniques.
Nous sommes convaincus que les autorités religieuses de l’époque acceptaient facilement des décalages horaires pour l’abattage, au regard de toute la manne financière, procurée par cette opération.
Le repas de la Pâque constituait le point essentiel de cette fête, les détails d’heures, de lieu et de nombre de personnes passaient au second plan !
Les familles juives pouvaient, si elles le souhaitaient, conserver la viande toute la journée afin de respecter l’heure légale du Seder définie par le Souverain Sacrificateur, Caïphe.
Le dernier repas selon Matthieu, Marc et Luc
Nous arrivons à un point important de cette étude, car comme nous l’avons précisé en introduction, si les 3 Évangiles synoptiques confirment un repas de Pâque, Jean n’en parle pas et semble ainsi contredire ses amis !
Déjà, les quatre auteurs de nos Evangiles, s’accordent pour affirmer que la crucifixion a eu lieu un vendredi donc juste après le repas ! Nous pouvons placer ce repas au début de la journée du 14 nissan.
L’expression : ce même jour, fait référence au verset 1.
Nous savons que le Sabbat, donc le samedi, termine la semaine juive qui débute subséquemment par le dimanche appelé ici : le premier jour de la semaine.
Le dimanche, les disciples précisent que la mort du Messie Jésus remonte à 3 jours, ils disent exactement : voici le troisième jour !
Cette précision exclut naturellement le mercredi ou le jeudi. La crucifixion a bien eu lieu le vendredi !
Matthieu et Luc confirment cette chronologie.
Luc précise bien que nous arrivons au jour de la fête de Pâque. Ce repas est bien présenté comme le Seder, il se déroule donc un vendredi, au début de cette journée de Pâque.
Matthieu confirme les propos de Luc.
La forme employée par Matthieu reste surprenante, car il aurait pu simplement dire le jour du Sabbat. Malgré tout en parlant du lendemain, il confirme la crucifixion le vendredi.
Le jour du Sabbat, les pharisiens rencontrent Pilate.
Marc de son côté parle aussi d’une veille du Sabbat, donc bien du vendredi !
Nous venons de voir que Matthieu, Marc et Luc établissent une chronologie semblable :
– Un repas de Pâque le jeudi soir
– La crucifixion le vendredi
– Et la mise au tombeau le vendredi en fin de journée, avant 18h.
Jean contredit-il les affirmations de ses amis ?
Que signifient les propos de Jean ?
Jean confirme ici que la crucifixion a eu lieu le vendredi. Les corps des suppliciés ne devaient pas rester accrochés aux croix pendant le jour du Sabbat, le samedi.
Le jour du Sabbat personne n’a bougé et le dimanche matin les femmes reviennent au tombeau. Jean confirme donc les faits décrits par Matthieu Marc et Luc.
D’où provient alors la contradiction ?
Elle apparaît lorsque nous tentons de préciser si le repas en question était un repas de Pâque ou non !
Autrement dit, le Seder de Pâque tombe-t-il le vendredi comme l’indique Jean ou le jeudi comme semble le préciser Matthieu, Marc et Luc ?
La contradiction de Jean
Marc et Luc évoquent, tout comme Matthieu, le premier jour des pains sans levain, mais ils ajoutent le détail suivant : où l’on sacrifiait l’agneau pascal !
Selon ces indications, nous comprenons que nous sommes le vendredi de Pâque et que le Seder se déroulera en fin de journée.
Luc ajoute dans son récit :
Le Messie Jésus, selon Luc, affirme bien qu’ils prennent le repas de Pâque et qu’il précède la crucifixion !
Jean, de son côté, affirme :
Pourquoi le Messie Jésus évoque -t-il un repas de Pâque alors que les pharisiens après son arrestation se préparent justement, pour ce repas ?
Y a-t-il deux repas de Pâque, le premier au début du 14 nisan et le second en fin de cette journée ?
De toute évidence, Jean a souhaité éclaircir le déroulement de cette journée, qui ne lui semblait pas assez clair dans le récit de ses amis. Il souhaite bien mettre en évidence la concomitance du sacrifice des agneaux et la mort de son Maître.
Mais en le faisant, il semble contredire les affirmations de ses amis. Ce qui à l’époque paraissait évident pour tous émerge comme une contradiction de nos jours simplement parce que nous manquons d’informations historiques sur les habitudes juives.
Beaucoup de chercheurs ont tenté d’apporter une explication, mais aucun document historique ne vient soutenir leurs thèses.
Comment comprendre le texte d’Exode 12.6 ?
La question demeure toujours la même : sommes-nous au début du 14ème jour puisqu’il commence par la nuit ou à la fin de cette journée qui correspondrait alors au 15ème jour ?
Analyse précise des textes
Nous cherchons à classer les informations liées à la fête de Pâque dans les Évangiles synoptiques et dans celui de Jean.
Matthieu
Théoriquement, le premier jour des pains sans levain commence le lendemain de Pâque. Ici, nous constatons que nous sommes avant la fête de Pâque donc cette fête des pains sans levain prend en compte le jour de Pâque et peut-être aussi celui qui précède.
Les familles juives devaient impérativement nettoyer leurs maisons et enlever toute trace de levain. Ce travail pouvait sûrement débuter la veille de la fête de Pâque.
Selon Matthieu : le lendemain correspond bien au Sabbat. Cela implique que la crucifixion a eu lieu le vendredi et que les pharisiens malgré le Sabbat se rendent chez le préfet romain, Ponce Pilate, pour réclamer une garde autour du tombeau.
Que signifie l’expression : le premier jour des pains sans levain ?
Nous trouvons un élément de réponse dans la suite du texte : où veux-tu que nous te préparions le repas de la Pâque ?
Nous sommes donc juste avant le repas de Pâque, le Seder.
À quel moment les Juifs prenaient-ils le Seder au temps du Messie Jésus ?
Beaucoup d’historiens affirment que les animaux étaient égorgés le 14 nisan, entre 15h et 17h, à partir de 13h lorsque la Pâque tombait la veille du Sabbat.
Cela signifie que le Seder se déroulait en fin de journée donc selon le calcul juif, le 15 nisan d’où l’interprétation suivante :

Matthieu ne précise pas le jour du Seder, nous nous conformons dans cette analyse aux habitudes les plus souvent observées au temps du Messie Jésus.
Il n’y a malgré tout, pas de lien direct entre ce repas et le Seder dans les propos de Matthieu. Le seul détail Matthieu 26.17 évoque que le premier jour des pains sans levain, les disciples évoquent sa préparation sans pour autant affirmer que le repas qui suit, celui avec la Cène, correspond au Seder.
Nous pouvons donc envisager que les disciples parlent du véritable repas de Pâque, du 15 nissan, mais que celui décrit ensuite se déroule le 14 nissan. Cela entraîne que Matthieu appelle, le premier jour des pains sans levain, la veille de Pâque, donc l’après-midi du 13 nissan.
Marc
Marc reprend les informations de Matthieu, ce qui nous amène à la même conclusion. Il précise bien que le jour où le Messie Jésus demande à ses disciples de préparer la Pâque est celui du sacrifice de l’agneau pascal !
Luc
Luc aussi confirme les propos de Matthieu et de Marc. Dans le cas où nous suivrions les pratiques les plus courantes observées au temps du Messie Jésus, nous arrivons à la conclusion suivante :

Dans le cadre de cette hypothèse, tous les événements se déroulent le lendemain de Pâque, le 15 nissan. Cette théorie repose sur le fait que les agneaux sont sacrifiés le 14 nissan.
Jean
Effectivement, Jean confirme que la crucifixion s’est déroulée la veille d’un Sabbat. Marie de Magdala a donc respecté ce jour particulier et le dimanche à la première heure elle se rend au tombeau.
Jean, dans les chapitres 13 à 17, relate les dernières instructions du Maître à ses disciples, Ces informations n’apparaissent pas dans les Evangiles synoptiques.
Il nous situe le dernier repas avant la fête de Pâque. Il ne place donc pas cette fête le même jour que ses amis si nous respectons l’hypothèse du Seder le 15 nissan.
Les Juifs n’ont donc pas encore mangé le Seder, dans ces conditions nous sommes le 14 nissan et le repas du Messie Jésus avec ses disciples a été consommé au début de la journée et non à la fin selon la coutume.
Jean précise clairement la date du dernier repas, le jeudi soir. La différence apparaît donc nettement ici !

Pourquoi ce dernier repas est-il appelé repas de Pâque dans les Évangiles synoptiques ?
Dans ces conditions, où ont-ils acheté l’agneau ?
En suivant la chronologie johannique, la mort du Messie Jésus correspond exactement au temps des sacrifices des agneaux au Temple.
Comment comprendre les affirmations de Matthieu, de Marc et de Luc ?
Une évidence
L’auteur du quatrième Évangile, rédigeant son texte après ceux de Matthieu, de Marc, et même de Luc, avait pour objectif de compléter les écrits de ses prédécesseurs, qu’il avait manifestement étudiés attentivement.
Dans ce contexte, il serait difficile d’imaginer qu’il souhaitait contredire leurs récits. Cette idée paraît peu plausible pour au moins deux raisons.
Premièrement, Matthieu, Pierre (dont les écrits sont relayés par Marc) et Jean ont été témoins directs des événements qu’ils relatent. Comment, dès lors, pourraient-ils se tromper sur des faits auxquels ils ont personnellement assisté ?
Ensuite, l’intention de Jean était de fournir des informations additionnelles, et non de remettre en question les récits de ses amis. Il semble clair que Jean voulait approfondir certains aspects importants de la vie des disciples avec le Christ, qu’il estimait peut-être insuffisamment détaillés dans les autres Évangiles.
Si Jean avait identifié des éléments susceptibles de créer des contradictions, il aurait probablement pris le soin de les clarifier. Puisque ce n’est pas le cas, nous pouvons en déduire que, selon Jean, ses ajouts et clarifications ne font que confirmer et enrichir les comptes rendus de ses amis.
Nous devons donc rechercher une interprétation qui résout les différences apparentes entre les récits, plutôt que de les considérer comme des contradictions.
Notre explication de cette prétendue contradiction
Nous suivons les précisions apportées par Jean. Cela implique que le dernier repas du Messie Jésus avec ses disciples avant la crucifixion ne correspond pas à un Seder officiel. Cette proposition nous apparaît plus naturelle dans la mesure ou Jean cherche à documenter le cadre réel de ce repas.
Comment dans ces conditions comprendre les différentes allusions à un repas de Pâque notées par Marc et Luc ?
Toute notre explication repose sur des impératifs matériels, les 10 000 agneaux nécessaires à cette fête sont sacrifiés en 20 heures environ, selon nos calculs !
Les dirigeants religieux prenaient leur repas de Pâques le vendredi soir selon leurs interprétations des textes de Moïse, tandis qu’une grande partie du peuple devait soit conserver la viande toute la journée soit décaler leur Seder.
Les prêtres qui officiaient au Temple s’arrangeaient pour terminer leur travail avant la fin de la journée pour prendre le Seder en famille la nuit venue.
Les textes des Évangiles nous imposent donc, même si aucune trace historique ne peut le confirmer, que les sacrifices des agneaux débutaient la veille et que beaucoup de Juifs devaient conserver la viande jusqu’au soir ou consommer ce repas la veille.
L’histoire a conservé certaines informations concernant ces sacrifices et Flavius Joseph écrit qu’ils se déroulaient le vendredi après-midi de 15h à 17h. Il décrit selon nous la partie la plus importante, celle qui appartient au décorum, la partie émergée de l’iceberg. La réalité plus prosaïque nous impose deux jours de travail pour préparer tous ces agneaux.
Dans notre cas, le Messie Jésus sachant que les autorités religieuses envisageaient de l’assassiner a très bien pu décider d’avancer ce repas de Pâque.
Il parle, effectivement, de la dernière Pâque ! Cette décision expliquerait l’absence des familles et des hôtes. Nous sommes dans le cadre d’un repas d’adieux le jour de Pâque.
Nous concluons qu’il devait se dérouler deux repas de Pâques, le premier dans la nuit du jeudi au vendredi avec le Messie Jésus et ses disciples, et le second, le Seder officiel, avec tous le proches, le soir du vendredi.
Comment dans ces conditions comprendre le jour où l’on sacrifiait l’agneau pascal ?
L’explication que nous proposons, nous permettant de concilier ces textes, consiste à affirmer que les sacrifices des agneaux ont commencé le jeudi après-midi. Nous avons vu qu’une vingtaine d’heures de travail était nécessaire pour égorger ces 10 000 agneaux.
Cela signifie concrètement que certains Juifs prenaient le Seder au début de la journée de Pâque donc le jeudi soir.
Il apparaît même évident compte tenu du manque de surprise des disciples que cela arrivait régulièrement.
Malgré cette explication, nous pouvons nous interroger sur l’absence des familles !
L’absence des familles
L’absence des familles et des proches, alors que nous savons qu’ils se trouvaient sur place à Jérusalem, demeure incompréhensible dans le cadre du Seder officiel. Seul un repas de travail pourrait expliquer leur absence. Tous devaient penser qu’ils partageraient ensemble le Seder le lendemain. Malgré les divers avertissements du Messie Jésus, personne n’imaginait, à ce moment-là, les terribles événements qui allaient survenir.
Pour répondre à cette question, nous pensons que les familles et les proches envisageaient un repas de Pâque conforme aux habitudes le vendredi soir. Mais le Messie Jésus, sachant que son arrestation était proche, décida de transformer le repas du jeudi soir en un repas de Pâques avec ses disciples. Cette explication répond aux différentes questions soulevées par les auteurs des Évangiles, ainsi qu’à l’absence étonnante des familles lors de ce dernier repas.
Conclusion
Nous partons de l’axiome suivant : il n’y a aucune erreur dans les Évangiles. Ainsi, nous sommes contraints de chercher une explication, en cas de différences dans les faits relatés, qui nous permette d’harmoniser l’ensemble.
Le manque d’informations historiques pouvant nous aider nous oblige à émettre des hypothèses, néanmoins basées sur les réalités de l’époque. Nous avons donc proposé que l’abattage des animaux se déroule sur deux jours, expliquant ainsi ce dernier repas de Pâque noté par Marc et Luc.
Nous avons suivi la chronologie de Jean pour ensuite ajouter les informations des synoptiques. Ce dernier dîner ne constitue pas le Seder officiel, mais un repas de travail, la veille.
Le Messie Jésus, prévoyant sa mort prochaine, a délivré différents enseignements tels que la Sainte Cène, le lavage des pieds et les six points rapportés par Jean. C’est un repas d’adieux.
Le Messie Jésus, sachant que son heure était venue, a délibérément transformé ce dîner du jeudi soir en un repas de Pâque, ayant sûrement demandé à ses hôtes de lui préparer exceptionnellement un agneau et des herbes amères.