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Introduction
La Bible parle du royaume de Dieu ou du paradis comme un lieu dans la prĂ©sence de Dieu rĂ©servĂ© Ă ceux qui sont sauvĂ©s. Elle dĂ©finit aussi un lieu qui recevra ceux qui sont perdus. Il est dĂ©crit comme un lieu de tourments, il est appelĂ© lâenfer ou la gĂ©henne ou mĂȘme HadĂšs. Il nây a, dans la Bible que ces deux rĂ©fĂ©rences ou ces deux lieux correspondant Ă deux Ă©tats, sauvĂ© et perdu.
Certains intellectuels au 12Ăšme siĂšcle ont imaginĂ© un troisiĂšme lieu, le purgatoire, afin dâĂ©chapper Ă ce jugement considĂ©rĂ© comme trop sĂ©vĂšre et trop brutal. Ce concept a pris corps dans lâEglise catholique et sera adoptĂ© ou entĂ©rinĂ© lors du concile de Lyon en 1274.
Nous nous proposons dans cette Ă©tude dâanalyser ce point de doctrine de la religion catholique et tenter de comprendre comment une idĂ©e qui nâest pas inscrite dans la Bible arrive Ă devenir un dogme dans lâEglise catholique. LâEglise protestante rejette catĂ©goriquement ce prĂ©cepte.
I – Etymologie du mot, purgatoire
Le mot purgatoire vient du latin « purgatorium », qui est le substantif neutre dĂ©rivĂ© de « purgatorius », signifiant « purificateur » ou « qui purifie ». Ce terme lui-mĂȘme provient du verbe « purgare », qui signifie « nettoyer » ou « purger ». A l’origine, on parlait du feu purgatoire avant que le mot ne dĂ©signe un lieu spĂ©cifique. Ce terme dĂ©rive donc du principe biblique de la purification du pĂ©chĂ© comme le prĂ©cise 1 Jean 1.9 :
II – Le principe du purgatoire
Le purgatoire est considĂ©rĂ© par lâEglise catholique, comme un Ă©tat aprĂšs la mort dans lequel se trouvent des Ăąmes qui nĂ©cessitent une purification supplĂ©mentaire avant d’entrer dans le royaume de Dieu. MĂȘme si lâidĂ©e est intĂ©ressante elle est cependant Ă priori contredite par HĂ©breux 9.27 :
Donc si nous suivons cette idĂ©e des Ăąmes pas complĂštement pardonnĂ©es, elles devraient subir une purification personnelle complĂ©mentaire. Comment se fait cette purification selon le principe proposĂ© par lâEglise catholique ?
1 – Par le feu spirituel : Certains textes bibliques, comme 1 Corinthiens 3,13-15, Ă©voquent un feu qui Ă©prouve et purifie les Ćuvres des croyants.
Dans ces versets, on ne trouve pas le principe de la purification. Ils mettent en Ă©vidence les Ćuvres de chacun et Ă©valuent leurs qualitĂ©s. Bien que les Ćuvres ne sauvent pas, elles nous suivent tout de mĂȘme. Il est donc important de juger le travail de chacun, ce jugement ayant lieu au jour du jugement dernier devant le tribunal de Christ. La mĂ©taphore du feu illustre la qualitĂ© des Ćuvres comme indiquĂ© dans 1 Corinthiens 3.12.
2 – Par la priĂšre des vivants : L’Eglise catholique encourage la priĂšre pour les Ăąmes du purgatoire, notamment Ă travers des messes et des intentions spĂ©cifiques. Ce principe de prier pour les morts et pour leur salut nâa pas de base scripturaire. Il nâest pas reconnu par lâEglise protestante.
Vous pouvez consulter lâannexe ANN110 : La mort, ce que dit la Bible. Les exĂ©gĂštes catholiques avancent le fait suivant : selon 2 TimothĂ©e 1.16-18 lâapĂŽtre Paul prie pour OnĂ©siphore qui serait en suivant leur interprĂ©tation, mort.
Onésiphore
Câest lâapĂŽtre Paul qui parle de OnĂ©siphore et qui le cite dans un seul cas :
2 TimothĂ©e 1.16â18 (S21)
16 Que le Seigneur accorde sa compassion Ă la famille dâOnĂ©siphore, car il mâa souvent rĂ©confortĂ© et nâa pas eu honte de ma situation de prisonnier.
17 Au contraire, lorsquâil est venu Ă Rome, il mâa cherchĂ© avec beaucoup dâempressement et mâa trouvĂ©.
18 Que le Seigneur lui donne dâobtenir grĂące auprĂšs du Seigneur ce jour-lĂ . Tu sais mieux que personne combien de services il a rendus Ă EphĂšse.
2 TimothĂ©e 1.16â18 (NEG)
16 Que le Seigneur rĂ©pande sa misĂ©ricorde sur la maison dâOnĂ©siphore, car il mâa souvent consolĂ©, et il nâa pas eu honte de mes chaĂźnes ;
1 7au contraire, lorsquâil est venu Ă Rome, il mâa cherchĂ© avec beaucoup dâempressement, et il mâa trouvĂ©.
18 Que le Seigneur lui donne dâobtenir misĂ©ricorde auprĂšs du Seigneur en ce jour-lĂ . Tu sais mieux que personne combien de services il mâa rendus Ă EphĂšse.
2 TimothĂ©e 1.16â18 (Darby)
16 Le Seigneur fasse misĂ©ricorde Ă la maison dâOnĂ©siphore, car il mâa souvent consolĂ© et nâa point eu honte de ma chaĂźne,
17 mais, quand il a Ă©tĂ© Ă Rome, il mâa cherchĂ© trĂšs-soigneusement et il mâa trouvĂ©.
18 Le Seigneur lui fasse trouver misĂ©ricorde de la part du Seigneur dans ce jour-lĂ Â ; et tu sais mieux [que personne] combien de services il a rendus dans ĂphĂšse.
2 TimothĂ©e 1.16â18 (PVV)
16 Par contre, OnĂ©siphore mâa souvent rĂ©confortĂ©. Que le Seigneur fasse sentir sa bontĂ© Ă toute sa famille. Lui, du moins, nâa pas eu honte de me rendre visite en prison.
17 DĂšs son arrivĂ©e Ă Rome, il sâest mis activement Ă ma recherche, il nâa reculĂ© devant aucune fatigue, aussi a-t-il fini par me dĂ©couvrir.
18 Que le Seigneur JĂ©sus lui donne dâavoir part Ă la bontĂ© de Dieu au Jour (du jugement). Tu sais mieux que personne combien de services il mâa rendus Ă EphĂšse.
Le verset de 2 TimothĂ©e 1.16 stipule uniquement le souhait et la priĂšre de lâapĂŽtre Paul afin que Dieu bĂ©nisse la famille dâOnĂ©siphore. En effet au regard du voyage quâil a effectuĂ© Ă Rome nous pouvons supposer que Paul sous-entendait son absence pendant cette pĂ©riode.
Le verset de 2 TimothĂ©e 1.18, en particulier la premiĂšre partie : « Que le Seigneur lui donne dâobtenir grĂące auprĂšs du Seigneur ce jour-là  », peut ĂȘtre difficile Ă interprĂ©ter dans le cadre de lâoption dâun purgatoire. Il peut plus simplement signifier que, lors du jugement dernier, lâapĂŽtre Paul souhaite que le Seigneur considĂšre les actions dâOnĂ©siphore comme bĂ©nĂ©fiques et encourageantes pour lui-mĂȘme. De plus, il est possible que Paul espĂ©rĂąt qu’OnĂ©siphore ne perde jamais sa foi et son salut, contrairement Ă certaines personnes de son entourage, Ă cette Ă©poque.
3 – Par la misĂ©ricorde divine : Le purgatoire est un processus permettant aux Ăąmes d’atteindre la saintetĂ© nĂ©cessaire pour entrer au paradis.
La misĂ©ricorde divine se traduit par la proposition du salut universel offerte Ă l’humanitĂ© grĂące Ă la mort expiatoire de JĂ©sus-Christ. La saintetĂ©, entendue comme une puretĂ© absolue ou une perfection morale, peut sembler inaccessible. Toutefois, la notion de saintetĂ© en tant que sĂ©paration du monde devient tangible par le biais de la conversion Ă Dieu.
III – La genĂšse du purgatoire
Il est pertinent d’examiner lâorigine et l’Ă©volution historique de ce dogme, qui, rappelons-le, demeure entiĂšrement distinct des doctrines bibliques. Nous considĂ©rons que les livres apocryphes nâappartiennent pas au canon de la Bible.
La priĂšre pour les dĂ©funts est mentionnĂ©e dans le DeuxiĂšme Livre des MaccabĂ©es, en 2 MaccabĂ©es 12.46. Ce passage dĂ©crit Judas MaccabĂ©e ordonnant un sacrifice expiatoire pour les soldats tombĂ©s au combat afin qu’ils soient dĂ©livrĂ©s de leurs pĂ©chĂ©s. Ce verset est citĂ© comme rĂ©fĂ©rence « biblique » de la doctrine du purgatoire et de la priĂšre pour les morts dans le catholicisme. Il est important de noter que les quatre livres des MaccabĂ©es ne sont pas inclus dans le canon biblique.
(Les quatre livres des Maccabées
Il existe quatre livres des Maccabées, mais leur reconnaissance varie selon les traditions religieuses :
Le judaïsme ne les inclut pas dans la Bible hébraïque.
Le catholicisme reconnaßt uniquement les deux premiers comme livres deutérocanoniques.
Les Ăglises orthodoxes acceptent les quatre livres parmi les livres deutĂ©rocanoniques.
Le protestantisme les considĂšre comme apocryphes et les classe parmi les livres intertestamentaires.
Les deux premiers livres racontent la révolte des Maccabées contre les Séleucides, tandis que les troisiÚme et quatriÚme livre abordent des thÚmes philosophiques et historiques.)
La notion de purgatoire a commencĂ© Ă se prĂ©ciser au XIe siĂšcle, mais c’est surtout au XIIe siĂšcle qu’elle a pris une forme plus dĂ©finie. L’historien Jacques Le Goff parle mĂȘme de la « naissance du purgatoire » Ă cette Ă©poque.
Ensuite, la doctrine a Ă©tĂ© officiellement affirmĂ©e par l’Eglise catholique lors du premier concile de Lyon en 1245, puis du second concile de Lyon en 1274, et enfin du concile de Florence en 1439. Le mot « purgatoire » lui-mĂȘme a Ă©tĂ© utilisĂ© pour la premiĂšre fois dans un dĂ©cret du concile de Trente en 1547.
Câest lors du Concile de Trente (1545-1563) que le purgatoire est confirmĂ© comme un dogme, et l’Eglise catholique insiste sur l’importance des priĂšres et des indulgences pour les Ăąmes en purification.
Comment expliquer cette proposition du purgatoire au Moyen Age ?
Affirmation doctrinale : L’Ăglise cherchait Ă structurer davantage ses enseignements sur l’au-delĂ et Ă rĂ©pondre aux interrogations des fidĂšles sur le sort des Ăąmes aprĂšs la mort.
Encouragement des priĂšres et des indulgences : La doctrine du purgatoire permettait de justifier les priĂšres pour les dĂ©funts et les indulgences, qui Ă©taient un moyen pour les vivants d’aider les Ăąmes Ă atteindre le paradis.
ContrĂŽle social et religieux : Certains historiens, comme Jean Delumeau, ont suggĂ©rĂ© que l’Eglise catholique utilisait le purgatoire dans une « pastorale de la peur » pour renforcer son influence sur les fidĂšles.
RĂ©ponse aux croyances populaires : De nombreuses traditions locales Ă©voquaient dĂ©jĂ des lieux ou Ă©tats intermĂ©diaires aprĂšs la mort. L’Ăglise a intĂ©grĂ© ces croyances dans une doctrine officielle.
Aujourdâhui, la prĂ©dication sur le purgatoire est moins courante, et l’Eglise catholique privilĂ©gie davantage la misĂ©ricorde divine plutĂŽt que les souffrances purificatrices. Bien que le purgatoire soit toujours un dogme catholique, il est moins frĂ©quemment abordĂ© dans la thĂ©ologie contemporaine.
IV – Ce que la Bible prĂ©cise
Les textes du canon biblique ne mentionnent pas dâĂ©tat intermĂ©diaire entre le salut et la perdition. Ils adoptent une approche binaire, ne proposant que deux possibilitĂ©s : « sauvĂ© » ou « perdu ».
La Bible stipule de maniĂšre explicite que l’homme dĂ©termine lui-mĂȘme son futur statut par ses choix terrestres. Durant toute la durĂ©e de sa vie, jusqu’au dernier moment avant la mort, il demeure libre d’accepter le salut offert par la mort expiatoire du Messie JĂ©sus (Luc 23.39-43).
Nous ne revisiterons pas ici les différentes études que nous présentons sur les doctrines bibliques. Ces annexes contiennent des affirmations détaillées basées exclusivement sur les textes de la Bible.
Ce dogme apparait donc comme une adaptation du texte biblique dans le but de faciliter lâaccĂšs au royaume de Dieu. Mais cette proposition reste une parole dâhomme un peu comme celle de cet artiste (Michel Polnareff) qui chantait que tout le monde ira au Paradis. Lâimagination humaine nâa aucun pouvoir sur lâavenir de lâhomme.
Conclusion
La rĂ©flexion sur la notion de limite suggĂšre que certains individus, par leurs choix ou leur parcours, peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme dĂ©finitivement perdus. Pourtant, il demeure possible dâimaginer que dâautres personnes seraient « tout juste » perdues, câest-Ă -dire quâil leur aurait suffi dâune action infime pour obtenir le salut. Ce questionnement conduit Ă envisager lâexistence dâun Ă©tat de rattrapage, une sorte de seconde chance accessible aprĂšs la mort pour ceux qui Ă©taient proches du salut.
Cependant, cette idĂ©e ne correspond pas Ă la rĂ©alitĂ© telle quâelle est prĂ©sentĂ©e dans la Bible. Les principes du salut y sont clairement Ă©tablis : il sâagit dâun don offert par Dieu, et chaque individu conserve la libertĂ© de lâaccepter ou de le refuser durant son existence terrestre. Ainsi, ceux qui font le choix dâaccepter ce don sont sauvĂ©s, tandis que ceux qui le rejettent sont considĂ©rĂ©s comme perdus. Selon cette perspective biblique, il nâexiste donc aucune possibilitĂ© intermĂ©diaire entre lâacceptation et le refus du salut ; la notion de seconde chance aprĂšs la mort nâest pas retenue.
2 Corinthiens 5.20 : « Nous faisons donc les fonctions dâambassadeurs pour Christ, comme si Dieu exhortait par nous ; nous vous en supplions au nom de Christ : Soyez rĂ©conciliĂ©s avec Dieu ! ».
