Annexe
Annexe 14
Le calendrier juif

Le calendrier juif

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Introduction

Dans notre Ăšre contemporaine, nous avons tendance Ă  accepter sans question les conventions relatives aux jours, mois et annĂ©es, grĂące Ă  l’adoption Ă©tendue du calendrier grĂ©gorien comme norme internationale, bien que certaines nations conservent leurs calendriers traditionnels.

À travers les siĂšcles, les diffĂ©rentes mĂ©thodologies employĂ©es pour mesurer et dĂ©finir le temps ont engendrĂ© d’intenses dĂ©bats et rĂ©flexions. L’objectif de cette Ă©tude n’est pas de rĂ©aliser une analyse exhaustive sur ce sujet complexe, mais plutĂŽt d’apporter un Ă©clairage sur les particularitĂ©s de la mĂ©thode juive. Cette comprĂ©hension enrichie nous permettra de mieux apprĂ©hender la chronologie des Ă©vĂ©nements tels qu’ils sont relatĂ©s dans les textes bibliques.

La complexitĂ© d’élaborer un calendrier

La question du temps, en particulier la mesure des annĂ©es, aurait Ă©tĂ© grandement simplifiĂ©e si la pĂ©riode orbitale de notre planĂšte autour du soleil avait Ă©tĂ© un multiple net de 12 (mois) et donc de 4 (saisons). Cependant, la rĂ©alitĂ© est bien plus complexe, la Terre complĂ©tant son orbite en environ 365,24219879 jours. Cette durĂ©e, correspondant Ă  une annĂ©e, rĂ©vĂšle immĂ©diatement les dĂ©fis inhĂ©rents Ă  l’établissement d’un calendrier prĂ©cis.

Cette quĂȘte pour un calendrier fiable a profondĂ©ment marquĂ© l’histoire humaine. Bien que de nombreuses tentatives aient Ă©tĂ© entreprises pour synchroniser ce calcul avec le temps civil, la plupart se sont soldĂ©es par des Ă©checs ou des solutions imparfaites, Ă  l’exception notable de la rĂ©forme entreprise par le pape GrĂ©goire XIII.

Le calendrier grĂ©gorien, qui est dĂ©sormais la rĂ©fĂ©rence mondiale, a Ă©tĂ© initialement adoptĂ© dans les pays catholiques le 15 octobre 1582. Il a fallu prĂšs de quatre siĂšcles, agrĂ©mentĂ©s de multiples pĂ©ripĂ©ties, pour que ce systĂšme soit adoptĂ© Ă  l’échelle mondiale. Cette adoption graduelle tĂ©moigne des complexitĂ©s sociopolitiques et des rĂ©sistances rencontrĂ©es lors de l’harmonisation du temps Ă  travers diffĂ©rentes cultures et nations.

Les grandes références

Au sein de notre annĂ©e, nous identifions quatre phĂ©nomĂšnes astronomiques particuliĂšrement significatifs : les solstices d’étĂ© et d’hiver, ainsi que les Ă©quinoxes de printemps et d’automne. Ces Ă©vĂ©nements marquent les transitions entre nos quatre saisons, Ă©tablissant un rythme rĂ©gulier et prĂ©visible.

Les Ă©quinoxes surviennent aux alentours du 21 mars (printemps) et du 22 septembre (automne). À ces dates, la durĂ©e du jour et de la nuit sont approximativement Ă©gales partout sur la Terre.

Les solstices, quant Ă  eux, correspondent aux jours oĂč le jour est le plus long, autour du 21 juin (Ă©tĂ©), et le plus court, autour du 21 dĂ©cembre (hiver).

En parallĂšle, nous considĂ©rons la journĂ©e, dĂ©finie par la pĂ©riode de rotation de la Terre sur elle-mĂȘme. La durĂ©e standard est de 86 400 secondes (24 heures), bien que ce chiffre soit en rĂ©alitĂ© une moyenne. En effet, la durĂ©e du jour solaire varie lĂ©gĂšrement tout au long de l’annĂ©e, Ă©tant la plus courte autour du 16 septembre (environ 23 heures, 59 minutes et 39 secondes) et la plus longue aux alentours du 22 dĂ©cembre (environ 24 heures et 30 secondes).

Nous notons Ă©galement le cycle lunaire, ou lunaison, qui dure environ 29 jours, 12 heures, 44 minutes et 2,8 secondes. Ce cycle correspond Ă  la pĂ©riode nĂ©cessaire pour que la Lune complĂšte une orbite autour de la Terre et revienne Ă  la mĂȘme phase. Curieusement, la Lune effectue Ă©galement une rotation sur elle-mĂȘme dans cette mĂȘme pĂ©riode, ce qui maintient la mĂȘme face tournĂ©e vers la Terre.

Ces diffĂ©rents cycles et phĂ©nomĂšnes astronomiques reprĂ©sentent des dĂ©fis dans la mesure du temps, particuliĂšrement lorsque l’on cherche Ă  aligner les jours et les mois avec les saisons d’une annĂ©e solaire, soulignant la complexitĂ© et l’ingĂ©niositĂ© des systĂšmes calendaires dĂ©veloppĂ©s au fil des siĂšcles.

Le décompte juif

Le calendrier juif est un systÚme complexe et sophistiqué qui combine des cycles lunaires et solaires. Il est constitué de mois lunaires alternant entre 29 et 30 jours. La semaine, composée de sept jours, culmine avec le Sabbat, observé le samedi.

Chaque mois juif dĂ©bute Ă  la nouvelle lune. Ce dĂ©compte entraĂźne un dĂ©ficit annuel d’environ 11 jours par rapport Ă  l’annĂ©e solaire. Pour compenser ce dĂ©sĂ©quilibre et prĂ©server l’alignement avec les saisons, le calendrier alterne entre des annĂ©es de 12 et de 13 mois, selon le cycle mĂ©tonique.

La journĂ©e juive commence au coucher du soleil, et la division de la nuit en 12 parties Ă©gales signifie que la longueur d’une heure varie au cours de l’annĂ©e, en fonction de la durĂ©e entre le crĂ©puscule et l’aube. Par consĂ©quent, une « heure » dans ce systĂšme peut ĂȘtre plus courte ou plus longue que 60 minutes standard. Par exemple, au mois d’avril, la neuviĂšme heure peut correspondre Ă  15 h dans notre systĂšme, si le jour dure approximativement 12 heures en commençant Ă  6 h.

À l’époque du Messie JĂ©sus, deux systĂšmes coexistaient : le calendrier juif et le calendrier julien, introduit par Jules CĂ©sar. Le calendrier julien est l’ancĂȘtre de notre calendrier grĂ©gorien, avec des journĂ©es commençant Ă  minuit. Dans ce systĂšme, la sixiĂšme heure Ă©quivaut Ă  6 heures du matin.

La fixation des mois Ă©tait une prĂ©rogative du SanhĂ©drin, l’autoritĂ© juive, qui se basait sur des observations Ă  JĂ©rusalem. La difficultĂ© Ă  repĂ©rer la nouvelle lune avec prĂ©cision signifie que les calculs astronomiques modernes peuvent diffĂ©rer des observations anciennes.

Concernant le dĂ©but de l’annĂ©e, il est marquĂ© par le mois de nisan, durant lequel tombe la fĂȘte de Pessah. Cette fĂȘte doit se dĂ©rouler au printemps, aprĂšs l’équinoxe de mars. Pour assurer cet alignement, le SanhĂ©drin pouvait ordonner l’ajout d’un treiziĂšme mois, nommĂ© Adar II, selon les besoins.

Cette ingĂ©nieuse combinaison de cycles lunaires et solaires permettait d’harmoniser le calendrier juif avec le rythme des saisons, assurant ainsi que les fĂȘtes et les rites religieux se dĂ©roulent Ă  des moments appropriĂ©s tout au long de l’annĂ©e.

Les diffĂ©rences d’annĂ©es

Les points de dĂ©part pour mesurer le temps varient grandement entre les cultures, chaque systĂšme ayant sa propre Ăšre de rĂ©fĂ©rence. Pour la tradition juive, l’annĂ©e de la crĂ©ation du monde, selon leur chronologie, marque l’origine de leur calendrier. Ainsi, une date telle que le 18 Kislev 5781 dans le calendrier juif correspond au 4 dĂ©cembre 2020 dans notre systĂšme grĂ©gorien. Actuellement, beaucoup de Juifs utilisent ces deux systĂšmes en parallĂšle.

Les Romains, de leur cĂŽtĂ©, avaient Ă©tabli la fondation de Rome comme rĂ©fĂ©rence temporelle. En France, et dans de nombreux autres pays occidentaux, le calendrier grĂ©gorien est basĂ© sur l’ùre chrĂ©tienne, dont le point de dĂ©part est l’annĂ©e prĂ©sumĂ©e de la naissance de JĂ©sus.

Dans l’ancien IsraĂ«l, durant la pĂ©riode des rois, le temps Ă©tait souvent calculĂ© Ă  partir de l’annĂ©e d’intronisation d’un souverain, qui Ă©tait gĂ©nĂ©ralement alignĂ©e avec le mois de nisan suivant.

Ce mode de datation signifie que l’interprĂ©tation des chronologies bibliques nĂ©cessite une attention particuliĂšre et une comprĂ©hension de ces contextes historiques et culturels variĂ©s. Pour une Ă©tude prĂ©cise, il est donc essentiel de tenir compte des divers systĂšmes de datation et de leur signification au sein des diffĂ©rentes traditions.

L’origine du calendrier juif

Le calendrier juif suit les recommandations de la loi de Moïse. Le jour commençant la nuit précédente vient de la création.

GenĂšse 1.5 (S21)

5 Dieu appela la lumiÚre jour, et les ténÚbres nuit. Il y eut un soir et il y eut un matin. Ce fut le premier jour.

(Traduction Louis Segond S21)

La semaine de 7 jours vient aussi de la crĂ©ation et de l’instauration du sabbat.

Genùse 2.1–3 (S21)

C’est ainsi que furent terminĂ©s le ciel et la terre et toute leur armĂ©e.

2 Le septiÚme jour, Dieu mit un terme à son travail de création. Il se reposa de toute son activité le septiÚme jour.

3 Dieu bĂ©nit le septiĂšme jour et en fit un jour saint, parce que ce jour-lĂ  il se reposa de toute son activitĂ©, de tout ce qu’il avait créé.

(Traduction Louis Segond S21)

Exode 20.8–10 (S21)

8 Souviens-toi de faire du jour du repos un jour saint.

9 Pendant 6 jours, tu travailleras et tu feras tout ce que tu dois faire.

10 Mais le septiĂšme jour est le jour du repos de l’Eternel, ton Dieu. Tu ne feras aucun travail, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton esclave, ni ta servante, ni ton bĂ©tail, ni l’étranger qui habite chez toi.

(Traduction Louis Segond S21)

Exode 16.29 (S21)

29 ConsidĂ©rez que c’est l’Eternel qui vous a donnĂ© le sabbat. VoilĂ  pourquoi, le sixiĂšme jour, il vous donne de la nourriture pour deux jours. Que chacun reste sous sa tente, que personne ne sorte de chez lui le septiĂšme jour.

(Traduction Louis Segond S21)

Le premier mois de l’annĂ©e dĂ©coule de la dĂ©livrance du pays d’Égypte.

Exode 11,10–12.1-2 (S21)

Eternel dit à Moïse et à Aaron en Égypte :

2 « Ce mois-ci sera pour vous le premier des mois, vous le considĂ©rerez comme le premier des mois de l’annĂ©e.

(Traduction Louis Segond S21)

Le mois de nissan dans le calendrier juif coĂŻncide avec la fĂȘte de Pessah (PĂąque) ainsi qu’avec le dĂ©but du printemps. Pour cette raison, il a Ă©tĂ© Ă©tabli que Pessah doit se dĂ©rouler aprĂšs l’équinoxe de mars, qui survient autour du 20 ou 21 mars.

Comme l’annĂ©e lunaire juive ne correspond pas exactement Ă  l’annĂ©e solaire, qui elle-mĂȘme n’est pas alignĂ©e prĂ©cisĂ©ment sur 12 cycles lunaires, le mois d’Adar II est ajoutĂ© environ tous les trois ans pour compenser le dĂ©ficit annuel de 11 jours. Ce procĂ©dĂ© permet d’assurer que les fĂȘtes juives restent en phase avec les saisons.

Il existe toujours un calendrier juif traditionnel, connu sous le nom de calendrier karaĂŻte, qui s’appuie non sur des calculs astronomiques mais sur l’observation directe des nouvelles lunes et de la maturitĂ© de l’orge en IsraĂ«l. Ce systĂšme entraĂźne un lĂ©ger dĂ©calage avec la rĂ©alitĂ© astronomique, mais il est considĂ©rĂ© comme Ă©tant plus fidĂšle aux pratiques du premier siĂšcle.

Dans ce calendrier, les dates ne sont pas prĂ©dĂ©terminĂ©es. À la fin de l’annĂ©e, au mois d’Adar, des observateurs karaĂŻtes examinent la maturitĂ© de l’orge pour dĂ©terminer le dĂ©but du printemps. Si nĂ©cessaire, ils peuvent dĂ©cider de retarder le dĂ©but de l’annĂ©e suivante en ajoutant un treiziĂšme mois, Adar II. Ce processus souligne l’importance de commencer l’annĂ©e au printemps, conformĂ©ment aux principes du premier siĂšcle.

Toutefois, avec les changements climatiques actuels, la prĂ©cision du calendrier karaĂŻte pourrait ĂȘtre affectĂ©e, bien que cela n’ait pas Ă©tĂ© un problĂšme au dĂ©but de notre Ăšre. Pour cette raison, dans nos calculs, nous nous rĂ©fĂ©rons aux dates astronomiques des nouvelles lunes et nous positionnons Pessah aprĂšs l’équinoxe de printemps, le 20 ou 21 mars, afin de rester fidĂšles aux pratiques de l’époque du Messie JĂ©sus, mĂȘme si cela implique une certaine divergence avec le calendrier astronomique.

Conclusion

Il est, en effet, difficile pour nous aujourd’hui de concevoir les dĂ©fis rencontrĂ©s par les anciens dans la mise en place d’un systĂšme de mesure du temps qui tienne compte Ă  la fois des jours et des nuits, des cycles lunaires, et des diffĂ©rentes saisons.

Le calendrier juif, qui prĂ©sente un intĂ©rĂȘt particulier dans l’étude des textes sacrĂ©s, se distingue nettement de notre calendrier grĂ©gorien. Une comprĂ©hension approfondie de ce systĂšme est cruciale pour interprĂ©ter correctement les Ă©vĂ©nements mentionnĂ©s dans les Évangiles.

Dans le calendrier juif, la journĂ©e commence au coucher du soleil, autour de 18 h, et non Ă  minuit. Les heures ne correspondent pas non plus Ă  60 minutes fixes, mais varient en fonction de la longueur du jour et de la nuit, se divisant chaque pĂ©riode en 12 parties Ă©gales. Pour maintenir l’alignement des mois lunaires avec l’annĂ©e solaire et les saisons, un mois supplĂ©mentaire, Adar II, est pĂ©riodiquement insĂ©rĂ©. En outre, il est impĂ©ratif que Pessah (PĂąque) se dĂ©roule au printemps, aprĂšs l’équinoxe de mars.

Ces particularitĂ©s, si elles ne sont pas bien comprises, peuvent effectivement mener Ă  des erreurs dans l’interprĂ©tation des chronologies bibliques. Il est donc essentiel pour les chercheurs, les Ă©tudiants et toute personne s’intĂ©ressant Ă  l’histoire biblique de se familiariser avec ces nuances pour Ă©viter toute mĂ©prise.