Jésus est-il un mamzer ?
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Introduction
La conception exceptionnelle de Jésus, telle que décrite dans les Évangiles de Matthieu et Luc, déclenche inévitablement des interprétations variées, surtout au vu de notre approche cartésienne. Selon ces évangélistes, qui se basent probablement sur le témoignage de Marie, la mère de Jésus, sa naissance serait le résultat d’un événement miraculeux. Cette notion de miracle, difficile à intégrer dans notre raisonnement logique, a conduit certains, dès le premier siècle, à chercher des explications plus conventionnelles.
Une théorie populaire suggère que si Joseph n’est pas le père biologique de Jésus (comme l’indique la généalogie de Matthieu), alors un autre homme doit en être responsable. Cette hypothèse implique que Marie aurait commis un adultère, faisant de l’enfant un « mamzer ».
Selon la loi religieuse juive, un mamzer est une personne née d’une union prohibée, telle que l’adultère d’une femme mariée ou l’inceste. Un mamzer et ses descendants jusqu’à la dixième génération sont exclus de la congrégation religieuse juive.
Ce débat, loin d’être anodin, continue de susciter des discussions, comme en témoignent diverses spéculations sur Internet concernant l’identité du prétendu père de Jésus.
Notre objectif dans cette annexe est de faire le point sur les données historiques et les légendes existantes, tout en démontrant que les textes bibliques restent fidèles à une vérité profonde, malgré les diverses interprétations.
L’analyse des faits
La conception de l’enfant Jésus est pour le moins inhabituelle !
Matthieu note bien le changement de situation car il est obligé d’ajouter Marie pour effectuer le lien avec Jésus.
Jésus n’est pas le fils légitime de Joseph !
L’Évangile de Matthieu offre une description de la conception de Jésus qui, bien que quelque peu vague, semble exclure la participation de Joseph, suggérant plutôt une intervention miraculeuse du Saint-Esprit.
En effet cette déclaration, manquant de détail, pourrait être interprétée comme naturelle, le Saint Esprit agissant au travers du couple, ce qui en réalité n’est pas le cas.
Curieusement, l’Évangile de Marc ne mentionne pas cette grossesse. Les contemporains de Marie n’auraient donc disposé que d’informations limitées et imprécises sur les circonstances de la naissance de Jésus. Ce n’est que bien des années plus tard, grâce à Luc, que nous avons accès à une narration plus détaillée.
Luc, en tant que médecin et historien minutieux, a vraisemblablement recueilli ses informations auprès de Marie elle-même. Dans son récit, il révèle clairement que Joseph n’est pas le père biologique de Jésus, que Marie n’a pas commis d’adultère et que sa grossesse est le résultat direct d’un miracle divin.
L’annonce de la conception virginale de Jésus par l’intermédiaire du Saint-Esprit est unique à l’Évangile de Luc et offre une perspective nouvelle et plus approfondie sur cet événement.
La nature exceptionnelle de Jésus, confirmée par sa mort, sa résurrection et les miracles qu’il a accomplis, corrobore l’aspect miraculeux de sa naissance telle que décrite par Luc.
La révélation tardive de ces détails par Luc, dans un contexte où la nature divine de Jésus était de plus en plus reconnue et acceptée, a sans doute facilité l’acceptation de cette conception virginale comme un élément fondamental de la foi chrétienne.
Durant une longue période, la croyance populaire a tenu Jésus pour le fils biologique de Joseph. Conformément au droit juif de l’époque, la reconnaissance de Jésus par Joseph en tant que son fils légitimait sa position au sein de la société et au regard de la loi.
Il semble, d’après les textes, que cette conception de Jésus comme fils de Joseph ait prévalu jusqu’à la mort de Jésus. Ce n’est probablement qu’après sa crucifixion et sa résurrection que l’histoire de sa conception miraculeuse a commencé à se répandre.
Les informations détaillant la conception miraculeuse de Jésus, telles que rapportées dans les Évangiles de Matthieu et Luc, proviennent vraisemblablement de Marie, sa mère. Elle est probablement la source principale de Matthieu pour sa narration succincte de la conception de Jésus, et de Luc pour son récit plus détaillé.
En conséquence, bien que Jésus ait été légalement reconnu comme le fils de Joseph, la divulgation tardive de sa naissance miraculeuse a considérablement modifié la perception que les premiers chrétiens avaient de son identité et de sa nature.
La naissance miraculeuse
Nous avons vu que Matthieu n’est pas très prolixe sur la conception de l’Enfant Jésus et il faudra attendre plus de 10 années pour lire le texte de Luc nous expliquant ce qui s’est réellement produit.
Le principe est clair aucun homme n’est intervenu pour la conception de cet enfant. Joseph n’a, à aucun moment imaginé cette situation.
L’Évangile selon Matthieu, grâce aux informations complémentaires de Luc, offre maintenant une perspective claire concernant la conception de Jésus, perspective qui semble directement issue du témoignage de Marie.
Matthieu souligne que Joseph et Marie n’ont pas eu de relations sexuelles avant la naissance de Jésus. Cette précision cruciale révèle l’origine miraculeuse de la conception de Jésus.
La révélation faite par l’ange à Joseph, telle que rapportée par Matthieu, joue un rôle déterminant. Celle-ci persuade Joseph d’accepter Marie et l’enfant qu’elle porte, les protégeant ainsi de la diffamation et, dans le cas de Marie, de la lapidation, conformément aux lois et aux coutumes de l’époque. Cette intervention divine permet donc à Marie d’éviter des conséquences potentiellement fatales.
Les faits relatés dans l’Évangile Luc et de Matthieu constituent donc le cœur de l’histoire de la naissance de Jésus. Toutes autres interprétations ou spéculations, que nous aborderons par la suite, ne sont que des tentatives de remise en question de la nature miraculeuse de la conception de Jésus et, par extension, de son œuvre rédemptrice.
Les conséquences de cette thèse
L’examen des répercussions d’une hypothèse suggérant que Jésus serait né d’une relation adultérine est crucial. Selon la loi mosaïque, un enfant issu d’une telle union perdait tous ses droits légitimes. Si cette hypothèse était avérée, la reconnaissance de Jésus comme le Messie, le Roi des Juifs, et le Sauveur du monde serait gravement compromis. Un tel scénario rendrait caduc l’ensemble du plan divin tel qu’il est présenté dans le christianisme, ébranlant ainsi ses fondements.
Par conséquent, il est impératif de qualifier cette hypothèse de calomnie ou de diffamation plutôt que de simple théorie. L’objectif n’est pas de propager de telles allégations calomnieuses, mais, face à leur circulation dans les médias et leur impact potentiel, il est essentiel de mettre en lumière leur caractère légendaire et éloigné de la réalité historique. Notre démarche vise à rétablir la vérité historique, en contraste avec ces récits spéculatifs.
Le Toledot Yeshou
Le terme « Toledot » se traduit par « lignage » ou « histoire des engendrements ». Ce terme sert de titre à un ouvrage médiéval qui offre une interprétation parodique de la vie de Jésus, le présentant comme un séducteur hérétique né dans l’illégalité, ayant acquis des pouvoirs par des moyens frauduleux, et mort dans la disgrâce.
L’origine de ce livre remonte approximativement au 2ème siècle. Origène, un érudit chrétien, mentionne que Celse, un philosophe romain, en fait référence dans son œuvre « le discours véritable ».
Le récit du Toledot évolue au fil du temps pour présenter une histoire particulièrement diffamatoire : Joseph Pandéra, mari de Marie, est décrit comme un Juif pieux quittant sa maison une nuit.
Pendant son absence, un voisin, désireux de Marie, s’introduit chez elle et l’agresse sexuellement, bien que le texte suggère une certaine complicité de sa part. De cette union naîtra Yehoshuah. Joseph, découvrant l’adultère, s’exile en Babylonie, abandonnant sa femme et l’enfant à naître.
Ces rumeurs, qui ont évolué pour former le livre du Toledot, cherchent à dénaturer et discréditer la vie du Messie Jésus. Elles relèvent davantage de l’imaginaire et s’éloignent considérablement de toute réalité historique objective. Il est surprenant de constater que de telles fictions perdurent encore aujourd’hui.
Le tolédot Yeshou ou l’Évangile de Luc ?
La recherche sur Jésus de Nazareth demeure à la fois nécessaire et fascinante. Parmi les sources disponibles, les Évangiles représentent la composante historique principale et même souvent la seule.
Face à des allégations souvent non fondées et sans preuves, qui prétendent remettre en question les récits de Luc et Matthieu, notamment en ce qui concerne l’identité du père de Jésus, notre position est de privilégier la crédibilité des auteurs des Évangiles.
En effet, de nombreuses théories, dont certaines, comme nous venons de le voir, portent sur un homme nommé Pandera, un soldat romain supposé être le « père » biologique de Jésus et l’époux de Marie, cherchent à contester les affirmations de Matthieu, Marc, Luc ou Jean.
Ainsi, nous examinons attentivement toutes ces assertions contradictoires, nous analysons leurs argumentations, afin de déterminer leur degré de crédibilité.
Dans ce cas précis, il est relativement facile de comprendre le caractère fantaisiste de cette thèse que nous rejetons donc. Cependant, la persistance de cette allégation, popularisée par des ouvrages à succès et des productions cinématographiques, illustre bien le désir de certains à discréditer les récits évangéliques et en particulier le personnage de Jésus.
Une partie du public, fascinée par ces œuvres artistiques et la qualité de ses acteurs, leur accorde un certain crédit et mélange ainsi la réalité et la fiction.
La réalité sur le terrain
Les Évangiles rapportent fréquemment des critiques émises par les Pharisiens à l’encontre de Jésus. Cependant, il est remarquable de constater qu’ils n’ont jamais soulevé la question d’une potentielle naissance illégitime de Jésus comme argument de discrédit. Cette absence de mention laisse supposer que la naissance miraculeuse de Jésus, telle que décrite dans les Évangiles, n’était pas un sujet de controverse à l’époque. Il est probable que cette information n’ait été pleinement révélée qu’après la mort et la résurrection de Jésus.
Les Pharisiens, connus pour leur surveillance étroite de Jésus et leur quête constante d’éléments à lui reprocher, n’ont jamais invoqué des arguments relatifs à sa naissance. Cette lacune dans le discours public de l’époque suggère que les Pharisiens étaient probablement dans l’ignorance concernant les circonstances particulières de sa conception. S’ils avaient eu connaissance de détails controversés, il semble incontestable qu’ils les auraient utilisés pour attaquer Jésus, ce qui n’a pas été le cas.
Cet aspect des débats publics de l’époque renforce l’idée que les informations détaillées sur la naissance du Messie Jésus n’ont été divulguées par Marie qu’après sa mort et sa résurrection, ce qui explique pourquoi elles n’ont pas été exploitées par ses détracteurs de son vivant.
Conclusion
Nous pouvons aisément imaginer les débats houleux que les Pharisiens auraient engagés s’ils avaient été au courant des détails de la naissance miraculeuse de Jésus, tels que rapportés par Luc. Face à de tels faits, ils auraient sans doute rejeté cette version des événements et cherché d’autres explications, mais ils considéraient, comme le souligne Luc, que Jésus était le fils de Joseph.
Des années plus tard, à la suite des révélations de Matthieu, et surtout de Luc, le monde apprend que Joseph n’est pas le père biologique de Jésus. C’est alors que commencent à émerger diverses théories et spéculations. Une naissance adultérine, dans le contexte juif de l’époque, aurait été totalement incompatible avec le ministère de Jésus. Beaucoup le considéraient comme un docteur, un prophète, voire le Messie. Or, tous ces titres, conformément à la loi de Moïse, ne pouvaient être attribués qu’à une personne de lignée incontestée, comme l’indique la généalogie présentée par Matthieu.
Ainsi, l’idée d’une naissance adultérine, avancée dans le but de réduire Jésus à un homme ordinaire, se heurte à sa notoriété et son statut respecté dans la société juive du 1er siècle. À l’époque, Jésus était considéré comme le fils de Joseph, mais la réalité, révélée ultérieurement, montre qu’il est le résultat d’une conception miraculeuse.
Les textes apparus au 2ème siècle ne visaient pas à apporter un éclairage historique sur ces faits, mais plutôt à discréditer Jésus et à limiter son influence croissante dans le monde. Ces documents, plutôt que d’apporter de la lumière sur l’histoire, semblent avoir été conçus pour remettre en question l’autorité et la légitimité du Messie Jésus.